A l’horizon, le soleil déclinait, jetant sur les champs un filtre orangé, comme s’ils s’étaient embrasés brusquement. J’observe ce spectacle en silence. Il y a dix ans de ça, je n’aurais jamais eu le temps de me poser pour simplement observer la beauté du paysage. Quelque chose me plaisait dans les couleurs que prenaient les plantations au rythme de la course du soleil dans le ciel.
« Wouf ! » L’aboiement de Cuchulain me ramène au présent. Je baisse la tête pour lui caresser la tête alors qu’il me regarde avec un bout de bois dans la gueule, la queue frétillante et le regard suppliant.

« Désolé, on ne va pas pouvoir jouer maintenant. On va devoir y aller. »

Je vérifie l’attache de Gae Leug dans mon dos avant de me mettre en route. Mon chien me regarde un instant avant de lâcher son bâton pour s’empresser de me suivre. Aujourd’hui est un genre de jour spécial. Je me suis vu assigné ma première mission en tant que Faucheur. Pour moi, ce n’est pas réellement spécial. La seule différence de mes anciennes missions est que je vais tuer des monstres au lieu de tuer des humains. Et encore. On pourrait se demander si je n’ai pas toujours tué des monstres étant donné que mes cibles étaient toutes des clients du commerce tordu que pratiquait Seena. Mais Demeter avait tout de même estimé bon de me mettre en équipe avec un autre héros pour m’épauler pour cette première mission. Elle m’avait expliqué que s’attaquer à des monstres était très différent d’abattre des humains. Et que, prenant mon passé en compte, elle préférait que quelqu’un soit là pour m’aider.

Je suppose que ce n’est pas une mauvaise chose. Je ne me suis encore jamais battu à la lance encore. Je me suis évidemment entrainé, mais ce n’est pas pareil que le terrain. En chemin, j’ouvre à nouveau l’ordre de mission pour le relire. Nos cibles étaient des Chedipes. Des genre de morts-vivant, vampire. Exclusivement de sexe féminin. Elles se baladent, leur corps décomposé entièrement découvert, à dos de tigres, et cherchent à rentrer de nuit chez des hommes pour boire leur sang, revenant ainsi tous les soirs jusqu’à leur mort.

« Des humains à dos de tigre en sommes. Je ne vois pas ce qu’il y a de bien différent de d’habitude. »

Je songe en rangeant l’ordre de mission dans ma poche, gardant juste le sachet de graines qui y était attaché. Je lève la tête pour constater que la nuit allait bientôt s’être totalement installée. J’ai tout intérêt à trouver rapidement mon partenaire de mission, ou mon mentor, ou que sais-je encore, avant que les Chedipes ne sortent de leur sommeil.

EPSILON

Je perçois un sifflement et dresse aussitôt la tête, sur mes gardes. Cuchulain frotta sa tête contre ma main pour me calmer. Un inconnu arriva avec un oiseau sur l’épaule. Mes connaissances en oiseau ne sont malheureusement pas assez développées pour pouvoir l’identifier, mais je n’en ai pas besoin. Le nouvel arrivant se présente rapidement, ainsi que son oiseau, et l’espèce de celui-ci, avant de demander notre identité, à Cuchulain et moi. Je baisse les yeux sur mon chien qui s’assoit en me regardant, comme s’il attend ma réponse.

« Je suis Kevin. Et lui c’est Cuchulain.

Je réponds en passant à nouveau ma main sur la tête du montagne des Pyrénées avant de lever de nouveau les yeux sur le dénommé Azir ;

- On devrait se dépêcher. Nos cibles vont bientôt sortir. Si on ne les intercepte pas assez vite, elles auront le temps de s’attaquer à quelqu’un. Peut-être de tuer. J’espère que tu es prêt.

Je me rappelle, un peu tard, qu’il est censé être mon mentor pour cette nuit, et qu’il ne s’agit pas des missions d’assassinat auxquelles je suis habitué.

- Sauf si tu as des conseils ou des instructions à donner avant. Dans ce cas, je t’écoute. Tu veux peut-être connaître mon pouvoir pour établir la stratégie ? Tu veux voir mon arme ? Ou tu préfères que j’utilise une autre arme ?

Je n’aime pas cette situation. Elle me met mal à l’aise. J’ai l’habitude de travailler seul. Je ne sais pas comment je suis censé me comporter. Le seul « exemple » que j’ai, c’est mon passé à travailler avec Seena. Et, si je sais aujourd’hui que ce n’est pas une base saine, ce n’est pas comme si j’avais autre chose sur lequel travailler. Reproduire ce que je faisais avec elle pour les mission, c’est tout ce que je peux faire.

EPSILON