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Faucheur
Shajara Abu Tariin
The vultures they are circling overhead. They're reminding me of choices from my past. | Shajara - Faucheur Pyrene10

Shajara Abu Tariin


Regretter le passé à en oublier le présent, c’est laisser filer sa vie, tout simplement.



Genre : Homme
Âge : 28 ans
Origine: Egypte
Sexualité: Bisexuel
The vultures they are circling overhead. They're reminding me of choices from my past. | Shajara - Faucheur Jaeger10
Nom du Pouvoir : Si seulement
Camp : Faucheurs
Dieu Référant : Dionysos



Physique


Taille : 1m88
Corpulence : Facultatif
Cheveux : Mi-long, ondulés et rouges
Yeux : Marrons
Signes distinctifs : Ses yeux deviennent bleus quand il utilise son pouvoir
Style vestimentaire : Toujours habillé avec classe, luxe, et excentricité. Il aime aussi se couvrir de bijou en or et pierres précieuses.


En bref


Qualités : Bienveillant / Zen / Abordable / Distingué / Humble / Diplomate / Responsable
Défauts : Pervers / Lunatique / Inattentif / Passif / Sans-Gêne / Superficiel / Nonchalant

Description du pouvoir : Shajara est capable de puiser de l’énergie négative dans les émotions tel que le regret, la honte et la culpabilité. Il peut puiser cette énergie chez lui, ou chez autrui- pourvu qu’il s’agisse d’un être humain- mais la personne « source » revis alors les émotions dont il puise cette énergie. Pour cette raison, il n’aime pas utiliser une autre source que ses propres souvenirs.
Cette énergie négative est visible sous forme d’aura noire. Une fois générée, il est capable de l’infuser dans les éléments qui l’entourent- le feu, l’eau, la terre etc…- pour les manipuler tel un marionnettiste. Plus la quantité d’énergie infusée est importante, plus la « quantité »/densité d’élément qu’il peut maitriser est importante. Il lui est nécessaire de se mouvoir pour que l’élément possédé suive le mouvement, à l’imagine d’un pantin lié par des fils. Plus il utilise la totalité de son corps, meilleure est sa maitrise. Il est à noter qu’il est juste capable de bouger les éléments manipulés. Il ne peut ainsi pas changer leur nature (ex ; transformer de l’eau en glace) les créer, les intensifier (ex ; augmenter la température du feu). Aussi, son contrôle est inférieur à celui d’un héros capable de maitriser directement l’élément.
Pendant toute l’utilisation de son pouvoir, ses yeux brillent et deviennent bleus.
Arme OU accessoire : Un bâton. S’il a l’air d’un bâton normal, il provient des forges d’Héphaïstos –forgé par Héphaïstos en personne a juré le vendeur, un ancien Hermès- Il permet à Shajara d’améliorer son contrôle des éléments en additionnant des mouvements du bâton à ceux de son corps.


Mental


Shajara est une personne marquée par ses erreurs, qu’il est condamné à revivre sans cesse. Celui qu’il était autrefois, et celui qu’il est aujourd’hui n’ont que peu de chose en commun, parce que son pouvoir l’a forcé à s’adapter s’il ne voulait pas s’auto détruire. Il a dut apprendre à gérer les émotions douloureuse avec lesquelles il doit vivre, il a dut apprendre à leur faire une place dans sa vie. Aujourd’hui, Shajara pratique beaucoup d’activité « zen » tel que le yoga pour faire le point sur ses émotions. Il utilise également sa fibre artistique pour évacuer ses sentiments les plus durs sur des toiles ou à travers la musique. Ce rythme de vie l’amène à être une personne très zen, qui ne laisse pas ses émotions dicter sa conduite. Il sait garder la tête froide et l’esprit clair dans les pires épreuves et utilise cette clarté d’esprit pour raisonner et faire preuve de diplomatie quand la plupart sont trop ébranlés pour agir raisonnablement. Malgré tout, son pouvoir reste lourd à supporter. Personne n’est censé trainer toutes ses hontes et ses regrets toutes sa vie, et à force de revivre ses pires souvenirs avec la même intensité que le jour où il les a vécu pour la première fois, une certaine fragilité émotionnelle demeure que la plus intense des méditations ne peut chasser. Une marque à vie qui le rend lunatique, prompt à s’assombrir lorsque ses souvenirs deviennent trop lourds à porter. L’alcool est alors le meilleur de ses amis, comme le pire de ses ennemis. Il est extrêmement difficile pour lui de remonter la pente quand il a finalement perdu pied.
Shajara est quelqu’un de bienveillant qui aime aider son prochain. Il a toujours une oreille attentive à vous porter, et de bons conseils à vous donner autour d’un narguilé. N’y voyez pas là une autre forme d’addiction. Il s’agit là uniquement de quelque chose de culturel. Parler autour d’un narguilé est juste une forme de socialisation pour lui qui a grandi en Egypte.
Cependant, si Shajara est doué pour ce qui est de parler, il l’est beaucoup moins quand il s’agit d’agir. Il est plutôt du genre observateur et à tendance à garder une attitude passive même quand il ne le faut pas. Sa passivité, accompagnée d’une certaine nonchalance peut laisser penser qu’il ne se soucie de rien. Ce n’est pas vrai, bien sûr. Il s’agit là uniquement des marques de la vie de luxe qu’il à mené. Il n’a jamais eu à lutter pour rien, il n’est pas habituel pour lui d’être actif, ou même proactif dans les évènements qui se déroulent autour de lui, ou même d’avoir à porter grand intérêt dans les enjeux misés quand, habituellement, d’autres personnes s’en occupent à sa place.
Si sa fibre artistique peut faire de lui une personne à la conversation intéressante, elle rend aussi la conversation difficile avec lui, car il peut aisément être distrait par tout et n’importe quoi, et se plonger dans une peinture, ou une mélodie mentale, suite au moindre mot, son, ou mouvement
Il est très distingué, quoi que superficiel, mais ne vous laissez pas tromper. Derrière les apparences de savoir-vivre, de bienséance, et de politesse, il ne se gêne pas pour vous admirer- voir vous dessiner- pendant qu’il vous parle. Ses gestes maladroits ne sont ni innocents, ni maladroits. Soyez prévenus.
Suite à un évènement qui l’a profondément marqué, Shajara a une phobie de l’eau, et ne sait pas nager. Il peut être en contact avec de l’eau, mais si elle devient trop profonde, il perd ses moyens. N’essayez même pas de l’emmener en bateau.


Histoire


La honte, le regret, la culpabilité, tous ces sentiments sombres issues de nos actions- ou de nos inactions. L’homme n’est pas fait pour les nourrir, les conserver, les laisser grandir. Nous sommes censé apprendre d’eux avant de les laisser derrière, grandit par leur enseignement.
J’ai une malédiction. Je ne peux pas laisser ces sentiments partir. Ils remontent sans cesse, et je me laisse noyer dans ce tourbillon de ténèbres au risque de m’y perdre. Je suis contraint de les nourrir, et aucun d’eux, pas un seul souvenir amer de mes échecs, de mes erreurs et de mes pires…
Leur présence est si étouffante, si constante, qu’il m’est parfois difficile de me souvenir qu’ils ne représentent pas la totalité de ma vie. Il m’est nécessaire de prendre le temps de me remémorer ma vie. Ici, assis dans ma salle de méditation, je respire profondément en remontant aussi loin qu’il m’en est possible.

J’ai eu la chance de naître dans une famille aisée. Et chance, ce n’est pas peu dire, surtout en Egypte. Nous étions une famille heureuse, proches les uns des autres. Les quelques dissidences qui pouvaient parfois éclater ne duraient pas, et ne suffisaient pas à ébranler nos liens. Toutes les semaines, nous sortions tous ensemble. Mon père, ma mère, mon frère ainé, moi, et ma petite sœur, quand elle est arrivée. Mes sorties préférées à l’époque étaient celle que nous faisions au Nil. J’étais jeune à l’époque. C’était avant…
Non, je dois rester concentré.
Quand nous ne sortions pas, il n’y avait pas pour autant un jour où ne nous réunissions pas autour d’une activité ensemble. Nous étions heureux. Et j’étais innocent. Je me souviens encore de nos jeux de ballon dans la cours, nos passes maladroites à nos parents. Nous regardions la télé ensembles. Nos parents nous sensibilisaient à l’art. Ils tenaient à ce que nous soyons cultivés.
Je ne vais pas mentir. Nous avons eu une enfance heureuse. Nous n’avons aucune raison de nous en plaindre. Je pourrais difficilement rêver meilleur.

Si seulement les choses avaient pu continuer ainsi. Rester pareil pour toujours. Mais tout à basculé. Je me souviens encore de ce jour avec la même vivacité que si je le vivais encore. Et pour cause. Ce souvenir remonte dans mon esprit chaque fois que j’utilise mon pouvoir. Je marche au bord du Nil aux côtés de ma sœur. Nous sommes si concentrés sur notre conversation, nous ne réalisons pas que nous nous sommes trop éloignés de nos parents. Nos voix commencent à monter alors que nos opinions commencent à diverger. Des mots nous échappent, et on sait déjà qu’on les regrettera. Puis, soudain, dans un élan de colère, de frustration, je pousse ma sœur.
Je n’ai pas l’intention de lui faire mal. Je veux juste… Je ne sais pas. Manifester ma frustration. Je n’ai plus envie de lui parler. Je n’ai plus envie qu’elle marche si près de moi. Je n’ai plus envie de la voir pour l’instant.
Et puis, mon vœu se réalise. Elle disparait de ma vue, avalée par les flots du Nil. Je cris. Je crois. Mon esprit est… Vide, complètement vide. Je n’arrive plus à penser alors que l’horreur et la panique me saisissent. Des silhouettes se découpent dans mon champ de visions. Plongent sans hésitation. Quelqu’un m’éloigne de la berge, mais mon regard reste rivé sur l’endroit où ma sœur a disparu. Finalement, quelqu’un ressort de l’eau, portant un corps inerte dans ses bras.
Tout semble s’accélérer. Les secours. Les pleurs de mes parents. Puis tout semble ralentir, alors que l’on attend tous des nouvelles- n’importe quelle nouvelle. Pas un mot ne vient briser le silence. Personne ne parle de ce que j’ai fait. Tout le monde est trop inquiet, trop occupé à prier pour qu’il ne soit pas trop tard, pour que…

Il faut que je me calme. Que je respire… C’était il y a des années… Il faut que je continue à me remémorer les autres évènements de ma vie. Je ne dois pas me concentrer sur ceux-là. Ils me reviennent bien assez souvent.

***

Les choses ne furent plus jamais les mêmes après la mort de ma sœur. Oh, nous étions toujours une famille aimante. Mais un spectre silencieux planait sur nous. Mes parents ne m’ont jamais reproché ce qu’il s’est passé, je crois qu’ils se blâmaient eux-mêmes. Mon frère aîné, lui, m’en voulait. Je pouvais le voir aux regards qu’il me lançait. Personne ne parlait jamais de ce qui s’était passé. Nous ne sommes jamais retournés au Nil, et de toute façon, j’avais développé une phobie de l’eau.
Les années passèrent et je pu sentir les liens avec mon frère s’étioler. Nous étions comme deux étrangers. Non. Des étrangers ne partagent pas un passé lourd et douloureux qui les pousse à maintenir leur distance. Je me mis à passer beaucoup de temps avec des amis à l’extérieur. Je fis mes premiers pas dans le monde du flirt, par des sourires, par des regards, par des clins d’œil. Je n’étais pas timide, et j’avais un goût prononcé pour ce nouveau jeu qui demeurait encore innocent.

Je me suis assagit en grandissant. Je cessais d’être aussi… Joueur. Mais cela ne m’empêchais pas d’apprécier silencieusement ce que je voyais. Je n’étais plus un jeune garçon. Ou même un adolescent. J’étais un jeune. C’est à ce moment- là que je l’ai rencontré. Asma. La plus belle femme qu’il me fut donné de rencontrer. J’ai recommencé à flirter. Mais seulement avec elle. Elle était réceptive, elle appréciait ma compagnie, elle appréciait mes flatteries, elle appréciait mes sourires, mais elle était trop timide pour suivre le mouvement. Elle était aussi consciente de mon ancienne réputation et ne tenait pas à être juste une fille de plus dans ma collection. Mais j’étais sérieux. Plus sérieux que je ne l’avais jamais été. Un jour, je lui ai offert une sortie et, en toute intimité, je lui ai fait ma déclaration.
Elle a dit oui.
Nous étions un jeune couple heureux. De ceux qu’on ne voit que dans les films. Ou dans les rêves des jeunes romantiques. Je l’ai présentée à mes parents. Elle m’a présenté aux siens. Nos beaux-parents nous adoraient. Nous avions déjà tant de plans pour le futur. Perdus dans les bras l’un de l’autre, on parlait du mariage qu’on organiserait après nos études. On parlait de la vie qu’on allait mener ensemble, de la maison qu’on voulait avoir. Et combien d’enfant on voulait. On s’était mis d’accord sur trois. Et on veillerait à ce qu’ils restent tous en vie. Nous étions heureux.

Malheureusement, mes études nous ont tenus à l’écart. En effet, j’étudiais à l’étranger.
Chaque jour qui passe, la distance se fait un peu plus ressentir. Elle me manque. Cruellement. Plus les jours passent, et plus je me languis d’Asma. De son étreinte. De sa voix. De son sourire.
Mes amis- ceux que je me suis fait dans ce pays – ne tardent pas à noter que quelque chose va mal, que mon sourire se meurt et que mon regard se perd dans mes souvenirs. Alors, un jour, après les cours, ils m’invitent à boire un coup pour me changer les idées. Après un moment d’hésitation, je fini par accepter. Une soirée avec mes amis ne pourrait pas me faire de mal.
Je les suis jusque dans un bar qu’ils semblent connaître et apprécier et commande quelque chose de fort. Je ne vais pas mentir. J’ai clairement dans l’idée de boire assez pour ne plus penser à Asma de la soirée. Je ne compte pas les verres, je me contente de passer un bon moment avec mes amis. Après tout, c’est le week-end, je n’ai pas cours demain. Ce n’est pas grave si j’ai un réveil difficile et un terrible mal de tête. L’une de mes amies se rapproche, et s’assoie à côté de moi. Elle me lance un regard que je ne connais que trop, pour l’avoir lancé moi-même tant de fois à Asma. Je frissonne. J’ai déjà croisé son regard furtif à plusieurs occasion pendant nos sorties entre amis, ou pendant les cours. Je n’ai jamais réalisé qu’elle avait des sentiments pour moi. J’avale ma salive. Je dois lui dire. Il ne peut rien y avoir entre nous. Je suis déjà en couple. Même si Asma n’est pas là. Même si la chaleur de son toucher me manque terriblement. Même si je meurs de ressentir son amour. Même si je voudrais la prendre dans mes bras pour l’embrasser. Et que mon esprit est si embrumé.
J’ai peut-être trop but tout compte fait. Et elle aussi.
Mon amie tend une main hésitante vers la mienne. Je frémis en sentant sa peau entrer en contact avec la mienne. Mon regard croise le siens et un courant électrique semble traverser mon corps. L’instant d’après, mes lèvres capturent les siennes sous les applaudissements de nos amis.

Je me réveille avec le terrible mal de tête prédis la veille. Je suis dans ma chambre, dans mon appartement. Pendant un instant, mes souvenirs de la veille sont troubles, confus, je ne me souviens même pas comment la soirée a fini, ou comment je suis rentré chez moi. Je me redresse et réalise que je ne suis pas seul. Quelqu’un dors avec moi. Dans mon lit. Je fixe, hébété, le visage endormie de celle que je reconnais être une de mes amies avant que les souvenirs ne me reviennent avec la violence d’une gifle. Avec un juron, je bondis de mon lit, chancelant pendant un instant alors que mon mal de tête menace de me faire perdre l’équilibre. Je ferme les yeux, essayant de me rappeler si, malgré l’alcool, nous avons pensés à prendre des précautions. Je m’éloigne du lit pour m’approcher d’un meuble où un cadre photo est posé. Asma me sourit, enveloppée de mes bras. Un mouvement derrière moi me fait me tourner. Mon amie est réveillée et me regarde en souriant.
C’est le moment. Je dois lui dire. Cette fois-ci je n’ai pas d’excuse. Je ne suis plus alcoolisé. Elle le prendra surement mal. Mais c’est la bonne chose à faire. Je ne peux pas tromper Asma. Ni répondre à son amour sans lui laisser savoir que je suis déjà en couple. Que mon véritable amour m’attend dans mon pays natal. Qu’il n’y aura jamais rien de sérieux entre nous.
Elle sort du lit et me rejoins. Je me place de façon à cacher la photo d’Asma. Je ne veux pas qu’elle se fasse d’idée avant que je n’ai le temps de lui expliquer. J’ouvre la bouche, cherchant les mots. Elle prend doucement mon visage entre ses mains. Je frémis. Je dois lui dire. Maintenant.
Elle me fixe avec amour. Un amour débordant qui me rappelle tant le regard que me réserve Asma. Cet amour qui me manque tant.
D’une main, je baisse le portrait de mon aimée en accueillant mon amie dans mes bras pour l’embrasser. Ce qu’Asma ne sait pas ne peut pas lui faire de mal. Personne n’a besoin de savoir…

Je marche en direction de mon appartement, mes doigts entrelacés avec ceux de mon amie. Est-ce que je peux vraiment encore l’appeler mon « amie » ? Ce n’est pas ma petite-amie non plus, c’est n’est pas Asma. Mais notre relation n’est pas non plus… Platonique. Je n’ai jamais su lui avouer. Je sais que c’est mal. Et je ne chercherais pas à excuser mon comportement. Arrivé devant chez moi, j’attire mon amie contre moi pour l’embrasser.
« Sha ?
La voix m’est douloureusement familière. Et mon sang se fige dans mes veines. Je m’écarte vivement.
- Asma ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Je suis en voyage avec ma famille. Alors j’ai voulu passer te voir. Tu le saurais si tu lisais mes messages. Mais je suppose que tu étais trop occupé. Que tu m’as déjà remplacé…
A ces mots, mon cœur semble tomber dans ma poitrine. Non. Je n’ai jamais cessé de l’aimer. Je voulais juste… Mais aucun mot n’échappe de ma bouche ouverte. Que pourrais-je bien lui dire ? Que je l’ai trompé parce que je l’aime ? Parce qu’elle me manque ? Je regarde Asma partir, déchiré, misérable.
Et, comme pour rendre la situation plus douloureuse encore, pour moi, comme pour elle, la courbure de son ventre de laisse deviner qu’elle attend un enfant. Mon enfant. Notre enfant. Je vois notre avenir se briser sous mes yeux, résultats de mes propres choix, de ces erreurs dans lesquels je me suis consciemment enfoncé.

Je me détourne, incapable de supporter plus longtemps la vue de cet avenir que j’ai ruiné. De la femme que j’aime à qui j’ai brisé le cœur, et que j’ai perdu pour toujours. D’un signe de la main, j’invite mon amie à me suivre dans mon appartement. Elle le fait en silence, mais je vois à son visage que milles questions lui brulent les lèvres et que la scène à laquelle elle vient d’assister la laisse plus que perplexe. A peine la porte fermée derrière nous, elle me fixe, le regard dur, exigeant silencieusement des explications. Je détourne le regard.
« Ce n’était rien d’important. Tu n’as pas à t’inquiéter. »
Je mens. Encore. Je m’enfonce plus encore dans ce chemin qui m’a déjà tant couté. Mais j’ai besoin de me perdre dans ses bras, et d’oublier, prétendre encore une fois…
« Tu mens Sha. Ce n’était clairement pas rien. Et si tes autres copines sont ‘rien d’important’, est-ce que ça signifie que je ne suis rien d’important à tes yeux aussi ? Depuis combien de temps est-ce que ça dure, sans que je n’en sache rien ? »
Je ne réponds pas. Je ne peux pas lui dire. Ce serait encore pire pour elle si je lui avouais la vérité, que je me suis servi d’elle pour combler le vide de l’absence d’Asma.
« J’ai vu le regard que tu lui as lancé. Tu… Tu ne m’as jamais regardé comme ça. Shajara. Est-ce que… M’as-tu seulement aimé ? »
Je baisse les yeux sans un mot. J’ai honte. J’ai terriblement honte de moi. Je ne veux pas croiser son regard. Pire que la colère. Pire que la rancœur. Pire que la haine. Je ne veux pas voir la douleur dans ses yeux. J’ai été si égoïste. Et insensible. J’ai profité des sentiments qu’elle avait pour moi pour combler l’absence d’Asma, sans me soucier un instant de ce qu’elle pourrait ressentir. Depuis le début, j’avais juste prévu de la quitter après la fin de mes études, sans me demander une seconde comment elle le vivrait.
Mon amie émet un son de dégout avant de me tourner le dos.
« Je reste ici cette nuit. Mais seulement parce qu’on est trop loin de chez moi pour que je rentre à cette heure-ci. N’imagine pas qu’il se passera quoi que ce soit. Quoi qu’il y ait pu avoir entre nous, c’est fini. Ca n’aurait jamais dû commencer. »

Le reste de mes études fut pénibles. J’avais hâte d’en finir et de rentrer chez moi. Mes amis ne me parlaient plus, et me lançaient des regards de travers. L’ambiance était pesante. Mais je n’avais pas le droit de m’en plaindre. J’en étais le seul responsable.

***

Les années sont passées. Asma… Asma s’est mariée. Avec un autre homme. Je n’ai jamais cessé de l’aimer. Mais mes sentiments n’étaient plus les bienvenus. Ils demeuraient suspendus dans les lourds silences gênés qui pensaient entre nous. Elle savait. Elle savait parfaitement que mes sentiments pour elle n’avaient pas changé. Mais Asma est une femme fidèle. Contrairement à moi. Et surtout, elle ne pourra jamais me pardonner. Peu importe combien de fois je déposerais mon honneur à ses pieds en me fendant en excuses, une distance s’est creusée entre nous. Elle ne pourra jamais oublié. Et je ne pourrais jamais le lui demander. Avec le temps, sa rancœur n’est plus aussi intense. Nos relations sont… cordiales. Asma est bien trop douce pour mes faire regretter, même dans ses mots ou dans son ton, d’avoir été un compagnon infidèle. D’une certaine façon, c’est probablement le meilleur moyen de me faire regretter mes actions. Et puis, nous ne pouvons pas nous permettre de nous tirer dans les pattes. Pour Hassim. Pour notre fils.
C’était un adorable garçon. Et nous l’adorions tous les deux.

Ma vie à complètement changée le jour où j’ai accepté cette demande complètement folle, parce que je voulais lui faire plaisir. J’ai accepté d’aller à la mer.
Je n’étais pas complètement fou. Je savais que, s’il arrivait quelque chose à mon fils au milieu des vagues, je serais incapable de faire quoi que ce soit. Je n’allais pas le mettre en danger de la sorte. C’est donc accompagné d’un ami que j’ai emmené mon fils à la Mer Rouge.
Mon ami emmena mon fils dans l’eau pendant que je restais sur la berge. J’avais donné comme consigne à mon ami de ne pas trop s’éloigner. Il trouvait que je laissais ma peur de l’eau parler, mais ne fit pas d’histoire. Hassim était mon fils après tout. Au début, je ne les quittai pas du regard, à la fois mort d’inquiétude et attendri par le sourire heureux de mon fils. Mais, éventuellement, rasséréné de voir que tout semblait bien se passer, je laissais mon regard dériver discrètement sur les autres personnes à la plage et sortit mon carnet de dessin pour griffonner. Il serait sage de m’assurer que mon fils ne jette pas de regard curieux sur mes croquis…
J’ignore combien de temps j’ai passé à dessiner sous le soleil. Je fus brusquement ramené à la réalité par un cri. Celui de mon ami, qui criait le nom de mon fils. Je me redressais vivement, tous les sens en alerte. Les vagues avaient balloté Hassim loin de mon ami avant qu’aucun d’eux ne s’en rende compte. Contrairement à moi, mon fils savait nager, mais il était malmené par les flots. La mer, ce n’était pas comme l’eau calme d’une piscine. C’était chaotique et imprévisible. Il se débattait pour rester à la surface et rejoindre mon ami, mais les vague le submergeaient sans cesse. Je courus vers la rive mais, sitôt que le ressac glacé vint mordre mes pieds, je me figeais sur place, incapable d’aller plus loin. Je ne pouvais qu’assister, impuissant, à la scène affreuse qui se déroulait sous mes yeux. Comme un cauchemar affreux que j’étais obligé de revivre encore et encore. Je voyais mon fils, mais je voyais aussi ma sœur. A l’époque aussi, j’avais été impuissant, figé sur la berge, incapable de venir à son secours.
Et ça lui avait coûté la vie.
J’allais perdre Mon ils comme j’avais perdu ma sœur. Je n’aurais jamais dû accepter de venir. Les images de la réalitée et de mes souvenirs s’interposaient sans cesse avec violence, les émotions m’étouffaient.
Puis, la réalité se déchira.
La mer s’ébranla. Les vagues se replièrent sur elle-même pour s’écarter. La mer s’ouvrit en deux et déposa délicatement Hassim sur ce qui aurait dut être le fond marin. Autour de moi, des cris s’élevèrent. Mon ami demeura figé un moment, hébété, avant de s’empresser de courir vers mon fils pour l’attraper dans ses bras et revenir vers moi. Il se figea à nouveau en me voyant, comme si quelque chose n’allait pas, mais il se reprit bien vite et me rejoint. L’eau se referma aussitôt derrière lui.
Et le néant s’abattit sur moi.

Je me suis réveillé chez moi. Hassim, mon ami, et même Asma étaient là- serrant notre fils comme s’il pouvait disparaitre d’un moment à l’autre. Apparemment, j’avais perdu connaissance. Le stress sans doute ? C’est du moins ce que j’ai supposé au début. Mais mon ami avait un regard grave, comme s’il savait quelque chose que j’ignorai.
« Papa, tu m’as pas dit que t’étais un héros !
Pépia Hassim, surexcité. Avait-il déjà oublié qu’il avait failli se noyer ?
- Je ne suis pas…
- Sha. Tes yeux brillaient tout à l’heure. Et ils étaient bleus. Tu… Tu es sûr que ce n’est pas toi qui as… Tu sais… La mer…
- Ce n’était pas moi. Si ? »

Si. Bientôt, les journaux parlaient d’un « nouveau Moïse » ou du « retour de Moïse ». De très mauvais goût si vous voulez mon avis. Je ne sais même pas si je serais capable de reproduire cet exploit. C’est la peur de perdre mon fils qui m’a donné l’énergie nécessaire de faire ça. Quoi qu’il en soit, j’avais découvert quelque chose sur moi. Et j’ignorais ce que ça voulait dire, et ce que ça impliquait. Hassim semblait le savoir. Pour lui, j’étais un super héros. Est-ce que j’avais une vision aussi simple du monde quand j’avais son âge ? Ah, la bénédiction de la jeunesse, de ne pas avoir à se soucier de la complexité de la réalité. Je n’ai pas la trempe d’un héros. Je suis un artiste. Le second fils d’une riche famille. Mais… Rien de plus vraiment. Et avoir des pouvoirs n’est pas suffisant à faire de moi quoi que ce soit d’autre.
« Pff ! Je le sais bien ! C’est pas les pouvoirs qui font le super-héros ! C’est ce que tu fais avec. Mais tu vas sauver le monde, pas vrai papa ? Un grand pouvoir implique de grande responsabilité ! »
Oui. Je sais. J’ai vu les films avant ta naissance petit démon.
Il n’empêche que ses mots m’avaient laissé à réfléchir. De grandes responsabilités. Je n’avais jamais eu de responsabilités. En dehors de mon fils je veux dire. Est-ce que ces pouvoirs que je n’avais jamais demandés m’imposaient de risquer ma vie pour les autres ? Je pesais ces questions en regardant autour de moi. J’observais mon pays, conscient du privilège dont j’avais toujours bénéficié par ma naissance, par l’argent de ma famille. Conscient du privilège représenté par ce pouvoir que tant de gens auraient tant aimé avoir pour changer les choses. Au moins juste leurs conditions. Je songeais à l’égoïsme dont j’ai pu faire preuve toute ma vie. Ne serait-ce pas que m’enfoncer plus encore dans cette voie que de disposer de ces pouvoirs et de juste… Ne rien en faire ?
Loin de m’aider, c’est réflexion m’avaient perdu plus encore. Je partis en voyage en recherche de réponse. Après tout, je n’étais qu’une personne, avec des pouvoirs dont j’ignorais tout encore. Je n’avais aucune réelle ambition. Je ne pouvais pas changer le monde sur un simple sens de la responsabilité. Mon périple me fit atterrir dans un grand terrain, une ferme, accompagnée d’un vigneron. Comme si j’avais été amené ici, attiré par quelque chose. Je su immédiatement où j’avais atterrit. Ces lieux n’étaient pas un secret aujourd’hui. N’importe qui saurait reconnaître le camp des Faucheurs en le voyant, ne serait-ce que par la vivacité divine qui insufflait les produits de la terre.
Je songeais aux visages affamés. Aux plats garnis de nourritures qui m’avaient toujours nourri. A la terre fatiguée, polluée, qui ne pouvaient pourvoir tous les êtres qui l’habitaient. Je n’avais pas besoin d’être seul pour changer le monde. Ni d’agir sur un simple sens de mes responsabilités. Ici, je pouvais avoir des alliés, mais aussi d’autres perspectives pour trouver une vraie voie, une vraie motivation.





The vultures they are circling overhead. They're reminding me of choices from my past. | Shajara - Faucheur Unname11

Halloween
Shajara Abu Tariin
Faucheur
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Héra
congrats Shajara
te voilà validé !

Tu as un passé rude, torturée, qui remonte à la surface à chaque fois que tu as besoin de pouvoir. Mais ce passé t'a rendu plus fort et plus sage, il t'a même offert une voie à suivre. J'espère seulement que tu ne suivras pas trop la voie de Dionysos, car Déméter aurait été bien plus apte à t'accueillir.
pour finaliser ton inscription, suis le lien !
Héra
Olympien
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