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Faucheur
Madalen Kervella
# Eloge de la folie - Madalen - Dim 6 Nov - 16:32
Eloge de la folie - Madalen 6vhk

Madalen Kervella


Eloge de la Folie



Genre : Féminin.
Âge : 24 ans.
Origine: Française, bretonne.
Sexualité: Bisexuelle, avec une préférence marquée pour la douceur et la volupté féminines.
Eloge de la folie - Madalen Iv14
Nom du Pouvoir : La Faiseuse de Pantins.
Camp : Faucheuse.
Dieu Référant : Démeter.



Physique


Taille : 1 mètre 54.
Corpulence : 45 kilos. Mince, chétive et d'apparence fragile.
Cheveux :D’un noir d’encre un peu terne, un peu trop raides, ils tombent jusqu’à sa mâchoire en un vague carré, approximatif, qu’elle se taille nonchalamment elle-même grâce à une paire de vieux ciseaux de couture en argent qui avaient appartenu à grand-mère.
Yeux : D’un bleu un peu trop pâle, d’une clarté laiteuse, qui donnait parfois l’impression qu’elle les ouvrait sur un monde que le commun des mortels ne voyait pas. Joli malgré son étrangeté, il jouait un rôle non négligeable lors de l’exercice de son don.
Signes distinctifs : Une kyrielle de petites tâches de rousseurs qui parsèment la peau pâle de son petit nez retroussé et de ses pommettes hautes et un peu saillantes. Des ongles rongés en permanence, et un regard qui fascine, effraie ou éloigne, par le mystère qui le nimbe.
Style vestimentaire :Difficile de donner une description précise de cet imbroglio de longues jupes cousues à la main et de corsages d’un autre temps qu’elle semblait avoir copié sur ceux des poupées de Maman. A ces amas de pulls, bien tricotés mais un peu informes, qu’elle portait trop lâches. A ces bottines usées et confortables maculées de la terre du potager et de l’eau du ruisseau qui coulait dans leur jardin. Bohême pour les plus cléments, souillon pour les plus sévères, son look n'en était pas vraiment un, dans la mesure où elle ne recherchait aucun style particulier, autre que son goût passé de mode et son plaisir du confort. Maman lui avait aussi insufflé son goût pour les bijoux de pacotille, les lourdes boucles d'oreilles de cuivre qui s'entremêlent à ses cheveux, les nombreux bracelets qui tintent à ses poignets grâciles, les longs sautoirs sur lesquels pendent diverses breloques celtiques et divinatoires, dont le pendule de Maman, dont elle ne se sépare plus depuis sa mort.


En bref


Qualités : Juste / Loyale / Travailleuse / Généreuse / Déterminée / Consciencieuse / Aimante
Défauts : Renfermée / Obsessionnelle / Méfiante / Obstinée / Autoritaire / Taciturne / Farouche

Description du pouvoir : La fée des bois : Parce que c’est dans les bois que le pouvoir de Madalen prend tout son sens. Sans doute est-ce pour cela que la forêt restait son environnement préféré. Un mot, un geste, et l’inextricable entrelacs de racines des chênes, des hêtres, des châtaigniers de sa forêt natale s’extirpaient de terre sous la force de sa volonté. Sous son impulsion, elles se meuvent, peuvent immobiliser, entraver, étouffer, fendre l’air. Si cela ne fonctionne pas pour les arbres, mais avec tout type de racines, seules ces premières ont un pouvoir offensif et défensif, autrement dit utiles au combat. L’immensité de son pouvoir n’a par ailleurs plus aucun intérêt en milieu urbain, et il va sans dire que son utilisation n’est pas sans danger. En fonction de la taille des racines invoquées, du nombre et des conséquences infligées, des altérations mentales plus ou moins préoccupantes, plus ou moins réversibles, vont crescendo avec la gravité des dégâts causés. De quelques jours ponctués par d’intenses migraines, de vomissements ou de cauchemars, à des crises d’angoisses ou de panique, voire à des hallucinations et à de la paranoïa permanente. Elle ne l’utilise donc qu’avec prudence et parcimonie, pour les cas les plus désespérés et les plus graves.
Arme OU accessoire : Un coupe papier en argent ayant appartenu à sa mère, au manche ciselé d'inscriptions runiques, qu'elle garde dans une jarretière de fortune confectionnée par elle-même, accrochée à sa cuisse droite. Elle ne s'en est encore jamais servi, simplement rassurée par le contact du métal froid sur sa peau qui lui rappelle qu'elle est armée.

Mental


C’est un mélange de folie douce qui se muait parfois en obsession, et de sérénité tranquille dans laquelle elle repaissait son quotidien. Son esprit trop en proie à la mesure des tourments de ses manies et idées fixes qui lui rongeaient le cœur, elle trouvait une forme d’accalmie dans l’accomplissement de tâches simples, ponctuelles, inlassables. Le tricot, la cuisine, la couture, avec leurs manœuvres paisibles dans lesquelles elle insufflait un don instinctif, lui déviaient pour un temps l’âme de la mélancolie douce-amère qui en écumait parfois. Elle était plutôt de caractère douce et simple. Rien n’était jamais compliqué, elle ne rêvait pas aux grandeurs du monde et n’aspirait à rien d’autre qu’à une existence paisible. Malheureusement, ses obsessions, qui viraient en lubie, pouvaient lui faire perdre la tête, lui ronger le cœur, gâcher sa vie et celle des autres. En ne voulant pas laisser son père la dédaigner, elle avait brisé de nombreuses vies, dont la sienne. Son affection, une fois acquise, l’était à vie, envers et contre tout, et se révélait ensuite d’un soutien et d’une loyauté sans failles, qui pouvait effrayer, si d’aventure l’intéressé, lui, ne souhaitait plus avoir de lien avec elle. Madalen avait énormément de mal à comprendre le rejet et à l’accepter, pouvait devenir envahissante, frisant parfois les frontières du harcèlement. Elle avait également une fâcheuse manie de surplomber les autres d'espèce de ferme autorité qui pouvait déplaire, parlant aux gens à base d’ordres péremptoires, souvent trop peu éloquente, la rendant difficile à aborder, d’autant plus que son côté lunaire et sa méfiance dûe à ses hallucinations et sa paranoïa la rendait farouche et étrange. De manière générale, elle avait plutôt une réputation de folle, pas vraiment méchante mais trop bizarre pour être approchée, mais dont il fallait se méfier malgré tout, parce qu’on ne savait jamais trop ce qu’elle pensait, et que quand elle vous fixait avec ses grands yeux hors du monde, il semblait qu’elle voyait quelque chose qui vous était imperceptible, qui vous mettait mal à l’aise, et pouvait fasciner certains plus courageux ou ouverts d’esprit, mais rebuter, la plupart du temps.


Histoire


Et crever le silence,
Quand c’est à toi que je pense

TW : Parricide

Le chant du lard qui crépitait dans la poêle avait des tonalités de berceuse. Ses effluves de graisse grillée, l’effet d’une madeleine de Proust. C’est que Maman avait adoré son omelette au lard. Elle l’avait trouvé exceptionnelle. Aussi subsistait toujours ce brin d’orgueil, lorsque frémissaient les oignons au fond de la poêle grasse, et qu’à cette symphonie se mêlait le bruit de la coquille des œufs nonchalamment brisés à même les parois du saladier. Du four s’exhalait les volutes délicates des tranches de pain frais, prêtes à être extirpées et beurrées. Madalen avait adoré cuisiner pour Maman, qui disait volontiers qu’elle avait un don. Aussi c’est tout naturellement qu’elle se dédiait à la cuisine pour son camp, avec cette manie de ne jamais avoir les deux pieds dans le même sabot, et de toujours s’occuper les doigts de mille façons, pour oublier les tourments que son esprit qui se surprenait à divaguer pouvait lui infliger. Autodidacte, elle était douée sans l’avoir appris, et de fait, il n’y avait dans ses plats ni alliages alambiqués d’ingrédients saugrenus, ni prétention maniérée dans la façon de les servir ou de les intituler. Rustre, paysan, grossier. Sans nul doute ses mets ne plairaient pas à cette caste accoutumée aux restaurants étoilés, soi-disant élite d’une société rythmée par l’argent et le pouvoir qui l’indifféraient. Avec Maman, elles avaient presque vécu en autarcie. C’était elle qui lui avait appris à tricoter. Et Madalen s’était occupée de la tonte de leurs quelques moutons, du filage et de la teinte de la laine, avant de faire des pulls pour elles deux, et parfois quelques commandes que les habitants du village ou les clients de Maman leur passaient. Maman était voyante. Elle pratiquait la tasséomancie, ou l’art de lire dans les feuilles de thé. A de plus rares occasions, elle pouvait utiliser son pendule divinatoire. Madalen ne tenait pas encore sur ses deux pieds qu’elle poussait déjà au cœur des exhalaisons un brin écœurantes de myrrhe et d’encens, et qu’elle passait sans s’effrayer devant la collection de poupées de porcelaine dont Maman avait été si fière. Elles tapissaient les murs du salon, avec leur raideur immobile et leurs grands yeux ouverts sur un monde qu’elles ne voyaient pas. Et si elles avaient toutes leur prénom et leur histoire, c’était Lisbeth la préférée de Maman, une Irlandaise de bonne famille, cadette d’une fratrie de cinq filles. Une corolle vaporeuse de boucles rousses auréolait son visage de porcelaine, s’épandait sur son joli col blanc en dentelle, qui surmontait la robe en satin qui retombait en plis d’une blancheur virginale sur ses petits pieds. Maman aimait particulièrement ses grands yeux d’un vert de marécage, et ses tâches de rousseur qu’elle partageait avec sa fille.

Aucune des deux ne percevait l’ambiance lugubre de la maison, n’y voyant, elles deux, qu’un boudoir feutré surchargé de reliques d’un autre temps, qu’un écrin à l’ambiance doucereuse où se calfeutraient leurs âmes avides d’ouverture sur un autre monde, quand celui-ci ne les comprenait pas. Madalen ne s’était pas effrayée non plus de ce défilé de gens éplorés et au désespoir, venus réclamer la folle espérance que leur chagrin d’amour prendrait fin, que leur entreprise connaîtrait la prospérité, ou que leur maladie grave finirait, vaincue par un remède miracle. Maman ne mentait jamais, même pour leur insuffler une lueur d’espoir qu’elle trouvait cruelle, lorsqu’elle était infondée. Aussi, le gros monsieur qui toussait beaucoup et s’avançait péniblement en s’appuyant sur une canne était bel et bien mort quelques semaines après que Maman le lui ait confirmé. Et il l’avait bien quittée, le mari de cette femme aux grands yeux tristes et au nez retroussé, qui refusait à contrecœur le sucre dans son thé et qui ne grignotait jamais les sablés que Maman lui proposait, parce qu’il aimait les tailles fines et les jambes minces. Ce jour-là, l’adolescente malingre de treize ans se souvenait des grosses larmes qui avaient affleuré aux yeux savamment bordés de khôl de la coquette femme, le noir dévalant ses joues la vieillissant soudain et accentuant le côté pathétique de la situation. Elle avait extirpé son plateau de madeleines du four, avait dardé son regard bleu délavé sur la figure misérable et détruite de celle qui avait forgé son monde autour d’un imbécile ;   « Manges, maintenant. » La femme lui avait lancé un regard hébété derrière le rideau de larmes et de cils qui le voilaient. Et puis elle s’était assise, avait englouti les trois pâtisseries que Madalen lui avait servi dans une des assiettes du service en porcelaine ébréché de grand-mère, et toutes trois avait partagé un thé noir puissant et fort qui n’était, une fois n’est pas coutume, pas destiné à être lu. La cliente bafouée y avait ajouté d’elle-même deux sucres, comprenant enfin à quel point tous ces efforts avaient été cruels, vains et inutiles.

Sa vie se résumait à cela. Une école qui la voyait de moins en moins, et une fascination grandissante pour les bois. Inexorablement, ses pas la menaient toujours vers la forêt millénaire et mythique de Brocéliande, qui bordait leur maison. Surtout la nuit, au clair de lune, les bois revêtaient un cadre dont l’idylle virait chez elle à l’obsession. Et c’est en foulant de ses pieds menus ces tapis de feuilles mortes, c’est en levant la tête vers la cime impérieuse des arbres qu’elle avait compris son don. D’un pouvoir ou d’un don, qu’importait. Madalen ne savait pas le nommer, ne savait pas d’où il venait, n’avait même jamais vraiment su à quel moment précis elle l’avait découvert. C’était une sorte d’instinct, d’abord un étonnement relatif en voyant s’enfouir d’elle-même une racine dans lequel son pied aurait pu se heurter, ou voir pulluler dans le potager les oignons et les carottes, parce qu’elle adorait cela et n’en avait jamais assez. Après une vague prise de conscience, elle expérimenta son pouvoir, ravie de voir la beauté de ce ballet de racines de grands hêtres dansant au vent d’hiver, mais ne l’expérimenta que rarement pour son intérêt personnel.  En dehors du fait qu’elle ait vite compris que son utilisation la rendait malade, c’est que Madalen ne ressentait guère le besoin d’imposer un pouvoir ou une supériorité quelconque sur qui que ce soit. C’est que Madalen n’avait rien à prouver à personne. C’est que Madalen, surtout, se satisfaisait de peu.

C’est ce qu’elle avait crû de prime abord. Que Maman lui suffisait, et qu’elle n’avait besoin de rien d’autre qu’elle pour centre de gravité. Papa lui manquait. Ce n’était pas l’homme qui lui manquait ; pas le lâche géniteur qui avait fui en abandonnant à son sort Maman et l’enfant à naître, qui deviendrait cette fille bizarre qui ne se faisait jamais d’amis et dont tout le monde se méfiait un peu. Non, l’homme ne pouvait guère lui manquer, puisqu’elle ne le connaissait pas. Mais l’absence paternelle lui crevait le cœur, virait à l’obsession, tournait en boucle dans sa petite tête déjà modelée étrangement. Elle y pensait tout le temps. Elle y pensait lorsque ses doigts aux ongles rongés malaxaient la pâte brisée qu’elle confectionnait pour une quiche ; elle y pensait quand le son des aiguilles à tricoter s’entrechoquait et brillaient à la lueur du feu ronronnant dans l’âtre ; elle y pensait lorsqu’elle raccommodait une robe à Maman, à une de ses poupées ou à elle-même. Alors elle avait fait ses petites recherches ; elle avait grappillé des informations à droite et à gauche, farfouillé dans les tréfonds des tiroirs de Maman qui ne voulait rien lui dire, déniché des lettres, puis un prénom, enfin un nom et un beau jour, à l’aube de ses vingt ans, avait débarqué chez lui sans prévenir.

Sur le seuil de la jolie maison en périphérie de ville, le quadragénaire grisonnant, rasé de près et au costume impeccable, avait regardé d’un air circonspect et méfiant ce drôle d’oiseau maigrichon à la longue jupe blanche façonnée de ses mains, qui retombait sur ses bottines usées jusqu’à la corde ; « On a besoin de rien et la religion nous intéresse pas ! » Abasourdie, elle avait tout juste eu le temps de se remettre de l’émotion de la découverte de son géniteur, que la porte lui claqua au nez. Elle revint, pourtant. Une fois, deux fois. A son travail. Ecrivit de longues lettres, tracée à l’encre de son écriture malhabile, dans lesquelles elle expliquait ce qu’il représentait. S’il n’avait pas eu le courage d’affronter sa paternité, il eut au moins le mérite de l’honnêteté. Il avait sa propre famille désormais, sa compagne attendait un enfant. Il ne voulait pas d’elle. Pourtant, elle réitéra. Mue par un désir qui virait à l’obsession, et effaçait les contours de la raison et de la bienveillance. La toxicité de sa fascination pour le père qu’elle n’avait pas eu prenait des allures inquiétantes. Parfois, las, l’ayant eu à l’usure, il acceptait qu’elle s’asseye quelques minutes, le temps d’un café, croyant la calmer en obtenant ce qu’elle voulait de lui. Mais même elle devait accepter l’inéluctable fatalité ; le rejet rejaillissait, toujours, chaque fois plus violent, lorsqu’il s’apercevait que la brosser dans le sens du poil n’était pas la solution pour se débarrasser d’elle.

Elle se résigna un soir, un soir fatidique de pleine lune baigné par la lueur étincelante des étoiles, qui avait scellé en son cœur torturé un pacte funeste qu’elle ne parviendrait pas à regretter, malgré que son âme ne fut pas profondément mauvaise ; mais, pervertie par l’injustice et la lancinante douleur de l’apparition d’une femme au ventre très légèrement arrondi encore, sourcils froncés, au mécontentement palpable face à cette fille dont il ne lui avait pas parlé, et qu’elle devait s’imaginer un secret à cacher, une amante peut-être, une panique sourde l’avait envahie. Comment pourrait-il être le père d’un autre, quand elle aurait tant voulu qu’il soit le sien ? La femme, suspicieuse, avait commencé à crier. Alors le courageux géniteur avait commencé à hurler que cette folle le harcelait depuis des mois, qu’elle prétendait être sa fille, qu’il ne la connaissait pas, qu’il allait appeler les flics pour la faire enfermer, qu’elle était dangereuse et qu’elle lui foutait les jetons. Madalen les avait regardés, et son regard semblait leur avoir glacé le sang, les transformant en congénères de ces poupées qui tapissaient le mur de leur salon, à elle et à Maman. Puis elle était partie lentement, sans se retourner, résignée, son dos frêle éclairé par la lune comme le présage sinistre de ce qu’il adviendrait d’eux et de leur rejet.

TW : Parricide

Madalen avait peaufiné son plan. Rien n’avait pu l’en détourner. Elle y avait pensé jour et nuit. L’idée obsédante avait peuplé ses songes la journée et hanté ses cauchemars la nuit. Et puis, à la pleine lune suivante, elle l’avait attendue, tapie dans l’ombre d’un grand châtaignier qui bordait sa jolie maison idyllique qui abritait la famille dont il n’avait pas voulu qu’elle fasse partie. Elle avait insisté, avait promis que c’était important, juré que c’était la dernière fois. Il ne la reverrait jamais plus. Il l’avait suivie, ragaillardi par son serment de ne plus jamais entendre parler de cette rejetonne harceleuse et encombrante, sa carrure le sécurisant d’une potentielle attaque, jusqu’à une petite clairière au fond de ces giboyeuses forêts bretonnes, gorgées des créatures et légendes celtiques. Un petit étang fangeux y trônait, baigné par le clair aura lunaire qui le nimbait d’une auréole blonde. De grosses larmes avaient beau voiler ses yeux d’un bleu délavé, affleurer à ses cils noirs, son pouvoir ne fut en rien étiolé. Jamais, même, elle ne l’avait poussé à de telles extrémités. Ce soir, pourtant, elle n’en avait cure. Ses tourments finissaient ici ; l’ombre de son grand chêne préféré ne suffit pas à masquer la lueur écarquillée dans le regard de son père, dont elle avait hérité, lorsque ses racines s’extirpèrent de terre dans un fracas assourdissant. Puisqu’il ne l’avait pas aimée, elle, il ne serait un père pour personne d’autre. L’idée lui paraissait insoutenable, inacceptable. La branche craqua, fendit l’air dans un résonnement lugubre, lorsqu’elle s’abattit sur son crâne. Il resta un instant interdit, comme stupéfait, n’ayant pas eu le temps de souffrir. Puis sa silhouette chut mollement, avec une mollesse pathétique, à la manière d’une poupée de chiffon. Les eaux paisibles engloutirent en silence la silhouette paternelle qui fut incapable d’en être une pour Madalen, et qui ne le serait pour personne d’autre. Les lèvres assassines de la fille déchue s’étaient entrouvertes au cœur de la glorieuse nuit que surplombait le triomphe de la Lune pleine ; « Alors adieu, Papa… ». Et elle était partie, sans honte ni regrets, poursuivre une vie lestée par l’ombre du fantôme qu’il avait toujours été, pour elle.

Fin du TW

Madalen n’avait plus été la même après cela, et ne le serait jamais plus. Il ne s’agissait pas seulement de l’innocence tout à fait envolée à l’horreur du parricide. En réalité, même, elle ne voyait pas vraiment d’atrocité dans son geste ; seulement la guérison d’une injustice, la finalité du tourment obsessionnel qui la rongeait, pour un homme qui ne voulait pas d’elle. Il n’y avait eu ni haine ni cruauté dans son geste. Elle avait voulu qu’il disparaisse, parce qu’elle se savait trop faible pour supporter l’insoutenable réalité d’un monde dans lequel il existerait, en étant le père d’un autre. Non, c’était le terrible revers de médaille de son pouvoir exercé à un tel degré de manipulation. Cette fois-ci, les séquelles avaient été irréversibles ; l’ombre de son père, entouré de vision cauchemardesques, sillonnaient désormais ses pas, peuplant son sillage de convaincantes hallucinations qui la repliait un peu plus sur elle-même. Ce n’est pas qu’elle haïssait les contacts humains ; seulement qu’ils la fatiguaient, qu’elle savait de moins en moins comment les appréhender, dans un paradoxe un peu ridicule avec ce don qu’elle avait de pouvoir jouer de leurs esprits. Et les séquelles de son utilisation pour un crime aussi grave qu’un parricide comportaient une méfiance envers les autres qui la rendait solitaire et virait à la paranoïa, ainsi qu’une peur panique de l’eau survenue subitement.

Puis la dégringolade. Maman qui meurt subitement d’un trépas paisible dans son sommeil. La veuve de Papa qui se plante près d’elle, en face de la fosse fraîche, dans toute l’indécente splendeur de son ventre plein de vie. Qui lui murmure entre ses dents qu’elle sait. Que la police a eu beau conclure au suicide, a eu beau lui souligner l’impossibilité matérielle pour une fille de l’apparence de Madalen d’avoir noyé son père par la force, elle, elle sait. Qu’il avait peur d’elle, de ses agissements et de ses obsessions qui avaient viré au fanatisme. Qu’elle ne la lâcherait pas. Qu’elle serait son pire cauchemar. Madalen se retrouvait acculée. Elle ne pouvait pas se résoudre à lui faire du mal, rechignant trop à lever la main sur une femme qui portait la vie d’un enfant. Et puis il n’y avait pas de désir meurtrier ou de plaisir à tuer chez elle. Elle s’était débarrassée de son père parce qu’elle souffrait trop. Alors, enfin, elle se décida, et pris la fuite.

Elle avait compris qu’il était temps pour elle de se faire oublier, et de rejoindre les siens. Elle n’avait pas pu se résoudre à vendre la maison de Maman, alors, une fois sa nouvelle famille rejointe, elle y retournait lors de ses escales en Europe, pleine de nostalgie, malgré qu’elle soit parvenue à se sentir étonnamment bien avec les autres Faucheurs, trouvant une accalmie paisible à répéter pour eux ce qu’elle faisait pour Maman. Lorsqu’il lui fallait user de son pouvoir pour leur cause, elle s’y soumettait sans scrupules, acceptant les douleurs et les séquelles qui en résultaient, goûtant le reste du temps l’accalmie de récolter les fruits du labeur de la terre, du potager et du verger somptueux qu’ils entretenaient tous à grand soin, pour en faire des tartes et des ragoûts qui illuminaient son clan. D’une certaine manière, son rêve d’une famille s’était réalisé, en ayant perdu tout ce qu’elle avait, par l’apparition de Démeter qui lui avait ouvert la vue, les bras et offert un foyer et des frères et sœurs. Les desseins de la jeune Faucheuse s’étaient réalisés par la main taquine et bienveillante de sa déesse matriarche.






Eloge de la folie - Madalen Acky

Halloween
Madalen Kervella
Faucheur
Messages : 1
Olympien
Héra
# Re: Eloge de la folie - Madalen - Mar 13 Déc - 21:06
congrats Madalen Kervella
te voilà validé !

Nous espérons que tu trouveras chez les Faucheurs cette famille qui te manque à présent cruellement, et que l'amour de ta déesse saura te faire oublier ton obsession. Ton pouvoir sera à coup sûr un atout chez les héros.
pour finaliser ton inscription, suis le lien !


Héra
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