Jusque là, être un Tsunami au service d’Aphrodite était la belle vie, je dois bien l’avouer. Je n’avais, pour ainsi dire, pas changé grand-chose à ma vie quotidienne. Oh, bien sûr, certaines choses avaient changé, mais rien de ce que j’imaginais. On ne m’avait pas envoyé en mission affronter un gros méchant monstre que je m’y attendais. Non, en fait, on m’avait offert une chambre confortable à bord d’un bateau de luxe. Ce n’est pas comme si j’en avais un réel besoin- mes parents habitant déjà à Sydney, mais il est agréable de pouvoir amener des compagnons d’une nuit dans une chambre qui n’implique pas de passer devant mes parents en leur expliquant que, non, je ne suis toujours pas en couple.
Bien sûr, on ne me laissait pas juste me prélasser toute la journée en profitant de mon salaire- non pas que j’en ai une quelconque utilité- sans rien faire ! Mais, plutôt que de partir mettre ma vie en danger en mission, j’agissais sur place comme je l’avais toujours fais. Je protégeais ma maison. Je nettoyais les océans. Je sensibilisais les gens. J’y passais juste encore plus de temps. Mon deuxième devoir était plus réjouissant encore ;  passer du temps en privé avec Aphrodite. Je dois dire que je m’étais attaché à ma déesse. Et mon train de vie me plaisait particulièrement.

Je me voyais bien passer le restant de mes jours comme ça- et je devrais pouvoir y inclure le surf, je dois toujours devenir un grand nom du monde du surf- mais alors que je n’avais pas rejoins le camp depuis un an, la déesse m’informa que j’allais devoir « m’entrainer ».
Cette nouvelle me réjouis nettement moins.
Parce que je devais m’entrainer pour être capable de survivre quand je serais envoyé sur le terrain.
Donc… Elle considérait quand même m’envoyer sur le terrain ? J’ai bien essayé de l’en dissuader, de la ramener à la raison en jouant de mes charmes, mais, le lendemain, elle m’annonça alors que j’étais encore sous les draps que ça n’avait rien changé à la situation.
Stupide Poséidon, je suis sûr que c’est lui qui lui a dit que je ne pouvais pas passer ma vie près d’elle.

Le jour venu, je fus donc convié sur le terrain d’entrainement.
Je ne savais même pas qu’on avait un terrain d’entrainement !
Il me fallut demander à Jeffrey- je ne suis toujours pas sûr que ce soit vraiment ça son prénom- qu’il m’y accompagne. A l’origine, c’était lui qui était censé m’entrainer, mais après m’avoir aidé à trouver un animalier, s’être chargé d’équiper Vénus et de l’entrainer au combat, il avait refusé en bloc la demande de notre déesse. « Son piaf est un meilleur combattant que lui, et c’est un cacatoès ! »
Arrivé sur le terrain, j’aperçus un beau tsunami vêtu de bijoux d’or que j’avais déjà put observer à de multiples reprises au cours de ma vie ici. J’avais même une poupée de lui. Jeffrey s’éclipsa aussitôt après avoir souhaité bonne chance à celui qu’il appela « Osiris » et je m’approchais de lui avec un sourire radieux, Vénus perché sur mon épaule.

« Salut bel Apollon ! Moi c’est Jayden ! On dirait que je suis ton apprenti pour aujourd’hui ! Je suis pas très doué pour le combat. Et j’avoue que ça me saoule un peu. Mais je tâcherais de faire preuve de bonne humeur ! »

Le beau gosse fit un mouvement étrange, comme s’il posait quelque chose au sol; un étrange chat. Sauf que son apparence mise à part, il n'a rien de félin. J'ai observé les héros suffisamment longtemps pour comprendre sans difficulté qu'il s'agit d'une manifestation de son pouvoir, quel qu'il soit. Il note que ma bonne humeur ne suffira pas à compenser mon manque d’envie de m’entrainer, et je lui répondre avec un grand sourire rayonnant :

« Bien sûr que si ! Parce que même si je n’ai pas vraiment envie d’être ici, je ne vais pas de décourager au bout de deux échecs, parce que je saurais rester de bonne humeur ! Et puis, je veux rendre Aphrodite fière de moi !

Quand il me demanda si j’avais des bases de combat, je secouais la tête, faisant danser mes bouclettes dorées autour de mon visage.

- Nope ! Je ne me suis jamais battu de ma vie ! C’est pas vraiment mon truc. Je dirais pas que je suis pacifique, mais l’idée de m’engager dans un combat ne m’enchante pas vraiment. C’est définitivement pas mon truc. Mais Vénus a apprit à combattre lui, alors je fonctionnerais en duo avec lui.

En entendant son nom, mon cacatoès déploya sa crête sur mon épaule et cria :

- Bisou ?

Je caressais son plumage en répondant à la question de mon mentor à propos de mon pouvoir :

- Comme il l’a dit. Mon pouvoir est de faire des bisous… Bon, c’est plus compliqué que ça évidemment. Quand j’embrasse quelqu’un, ou quelque chose, ça me permet de sceller cette chose. Par exemple, si j’embrasse ton bras, tu n’arriveras plus à le bouger. Mais une fois que j’ai scellé quelque chose, je dois rester à proximité pour que le sceau ne se brise pas. »

Quand le beau gosse m’annonça que pour l’entrainement, je devrais me passer de Vénus, je lui lançais un regard outré :

« Hey ! C’est injuste ! Vénus est mon arme ! je m’empressais aussitôt de caresser l’oiseau qui jacassait à tue-tête sur mon épaule, Désolé chéri, tu es plus que ça, tu es mon adorable petit animal de compagnie.

Il pencha la tête sur le côté en répétant simplement « Bisou ». Oui bon. Il ne connaissait que deux mots pour l’instant. Je reportais mon attention sur mon mentor, boudeur.

- En plus, c’est doublement injuste. Pourquoi je n’aurais pas le droit à avoir Vénus, mais eux, ils sont trois contre moi ? Dis Oasis, tu as bien entendu quand j’ai dit que je suis totalement débutant et que je n’ai littéralement aucune expérience de combat, ni d’entrainement quelconque ? C’est pas le genre de truc auquel on se prépare à l’ère d’aujourd’hui.

Trop tard, les chats étaient en position d’attaque. Je reculais, les mains levée devant moi en signe d’appaisement.

- Hola. Du calme, du calme, je suis pas prêt !

C’est que ces machin, c’était pas des tigres ou des lions. Encore moins des gros ours. Et ENCORE MOINS un humain inconscient que je viens de sauver de la noyade à qui il faut faire un RCP. Non. C’était des chats. Trois petits chats, pas du tout à ma hauteur, vifs et agiles. A moins qu’ils soient assez stupides pour me sauter au visage, impossible pour moi de les embrasser. Sur mon épaule, Vénus battait des ailes nerveusement. Pas parce qu’il sentait que j’étais en danger, mais parce que l’agressivité des chats- ses prédateurs naturels- l’inquiétait. Sans ordre de ma part, il s’envola à tire d’ailes pour se percher un peu plus haut, où il serait en sécurité.

Les chats se jetèrent tous sur moi, visant mes mollets de leurs vilaines griffes. Je bondis en arrière en protestant qu’ils allaient laisser pleins de cicatrices sur mes jambes parfaites. Je ne suis pas du genre à m’attendre sur la beauté de mon corps- quand on sait qu’on est le plus beau, pas besoin de le clamer haut est fort, ça se voit- mais je n’appréciais pas l’idée que ces félins laissent des blessures sur mon si beau corps.

« Pourquoi ils cherchent à me blesser pour de vrai ? On ne se blesse pas dans un entrainement. On ne devrait pas utiliser des armes en bois ? Ou alors ils frappent en rentrant leurs griffes ?

Soudain, je sentis une rangée de pointes aiguisées mes transpercer la chair et laisser une longue marque sur ma cheville. Je m’immobilisais pour y lancer un regard horrifié.

- Voilà ! Je suis blessé ! Combien de temps je vais garder cette vilaine marque !

Je fie une moue boudeuse avant d’entamer le fameux tour de terrain qui m’était imposé en guise de « gage » pour avoir été touché. Je ne savais pas trop ce qu’il espérait accomplir en exigeant cela de moi. Un tour de terrain et dix pompes ? Ce n’était rien pour moi. D’accord, j’aime bien flâner, je n’aime pas travailler, mais je suis sportif, et je fais du surf depuis mon enfance. Ce n’est pas un petit échauffement comme ça qui va me faire peur.
Le tour finit, j’exécute les pompes sans difficulté. Mais pile au moment où je finit la dixième, j’aperçois un mouvement du coin de l’œil et ait tout juste le temps de me laisser tomber au sol pour rouler à l’écart avant de lancer un regard offusqué aux chats :

- Je n’ai même pas eu le temps de me relever ! »

Protestais-je

« Si je fais face à un minautore, je lui demanderais totalement s’il ne veut pas plutôt une caresse sur le museau !

Répondis-je du tac au tac. J’étais parfaitement conscient que mon mentor ne croyait pas du tout en moi- et que mes propos ne devaient que le convaincre dans son opinion- mais après tout, je n’ai pas eu la vie qu’on eu la plupart des héros. Mon truc à moi, c’était plutôt le surf. Je n’avais jamais voulut quitter le confort et la régularité de ma vie normale. J’ai uniquement dut le faire pour ma survie. Tout ça, c’était le quotidien pour eux, mais c’était nouveau pour moi.
Et je savais de quoi je parlais ! J’ai grandis en Australie. Ce type, je l’ai vu passer plusieurs fois, je sais très bien qu’il n’est pas héros depuis la dernière pluie.

- Mon truc à moi, c’est plutôt la sensibilisation, tu vois ? Pour que vous ayez moins de monstre à attaquer derrière parce que le comportement des humains génère moins de monstre.

Dix attaques. Dix attaques. Ce type voulait me tuer ! J’allais revenir tout ensanglanté devant ma chère Aphrodite, et elle ne voudrait plus m’accorder un regard tant que mes blessures n’auraient pas complètement disparu !
Après deux, ou trois tours de terrains, je finis pas comprendre que ma technique de courir comme une poule sans tête ne marche pas. Je fini par faire volte-face pour observer le comportement de mes assaillants. Cela me coûtera un autre tour de terrain – et surtout- malédiction- un autre coup de griffe sur mon corps parfait- mais avec une meilleure idée de leur façon d’agir, je devrais mieux pouvoir esquiver leur prochain assaut.

« La prévention est capitale ! Comment espérer sauver le monde si nous sommes les seuls à nous battre pour lui ? Tout le monde doit y mettre la patte à sa hauteur, y compris les communs.

La prévention, c’était ce j’avais toujours fait. Avant de rencontrer Aphrodite, j’en faisait déjà, sur les plages, auprès des touristes. « Si vous aimez nos océans, sauvez les, un petits geste peu faire de grands changement, pensez aux barrières de corail, pensez aux animaux, vous respirez grâce aux algues. » j’avais aussi passé des heures et des heures à nettoyer les plages et les eaux. je savais que j’avais une réputation de feignant. Et je mentirais si je prétendais qu’elle n’était pas méritée. Mais je ne passais pas non plus mes journées dans le lit de ma déesse. J’étais motivé pour ce qui m’intéressait.
Il se trouve que me battre et partir en mission, ça ne m’intéressais pas. Donc ça ne me motivait pas. Peut-on m’en blâmer ? Je ne serais pas là sans Héphaïstos.

Quoi qu’il en soit, j’ai tout de même finit par me concentrer sur l’entrainement. Après tout, c’était le seul moyen de sauver ma peau. Littéralement. Elle était déchirée en tant d’endroit que j’allais garder plein d’affreuses cicatrices. Comme je l’avais deviné, ces saloperies parvinrent à me frapper une fois encore. Mais ce n’était pas grave. Enfin, pas TROP grave, parce que j’étais quand même abîmé. Mais j’avais eu le temps d’observer leur façon de se mouvoir, leur façon de passer à l’attaque, leur coordination. Ce serait beaucoup plus facile désormais d’esquiver leur prochain assaut. Après avoir finit mon gage, je reportais mon attention sur les félins, comptant dans ma tête. Je mes les figurais comme des vagues qui roulaient dans ma direction. Quand j’estimais le moment idéal pour les esquiver, je bondis, priant Aphrodite de toutes mes forces. Je pouvais vaguement entendre Venus m’encourager en criant à tue tête ; « Beau gosse ! Beau gosse ! »

« Bien sûr que je sais réfléchir. Ce n’est pas parce que j’ai l’air d’un beau gosse avec plus d’eau que de matière grise dans la cervelle que c’est la vérité. Je peux être beau ET intelligent. Je préfère juste économiser mon énergie pour les trucs qui m’intéressent vraiment. Et les combats, c’est trop violent pour moi.

Pour appuyer mes propos, je coulais un regard grimaçant sur mes blessures sanguinolentes. Pauvre de moi et de mon superbe corps. Ca allait prendre une éternité à disparaitre, et même après, je ne retrouverais jamais tout à fait ma douce peau de bébé. Mon camarade me donna une tape dans le dos et je relevais aussitôt la tête en souriant pour reporter mon attention sur lui. Il me demanda si je visualisais comment utiliser ce que je venais d’apprendre avec mon pouvoir. Fermant les yeux, je pris un moment pour imaginer la scène. Un monstre géant surgissant des océans, les héros chargés de le défaire, et moi, de l’embrasser.

- Je suppose que je peux visualiser oui. Mais je n’ai pas hâte pour autant de quitter les bras d’Aphrodite, ni ma chère Australie. Je persiste à penser que je suis bien plus utile ici, à nettoyer les plages et les océans, et à faire de la prévention, que sur le terrain.

Je finis par noter la présence de la foule qui s’était arrêtée pour nous regarder et les désignais d’un mouvement de tête :

- Nous avons des spectateurs. Tu vois ce que ça fait quand on me fait travailler ? Je rends les autres improductifs.

Je pivotais de nouveau vers le Tsunami en souriant.

- En tout cas, je suis ravi d’avoir enfin put te rencontrer Alphys X ! Depuis le temps que je t’observais de loin. »

Ça y est. Il y était arrivé. Il m’avait vexé. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut accomplir aisément. Les insultes glissent sur ma peau comme l’onde des vaguelettes qui rident la mer. Mais cette fois, j’étais vexé. Je le fis comprendre uniquement à travers mon regard cependant. La confrontation et les disputes, ce n’était pas mon truc, et je l’aurais déjà pardonné avant qu’il ne s’en aille.
Mais si vous le voulez bien, permettez-moi de lui en vouloir juste un instant.
C’était facile pour lui qui était Tsunami depuis longtemps, et que j’avais put observer aller et venir inlassablement. Mais je n’avais jamais demandé à rejoindre les rangs moi. Tout ce que je voulais, c’était faire des championnats de surf. J’avais dû rejoindre les Tsunami pour échapper à la mort, à la façon qu’on épargnerai un criminel de la peine de mort en le condamnant à perpétuité. Je n’étais pas ici par volonté, mais je travaillais dur. A ma façon. Je ne pouvais pas me transformer en guerrier du jour au lendemain.

Là. C’est bon. Je suis calmé maintenant.
J’étais conscient qu’Obélisque ne faisait qu’exprimer ce que pensaient tous les Tsunami. Ils pensaient tous que j’étais inutile, et que j’étais juste le jouet d’Aphrodite. Et s’il y avait une part de vérité dedans, j’étais sûr que, le jour où je serais envoyé en mission, je leur prouverais que je saurais me montrer utile en restant moi-même.