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Leander Iris
Karen Krigen
I’m falling deep into a pit of vipers
Leander sentait le vent siffler à ses oreilles alors que Shishigami galopait si vite que ses sabots semblaient à peine toucher le sol. Pourquoi. POURQUOI était-ce LUI qu’on avait choisit pour cette mission ? Karen, il comprenait. Elle était déjà dans la forêt, elle contrôlait l’eau, c’était un choix parfait pour maîtriser un feu de forêt. Mais lui ? Il était à la Nouvelle-Orléans bon sang ! Apollon voulait il que l’entièreté de la forêt soit décimée avant qu’il n’arrive sur place ?! Et il peinait à voir en quoi son pouvoir serait de la moindre utilité dans de tel circonstance. Arrêter le temps neufs secondes ? Pour éteindre des flammes et protéger la faune et la flore ? SUPER ! Il allait être un handicap pour sa partenaire, TOUT CE QU’ELLE DETESTAIT !
Au moins avait-il put récupérer Shishigami en arrivant dans la forêt. Le cerf lui permettait de se déplacer beaucoup plus vite, et il risquait moins de se casser une jambe à courir dans la forêt, le milieu lui étant familier. Il déboula dans le camp des chasseresses, l’urgence lui faisant complètement oublier qu’Artémis refusait la présence d’homme dans son camps- de toute façon, elle ne devait pas tenir rigueur à un chasseur venant récupérer une coéquipière pour une mission n’est-ce pas ? Surtout pour une mission aussi URGENTE.
« Karen ?! Tu as reçu les informations sur le feu de forêt de la part d’Artémis ? Tu es prête à partir ?
Shishigami sentait sa panique et piétinait le sol, les yeux ronds. Il valait sans doute mieux pour lui le laisser ici. Le feu de forêt ne ferait que le faire paniquer davantage, et il ne voulait pas risquer de le perdre. De plus, il ne voyait pas en quoi il pourrait être utile dans cette situation. Il flatta l’encolure de l’animal et mit pied à terre avant de lancer aux autres chasseresses.
- Je compte sur vous pour vous occuper de lui pendant notre mission ! »
Age : 27
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Leander Iris
Karen Krigen
I’m falling deep into a pit of vipers
Leander ne put s’empêcher de fixer le seau d’eau que lui tendit Karen avec une mine dépitée. Il le prit avec un pincement au cœur. Un seau d’eau. Un vulgaire seau d’eau. Comme s’il n’était qu’un commun. Il se sentait si inutile. Et voir Karen manipuler l’eau former et étirer des colonnes en murs d’eau pour passer à l’assaut des flammes n’est pas pour l’aider à se sentir mieux. La tête basse, il obéit aux consignes qu’elle lui avait donné, désireux d’être le moins un handicap possible à sa camarade. Mais ce faisant, il ne put s’empêcher de marmonner entre ses dents :
« Désolé de ne pas être plus utile. Apollon n’aurait jamais dut m’envoyer.
Il était sûr que, pour affronter un incendie, il y avait d’autres chasseurs ou chasseresses plus utile que lui. Il peinait à voir pourquoi il avait été choisit parmi toutes les personnes disponibles.
Il restait attentif aux bruits alentours. Il ne s’agissait pas juste de sauver la forêt, mais aussi de sauver autant d’animaux que possible. Il devait tendre l’oreille aux cris de détresse.
Sous ses yeux horrifiés, des plantes menacées étaient dévorés par les flammes. Il aurait aimé donner plus de temps à Karen, mais que ferait elle de neuf secondes, en particulier si cela signifiait veiller sur lui après ?
- Quand les flammes seront éteintes, il faudra faire un état des dégâts et assister les animaux qui ont besoin de soin et peuvent encore être tirés d’affaire. »
Etait-ce pour ça qu’on l’avait choisit pour cette mission ? Pour son lien avec les animaux ? Je ne suis pas vétérinaire !
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Leander Iris
Karen Krigen
I’m falling deep into a pit of vipers
Impuissant, Leander regarde Karen faire tout le travail toute seule, s’épuisant à vu d’œil. Il se sentait aussi inutile que sur un champ de bataille. Non. Plus inutile que sur un champ de bataille. Car ici, même son pouvoir était totalement inutile. Il pouvait juste marcher derrière Karen sans lui apporter son aide.
Quand le feu est enfin éteint, sa camarade tombe brusquement au sol à cause de toute l’énergie que lui a demandé son pouvoir. Leander se rua vers elle tandis qu’elle se relevait en essayant de reprendre leur mission comme si de rien n’était. Il l’épaula aussitôt pour l’aider à tenir debout et marcher en s’appuyant sur lui.
« Vas-y doucement, on a besoin de toi.
Le chasseur avait l’un des pouvoirs- si ce n’est le pouvoir- le plus épuisant de tous ceux qu’il connaissait. Il était capable de reconnaitre les signes de fatigue chez ses camarades lorsqu’ils abusaient de leurs pouvoirs parce que le siens se déclaraient en quelque secondes. A force, il les connaissait. Il était impossible de le tromper.
- Appuie toi sur moi, ou je te jure que je te porte pour le reste de la mission. N’essaie même pas de protester, je ne te laisse pas le choix, et tu n’es pas en état de refuser.
La forêt faisait mal à voir. Même avec leur intervention, les flammes avaient bien attaqué la végétation, et la fumée prenait le photographe aux yeux et à la gorge. Difficile de distinguer quoi que ce soit dans ces conditions, encore moins des animaux qui essaieraient de se cacher. Choccobo- qui refusait de s’éloigner de lui même lors de missions périlleuses- s’était enfoui au fond de sa poche pour fuir les émanations.
- Ca ne va pas être facile de sauver les animaux… Mais c’est notre boulot, ils ont besoin de nous. »
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Leander Iris
Karen Krigen
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Karen devait en effet être vraiment épuisée pour accepter son aide sans même protester. Leander veilla sur elle et soutint son corps avec toute son attention. Elle avait travaillé dur pour sauver la forêt et les animaux. Il ne pouvait pas la laisser tomber. Quand elle s’éloigna pour cracher son sang, son estomac se noua. Ce n’était pas bon signe du tout. Elle avait besoin de soins, et d’urgence. Il ne pouvait pas la laisser continuer à marcher comme ça, même avec son soutien. Il allait devoir la porter.
Non. Il risquait d’aggraver son état. Il allait devoir veiller sur elle en attendant l’arrivée des secours.
Il était encore en train de débattre intérieurement quand il l’entendit crier le mot « serpent ». Il se redressa brusquement. Il avait souvent pris des serpents en photo dans l’exercice de ses fonctions, et s’il savait une chance, c’est qu’on ne plaisante pas avec. Si certains sont inoffensifs, d’autres sont si dangereux qu’il est fortement déconseillé de s’en approcher quand on en repère un. Il s’approcha pour voir avec horreur un énorme serpent s’enrouler autour de la jambe de sa camarade.
« Karen bon sang qu’est-ce que tu fais ?! Il est en train de s’enrouler autour de toi ne le laisse pas faire !
Il regarda autour de lui. Les espèces constrictor essayaient de jeter leurs anneaux partout sur toi pour te piéger. La première chose à faire était de l’empêcher de s’enrouler davantage. Mais il fallait aussi qu’il trouve quelque chose pour libérer Karen. Ces animaux étaient puissants, jamais ils ne sauraient le dérouler manuellement, surtout un gros spécimen comme celui-ci.
- Retiens ses anneaux, ne le laisse pas s’enrouler plus, je vais chercher comment te libérer !
Il se figea quand elle proposa de le garder et la dévisagea.
- Tu es FOLLE ?! Karen, moi aussi j’aimerais sauver tous les animaux qui en ont besoins, je suis le premier à le faire. Ce n’est pas pour rien que j’ai un poussin et un cerf. Mais on parle d’un serpent sauvage. Nous ne sommes pas équipés pour le ramener au camp en toute sécurité. Et dans ton état… Je ne pourrais jamais garantir notre sécurité à tous les deux avec un constrictor avec nous. Il est déjà en train de s’enrouler autour de toi ! Dans ton état actuel, il aura à peine besoin de serrer pour te tuer ! »
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Leander Iris
Karen Krigen
I’m falling deep into a pit of viper
« Je n’ai pas dit boa constrictor. Je vois bien que ce n’en est pas un. J’ai dit constrictor. Et tous les boidae sont des constrictors. Et c’est impossible qu’il soit né pendant l’incendie, il est beaucoup trop grand ! Karen, il a une taille adulte !
Leander observa Karen déposer le serpent à côté d’elle. Il devait avouer que l’animal ne se montrait pas menaçant et était dans un mauvais état. S’ils n’intervenaient pas, il allait mourir à cause de toute la fumée qu’il avait respiré.
- Karen, tu peux me dire autant que tu veux que mon avis ne compte pas, c’est la seule chose qui compte dans cette histoire. Sans moi, tu ne pourras jamais rentrer seule, alors avec un énorme serpent ?
Il s’approcha de l’animal avec précautions. S’ils devaient rentrer avec, il fallait déjà que le serpent ne se montre pas agressif envers lui, parce que Karen ne serait pas en état de le transporter.
- Supposons que j’accepte, comment est-on censés rentrer ? Tu n’es pas en état de marcher Karen, je ne sais même pas si tu es en état que je te porte. Tu as besoin de soins d’urgence, et lui aussi. Je ne sais pas si je vais pouvoir vous rentrer tous les deux, j’ai laissé Shishigami au camp.
Chochobo se cachait du serpent pour éviter d’être gobé en une bouchée. Le chasseur se redressa et fixa Karen ;
- Je suis un photographe animalier, pas un herboriste. Je n’y connais rien en plantes, et même si je connaissais quelque chose, elles ont toutes dut partir en fumée avec l’incendie. Je vais trouver une solution, reste là.
Ce n’est pas comme si elle pouvait aller bien loin dans son état. Il s’éloigna, priant pour que le serpent ne l’attaque pas pendant son absence, et chercha une zone qui n’avait pas été trop atteinte par l’incendie pour récupérer des branches solides et des lianes. Il assembla le tout en un brancard d’appoint. Il retourna auprès de sa camarade et glissa à côté d’elle :
- Je vais vous transporter tous les deux là-dessus, ça devrait minimiser les dommage du transport sur ton corps. C’est tout ce que j’ai trouvé. Désolé, un autre héros aurait été plus utile. »
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Leander Iris
Karen Krigen
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Karen ne démordait pas. Pour elle, ce serpent était un nouveau-né, aussi incohérent cela puisse paraître. Leander soupira avant de céder ;
« D’accord, misons sur le fait que ce soit une espèce inconnue alors. Mais ne soit pas surprise si c’est un adulte. De toute façon, les bébés serpents se débrouillent seuls dès la naissance donc ça ne change pas grand-chose.
Quand elle monta sur le brancard d’appoint en s’excusant de devoir laisser Leander la trainer, il secoua la tête ;
- Je ne t’ai été d’aucune aide pendant toute la mission, tu as fait tout le boulot, je te dois bien ça. Ne t’en fais pas, ça va juste me rappeler mes vieux entrainements militaires.
Il la tira un moment, serrant les dents. Si tirer Karen était une chose, il fallait y ajouter le poids du serpent, et le terrain inégal sur lequel il progressait. Les bosses et les racines étaient autant d’obstacles qui rendaient son travail difficile, d’autant qu’il ne voulait pas trop bousculer sa camarade. S’il le fallait, il n’hésitait pas à faire un détour pour éviter une racine particulièrement proéminente. Quand elle lui demanda de s’arrêter, il ne se fit pas prier, une courte pause lui permettrait d’attaquer la suite du trajet plus aisément.
- J’ignore si Artémis saura l’aider. J’espère. Au pire des cas, on contactera Apollon. C’est le dieu de la guérison après tout.
Quand Karen se leva, il écarquilla les yeux avec horreur ;
- NON ! Tu te recouches sur le brancard immédiatement ! Je me fiche que tu te sentes mieux, tu as craché du sang Karen ! Tu es dans un état grave, et je ne te laisserais pas produire le moindre effort avant que tu ais été examinée ! Je suis sérieux ! »
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Leander Iris
Karen Krigen
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Leander ouvrit grand ses yeux bleus en une expression surprise quand Karen saisit son visage entre ses mains. Elle essaya de le rassurer, mais ses mots ne l’atteignaient gère. S’il était inutile qu’il soit épuisé avant d’atteindre le camp, il était bien plus inutile qu’elle se tue avant de rentrer au camp. Il ouvrit la bouche pour protester, mais elle n’avait pas fini et posa son front contre le siens. Le jeune homme referma la bouche. De ce qu’il connaissait de Karen, ça ne devait pas être tous les jours qu’elle devait agir de la sorte avec quelqu’un. Mais quand elle s’éloigna pour commencer à marcher vers le camp alors que ses paroles ne l’avaient pas du tout convaincu, il se ressaisit et bondit en avant pour lui barrer le passage :
« Ça suffit ! Je ne te laisserais pas faire un pas de plus Karen ! Ce n’est pas parce que ce n’est pas la première fois que ton pouvoir te met dans cet état que tu dois te négliger, au contraire ! Je me fiche que tu te sens un peu mieux parce que tu as mangé une fleur, ce n’est pas assez ! Au mieux, ça t’aidera à mieux supporter le transport, mais certainement pas à marcher jusqu’au camp !
Il passa une main sur son visage, essayant de se calmer. Il était plus stressé que jamais et aurait bien besoin d’une cigarette pour détendre ses nerfs, mais ce n’était ni le bon moment, ni le bon endroit. Il allait devoir prendre sur lui.
- Je refuse de te regarder serrer les dents en souffrant parce que je t’ai laissé marcher. Retourne sur le brancard Karen. Je ne te laisse pas le choix. Ta fierté s’en remettra. Pour ton corps, ce sera plus difficile. Si tu refuses, tu ne me laisseras pas d’autre choix que de te porter, et ça rendra les choses plus difficiles pour nous deux. »
Il planta son regard dans celui de Karen, déterminé. Si elle essayait de faire un pas de plus en avant, il n’hésiterait pas à utiliser son pouvoir pour l’en empêcher.
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Je reste ainsi sans bouger un instant, l’écoutant. Je dois rester calme pour prendre la décision la plus rationnel. Car si Leander pète un plomb nous ne seront pas plus avancé. Comment il fait pour paniquer à ce point ? je ne vais pas mourir… souffrir je connais… je ne vais pas pleurer parce que je serre les dents une heure… mais lui il semble dans un état pas possible. Pourquoi ? qu’est ce qui fait qu’une personne comme Leander s’inquiète aussi facilement ? c’est un ancien sniper… il a dû en voir mourir des gens… des collègues d’arme… peut-être est ça la raison ? je soupire ouvrant finalement lentement les yeux pour l’observer. Son regard est dans le mien. Et j’y voit une forme de détermination. Il serait capable de faire une bêtise pour m’arrêter j’en suis persuadé. En toute logique le moins dangereux serait de m’assommer, mais vu son état de panique je doute qu’il est une fois envisagé cette option. Le pire qui pourrait arriver est donc qu’il use de magie… et les effets serait désastreux car je ne pourrais pas m’occuper de lui si cela arrive. Ma main s’approche de son visage pour lui donner une pichenette sur le front.
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Leander Iris
Edward Silverback
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Karen donna une pichenette sur le front de Leander qui recula vivement en protestant ;
« Aïe ! C’est comme ça que tu me remercie de me soucier de toi ? La prochaine fois je te laisserais te faire dévorer par un serpent !
Mais la lueur dans son regard montrait qu’il protestait avec humour, et était surtout extrêmement soulagé de voir sa camarade finalement se montrer raisonnable. Il saisit de nouveau le brancard pour reprendre la route, réfléchissant un instant à ce qu’il allait répondre à la chasseresse. Pourquoi était-il si paniqué ? Il ne savait pas vraiment. C’était son tempérament. C’était son caractère. Il était toujours facilement stressé. Et, si parfois cela se montrait utile- comme lorsqu’il s’agissait de rattraper une camarade pas assez paniquée sur son état de santé justement- le reste du temps, cela lui jouait souvent des tours.
– Je n’ai pas vraiment de réponse à te donner. J’ai juste… Toujours été comme ça. Je m’inquiète facilement. Pour moi, comme pour les autres. Surtout quand je tiens à la personne en question.
Contrairement à Karen, ce n’était pas quelque chose de dur ni d’exceptionnel que de dire qu’il tenait à elle. C’était sa camarade, il l’appréciait, et il la considérait comme une amie. Il tenait à elle, il n’avait pas besoin de le cacher.
Si elle avait un homme, ça aurait été une autre histoire.
- Je sais que j’ai besoin d’apprendre à me calmer. Quand je panique, j’ai tendance à m’imaginer les pires scénarios et je panique de plus en plus. Je suis régulièrement sujet aux crises de paniques… Mais là, j’avais toutes mes raisons de m’inquiéter Karen. Ma peur pour toi était tout ce qu’il y a de plus sein. C’est ton absence d’émotions qui m’inquiète. S’inquiéter, c’est normal. C’est ce qui sert à se protéger, à protéger les autres. Si tu ne t’inquiète jamais, tu te mettras en danger inutilement. Je ne veux pas te perdre pour ça. Alors si tu ne t’inquiètes pas pour toi… Je m’inquièterais pour toi à ta place. »
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Leander Iris
Karen Krigen
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Leander écouta les paroles de Karen en silence. Il n’était pas d’accord avec elle. Il n’allait pas prétendre qu’il n’avait pas tendance à trop paniquer, mais justement, si sa panique était ce qui avait poussé Karen à retourner sur le brancard, elle ne faisait qu’appuyer sur argument. Parce que, qu’elle l’admette ou non, elle n’était pas en état de faire le trajet du retour.
« Peut-être que j’aurais utilisé mon pouvoir le temps de te remettre sur le brancard. Et j’aurais eu besoin de me reposer un peu avant de reprendre la route après ça. Mais ça me semble toujours plus raisonnable que de te laisser marcher. Tu penses aller bien Karen, mais tu pourrais causer des dégâts grave et irréversible à ton corps si tu le pousse davantage. Le fait que tu aies déjà survécu à de pire situation n’est pas une raison de pousser ton corps de la sorte. Je suis là pour t’aider, tu peux compter sur moi, tu n’as pas besoin de te mettre en danger. Au contraire, si tu as déjà vécu pire, ton corps doit déjà avoir encaissé de lourds dommages, ce ne serait pas raisonnable de lui demander plus par fierté si tu peux lui épargner davantage de dégâts.
Il ferma les yeux en repensant au visage défiguré de Tiamat. Une cicatrice qu’il allait porter à vie parce que Leander n’avait pas été capable de l’aider pendant tout son combat contre les fourmis géantes qui les attaquaient. Parce qu’il avait perdu connaissance- et avait failli mourir- en repoussant ses limites.
- Tu peux compter sur moi Karen. Je serais toujours là pour veiller sur les autres, y compris toi.
Il étira un peu ses muscles en marchant avant de hocher la tête.
- J’aurais de sale courbatures demains, mais ça va aller, ne t’en fais pas. En plus, on est bientôt arrivés. Regarde. Le serpent et toi allez recevoir les soins nécessaires Karen.
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Et en effet le camp est proche, plus que quelque mètre à forcer. Dès qu’on arrive il y a un comité d’accueil, dont je me passerais bien. Artémis semble aussi là comme si elle attendait une réponse sur les résultats de notre mission. Je sais que suis une gamine parfois arrogante mais pour le coup la déesse me parait impressionnante dans mon état de faiblesse.
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Karen Krigen
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Leander avait bien manqué s’arrêté à la révélation de Karen. Il la fixa un moment, mais décida de lui en parler quand elle aurait reçu les soins nécessaires et se reposerais correctement. Et surtout, qu’ils seraient seuls à seuls. Il n’allait pas lui parler de ça devant les autres chasseresses.
Arrivé au camp, il fit son rapport rapide à la suite de celui de Karen, expliquant que le serpent, mais aussi sa camarade avaient besoin de soins d’urgence. Une jeune femme aux cheveux blancs fut appelée pour prendre soin d’eux. Toutes sortes d’insectes voletaient autour d’elle. Sans perdre de temps, elle donna des concoctions à base de plantes à Karen avant de grimacer en regardant l’animal ;
« Je ne suis pas vétérinaire, je vais faire de mon mieux pour le guérir mais je ne sais pas quelles doses sont adaptées et si ce qui fonctionne pour les humains n’est pas toxique pour lui. Encore moins comment lui faire prendre les remèdes. »
Pendant qu’elle essayait de le soigner sous les conseils d’Artémis, Leander s’approcha de Karen pour la prendre à part.
« Comment te sens tu ? Les remèdes-t-on fait du bien ?
Il lui tendit à boire, ainsi qu’une assiette encore fumante d’un met tout juste cuisiné.
- Je t’ai préparé ça. Pour toi reprendre des forces. J’ai demandé à une de tes camarades de me filer quelque ingrédient pour toi en échange d’une portion. Prends le temps de te reposer, tu l’as mérité.
Il rougit un peu.
- Je… J’espère que ça te plaira. Je ne connais pas vraiment tes goûts mais… Je… J’y ai mis tout mon cœur.
D’un point de vu extérieur, il pouvait sembler essayer de la draguer à nouveau. D’ailleurs, certaines chasseresses le fixèrent avant de marmonner entre elle en lançant un regard en coin vers Artémis, craignant la réaction de la déesse si elle voyait ça. Mais il était en réalité parfaitement sincère. Il aimait la photo, mais il aimait aussi cuisiner. S’il n’était pas aussi talentueux pour cuisiner que pour prendre des photos, ses repas n’en demeuraient pas moins succulents. Mais on ne l’entendra jamais s’en vanter.
- Artémis a dit qu’elle a besoin d’un peu de temps pour affirmer avec certitude l’espèce du serpent. Elle a des soupçons, mais elle a du mal à y croire. Elle donnera son verdict quand il sera soigné. En attendant… J’aimerais pouvoir te parler de ce que tu as dit tout à l’heure… Si tu veux bien évidemment.
Il s’installa à côté d’elle et demeura silencieux un moment, cherchant comment aborder le sujet, avant de reprendre ;
- Je ne peux pas comprendre ce que ça fait pour toi d’avoir perdu ça. Je ne peux que compatir, mais je ne pourrais jamais savoir ce que ça fait.
Il avait toujours sut qu’il n’aurait jamais d’enfant biologique. Du moins, pas avec la personne qu’il aime.
- Mais... Excuse-moi… Je… Je me permets peut-être de dire des trucs que je ne peux pas. Mais. Je ne pense pas que c’est ce qui devrait y avoir de plus important. Tu… Il y a encore plein d’autres façons d’avoir des enfants. Elles sont tout autant légitimes. Tu… Tu n’es pas moins une femme qu’une autre.
Il baissa la tête.
- Pardon. Ça ne me regarde pas. Je devrais m’en aller avant de dire plus de connerie. »
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Quand Karen complimenta Leander sur sa cuisine, il rougit vivement. De toute évidence, savoir que son repas plaisait à la jeune femme comptait beaucoup pour lui. Il passa une main dans ses cheveux pour essayer de reprendre de la contenance en laissant échapper un rire gêné. Il ne savait pas du tout comment réagir face à un compliment aussi sincère.
« N’exagère pas, ce n’est rien de spécial. C’est juste ce qu’il faut pour offrir de bon petit plat à mon… Ma famille. A ma future copine.
Il écouta la chasseresse en silence jusqu’à ce qu’elle vienne lui donner une nouvelle pichenette sur le front. En réponse, il rit avant de lancer avec amusement ;
- On dirait que je vais devoir m’habituer à ça avec toi. Je suppose que c’est mieux que les coups de poings.
Il la regarda, un sourire radieux illuminant son visage, les yeux étincelants. De toute évidence, il était à l’aise avec Karen, même s’il continuait à se cacher.
- Je comprends parfaitement, Karen. Si on me demandait… Je ne changerais rien à mes choix moi non plus. Même ceux que j’ai repensé. J’accepterais même que tu me frappes à nouveau si c’est nécessaire.
Il s’approcha d’elle pour passer ses bras autour d’elle et la serrer contre lui. Il fit attention à ne pas serrer trop fort pour ne pas la blesser davantage dans son état, et il savait qu’elle allait sûrement se dérober presque aussitôt. Il ne la retiendrait pas. Il voulait juste lui manifester un peu d’affection. A sa façon.
- Ca n’existe pas trop gentil. Si je n’étais pas comme ça, comment je pourrais convaincre tout le monde de mettre nos différents de côté ? Et puis, toi aussi tu es gentille, à ta façon. »
L’infirmière semblait avoir fini de traiter le serpent et s’approcha pour ordonner à Karen de revenir la voir le lendemain pour qu’elle puisse suivre son rétablissement.
« Et ne t’avises pas d’essayer de me fuir. Mes insectes te retrouveront où que tu ailles. Artémis m'a dit de t'informer qu'elle pense savoir ce qu'est ton serpent. »
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Leander ne fut guère surpris que sa camarade le repousse, et la laissa faire sans protester, mais non sans lui lancer une œillade amusée et lui dire en tirant la langue :
« Toi aussi, faudra t’y faire !
Il ne rebondit pas sur son refus d’admettre qu’elle était gentille. Ses actions parlaient plus fort que ses mots, et il était sûr que, au fond d’elle-même, elle en était consciente. Il observa l’infirmière des chasseresses avant de se pencher sur Karen ;
- Elle est plutôt mignonne. Tu voudras bien me la présenter ?
Il savait pertinemment que sa camarade allait le frapper pour toute réponse. Mais il fallait bien qu’il prétendre s’intéresser à quelqu’un comme cette Frédéric s’il voulait qu’on avale sont mensonge, n’est-ce pas ? Il resta un peu en rentrait pendant que Karen parlait à Artémis, conscient que la déesse ne faisait que tolérer sa présence prolongée dans le camp parce qu’elle connaissait son orientation sexuelle, mais ne le tenait pas en haute estime pour autant. Il demeura bouche-bée en apprenant que le serpent était un titanoboa, une espèce censée être éteinte depuis…. Depuis…. Il ne savait pas en fait, l’histoire n’était pas son fort. Mais il écarquilla plus encore les yeux quand Karen demanda à le garder, choisissant déjà un nom pour le fossile vivant. Il attrapa le bras de la jeune femme.
- Je peux te parler seul à seul un instant Karen ?
Il la tira un peu à l’écart pour plonger un regard sérieux dans celui de son amie. En cet instant, il n’était plus le Leander qui cache son homosexualité. Il n’était plus le Leander anxieux et sujet aux crises de panique. Il n’était pas non plus le Leander qui aime s’amuser et plaisanter. Il était le Leander qui a lui-même recueilli deux animaux et qui prend le sujet très au sérieux.
- Karen, ne prend pas cette décision sur un coup de tête s’il te plaît. Tu as conscience de la taille que fera cette bête une fois adulte ? Il sera énorme ! Tu as une idée de l’endroit où il pourra vivre ? Comment il pourra se nourrir ? On connait très peu de chose sur eux, juste des suppositions basées sur ce qu’on a retrouvé d’eux, et ce qu’on connait des serpents aujourd’hui. Ça ne va pas être facile de s’occuper de lui, Artémis est sûrement plus qualifié pour ça. Je suis sérieux. Si Shishigami vit dans une clairière ici au lieu d’être parmi les siens, c’est parce que je n’ai pas été capable d’en prendre soin de façon appropriée pour sa réhabilitation. Karen, ce sera très difficile et très prenant. Je veux que tu réfléchisses vraiment cette décision avant de la prendre.
Il fit un pause avant d’ajouter ;
- Mais si tu décides de le garder… Tu pourras compter sur mon aide. Je te le promets. »
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Leander ne fut guère surpris du refus de Karen à lui présenter la jeune femme aux cheveux blancs. Et, à vrai dire, il préférait que les choses soient ainsi. Elle avait l’air gentille, il n’avait pas envie de lui faire du mal. Mais… En fait, tout bien réfléchi, il ETAIT surpris. Surpris qu’elle l’a juste menacé de le frapper au lieu de le frapper sans prévenir. C’est qu’elle s’adoucissait à son égard ! Il commençait à lui plaire !
Après qu’il ait mit Karen en garde sur les besoin du serpent- pouvait-il vraiment l’appeler serpent ?- et des efforts et de l’attention qu’il allait réclamer, sa camarade lui répondit qu’elle en était consciente, mais qu’elle sentait qu’elle pouvait, qu’elle devait s’occuper du titanoboa. Le chasseur soupira en regardant le bébé. Si elle était têtue, elle marquait un point ; elle était chasseresse, elle était avec Artémis. La déesse pourrait l’aider à s’occuper de l’animal. Mais au moins, quand elle serait occupée par ses devoirs de divinité, le serpent aurait toujours Karen. Et il était mieux ici qu’ailleurs. Sans compter qu’il avait pu constater avant de rejoindre le camp que Jörmungand semblait déjà attaché à la chasseresse.
« D’accord. Je te fais confiance. Mais je vais demander la permission à Artémis de rester au camp quelques temps. Au moins une semaine. Comme ça je serais là pour t’aider rapidement au début. Je veux être sûr que tu ne reproduise pas avec lui les erreurs que j’ai commise avec Shishigami. Tu pourras toujours compter sur moi, peu importe la situation. Même si on vient de se disputer. Le bien être de Jörmungand passe en priorité.
Il sourit et se pencha sur l’oreille de Karen pour chuchoter ;
- Tu commences à t’attacher à moi, pas vrai ? »
Il ne disait pas ça par sous-entendu graveleux. Il disait sincèrement ce qu’il avait pu noter, avec une certaine étincelle de taquinerie, certes, mais c’était l’amitié qui le motivait.
Age : 27
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