Quand Héphaïstos a annoncé à Brunehilde qu’elle allait devoir quitter la forge pour partir en mission, sa réaction initiale devait ressembler à « mais j’aime la forge ! ». Mais, quand il lui a annoncé qu’elle allait partir en mission avec Alexis, avec qui elle avait grandi et qu’elle considérait comme une sœur, elle s’était vite muée en ; «C’est trop génial ! Merci Héphaïstos ! Je file ! »
Elle attendit celle avec qui elle avait fait les quatre-cent coups, enfant, devant l’entrée des forges, afin de pouvoir aller prendre l’avion ensemble. Son seul bagage était son armure dont elle était déjà parée. Quand Alexis la rejoint enfin, Brunehilde l’accueillit d’une bourrade amicale dans le dos.

« J’arrive pas à croire qu’on aille en mission ensemble ! Manque plus qu’Tane, et l’groupe est réuni ! Avec son cerveau en plus, on s’rait imbattables ! Non pas qu’on l’sois pas d’jà ensemble, toi et moi !

Leur mission étant en Inde, elles avaient pas mal de temps devant elle pour juste profiter d’être pour une fois toute les deux côtes à côte sans être le nez dans leur boulot, et ainsi pouvoir à nouveau bavarder comme deux sœurs comme elles le faisaient autrefois. Sans forcément que ça ne concerne l’arme ou l’armure sur laquelle l’une ou l’autre est en train de bosser.

- J’ai l’impression qu’Héphaïstos en a marre de m’voir trainer dans les forges. Ch’ui à peine rev’nu d’Egypte qu’il m’envoi en Asie ! Mais j’me plains pas si ça m’permet de passer du temps rien qu’avec toi !

Elle survola l’ordre de mission avant de le replier.

- J’comprends mieux pourquoi il nous envoie toutes les deux si ces machins s’attaquent qu’aux hommes. Mieux vaut pas envoyer d’homme du coup. J’les laisserais pas toucher à un ch’veux d’Tane ! On va leur apprendre à bien s’tenir, pas vrai Alex ?!

EPSILON

Brunehilde écarquilla les yeux face à la révélation de se sœur. Et elle lui annonçait ça comme ça, comme si ce n’était rien d’important, juste une conversation pour tuer le temps comme quand on parle de la pluie et du beau temps.

« T’as retrouvé tonton Magnus ! Pourquoi j’l’apprend qu’mait’nant ? T’aurais du m’prévenir aussitôt ! M’appeler, m’envoyer un sms, un truc du genre ! J’veux dire… C’est pas rien ! C’est tonton Magnus quand même ! Il était où ? Il va bien ? Qu’est-c’qui s’est passé ? Il a une copine maint’nant ?

Elle voulait tout savoir de la nouvelle vie de celui qu’elle considérait comme son oncle. Tout de même, pour avoir disparu si longtemps, il fallait qu’il soit au moins aussi heureux qu’il ne l’était avec eux ! Sinon, les oreilles de son nouvel entourage allaient chauffer. Littéralement.

- J’sais bien qu’Tane est pas l’seul homme qui mérite ma protection. Ch’ui dans l’camp des chevalier après tout, c’est mon job d’protéger tout l’monde. Mais disons qu’l’idée d’protéger Tane m’motive encore plus !

Pour tuer le temps pendant le trajet, Alexis demanda à sa sœur de lui raconter sa mission en Egypte. La forgeronne réfléchit par où commencer avant de se lancer ;

- J’devais éliminer un Serpopard. Un genre d’chimère égyptienne avec un corps d’léopard et une tête d’serpent. Enfin, la tête et l’long coup. C’est un genre d’incarnation du chaos, autant dire qu’ça peut foutre le bordel là où ça passe. J’étais avec un chasseur. C’était justement un égyptien alors il connaissait bien les lieux. Un certain Azir. Il était à peine plus habillé qu’Tane.

Elle ajouta cette dernière phrase avec une pointe d’humour qui suffisait à peine à rappeler qu’elle ramenait encore la conversation à son frère.

EPSILON

Brunehilde baissa les yeux quand Alexis lui expliqua pourquoi Magnus avait disparu. Pendant un instant, le flash de l’explosion qui avait coûté la vie à sa mère lui revint et lui arracha un frisson. Elle ne savait que trop bien ce qu’il avait dut ressentir. Mais c’était justement pour ça qu’elle fut furieuse contre lui.

« C’est une blague ?! On est presque tous passé par là ! Il aurait dut savoir qu’on était là pour l’aider !

Elle ravala sa colère. Ce n’était pas contre Alexis qu’elle devait s’emporter. C’était Magnus qui avait disparu du jour au lendemain sans prévenir personne. Serrant les poings, elle inspira profondément avant de tourner la tête vers sa sœur en souriant ;

- C’est rien. J’comprends. J’paris que t’as dut lui passer une rossée à lui en faire perdre les dents ! Moi aussi ch’ui furieuse. J’aurais deux trois mots à lui communiquer avec mes poings.

Quand Alexis annonça qu’elle avait aussi été en mission avec Azir, Brunehilde écarquilla les yeux ;

- Attends. Je connais ce regard. T’as pas juste été en mission avec lui ! Dit m’en plus Alex !

S’enthousiasma-t-elle.

EPSILON

Brunehilde ricana quand Alexis nota qu’il valait mieux que ce soit elle qui frappe Magnus. Ce n’était pas faux. S’il survivait à un coup de poing furieux de leur sœur, l’ancien chevalier le regretterait surement. Ceci dit, Brunehilde pouvait être imprévisible aussi si elle ne surveillait pas son pouvoir. Elle n’avait pas envie de marquer son visage d’une large brûlure.
Les aveux d’Alexis firent par contre écarquiller les yeux de la forgeronne qui cacha bien mal son excitation. Elle avait eu plusieurs aventures avec deux personnes ?! Et elle ne lui en avait même pas parlé ?! Brunhilde planta ses yeux étincelant dans ceux de sa sœur :

« T’as intérêt à TOUT me raconter ! T’as des vus dessus ? Ne m’fais pas croire qu’ça veux rien dire ! Ils t’plaisent forcément pour qu’tu déroges à ta règle comme tu l’dis ! La famille va bientôt s’agrandir ? J’veux TOUT savoir !

L’enthousiasme énergique de l’Hephaïstos était certes chaleureux, mais pouvait aussi rapidement se montrer très invasif et étouffant. Elle écouta sa sœur, buvant chacune de ses paroles comme assoiffée d’informations. Quand Alexis revint finalement sur le sujet de la mission, elle mit un moment à se rappeler qu’elles étaient en effet en déplacement pour chasser des monstres, et non pour raconter des ragots sur leur vie sentimentale. Elle hocha la tête ;

- Le souci, c’est qu’les chepides attaquent les hommes dans leurs sommeils. S’ils sont attaqués, ils en savent rien. Faudrait s’renseigner sur les morts étranges et les histoires d’couples qui battent de l’aile. On peut aussi risquer de d’mander aux gens s’ils ont vu des tigres d’nuit récemment. Avec des femmes nues d’ssus.

Elle secoua la tête.

- Honnêtement, ces monstres sont tellement perchés, si y’avait pas d’morts j’croirais qu’c’est juste des mythos d’hommes qu’y veulent cacher qu’ils ont eu des affaires. « C’pas moi chéri, j’ai été attaqué par un fantôme dans mon sommeil, j’te jure, ch’ui innocent. »

EPSILON

Les yeux bleu ciel de Brunehilde étincelèrent à la mention de la mercenaire qui allait rejoindre leur famille. Elle fixa sa sœur avec intensité, le genre de regard qui laissa bien comprendre qu’elle n’échappera pas à un questionnaire détaillé, et qu’elle attendra des réponse à chaque question.

« Faudra qu’tu nous la présente aussi vite que possible ! Tu sais qu’on voudra tous la rencontrer aux forges ! Oh ! Mais prévient à l’avance ! Lucy voudra la rencontrer aussi ! Y va être tellement fier ! Comme un père qui voit ses enfants grandir ! Et Tane…

Elle s’interrompit brusquement et se racla la gorge.

–Enfin… On aura l’temps pour ça plus tard. On a une mission sur les bras pour l’instant. J’vais essayer d’interroger les gens, et voir si y’a des comportements suspects. Genre si des couples se disputent ou quelque chose. Si on parvient à repérer une victime, ça pourrait nous donner un coup d’pouce !

Elle s’éloigna de sa sœur, un peu à regret- elle aurait tant aimé la bombarder de plus de questions !- afin d’interroger les riverains. Mais, la plupart du temps, quand elle demandait aux gens s’ils avaient vu quelque chose d’étrange récemment, ils jetaient un regard entendu à son armure.

- Au moins j’suis pas toute nue, moi !

Pesta-t-elle lorsqu’elle retourna au point de rendez-vous pour retrouver sa sœur, ce qui lui valut à nouveau quelque regard de travers. Elle croisa les bras et dressa le menton sans regret avant que quelqu’un ne l’approche, les yeux écarquillés ;

- Vous les avez vues aussi ? La femme nue et le tigre qui débarquent en ville chaque nuit ? Je n’en ferme plus l’œil, j’ai peur qu’elle entre dans ma maison, et que son tigre me dévore !

Brunehilde le fixa, les yeux arrondis par la surprise, avant de sourire ;

- Ben vous pourrez dormir à nouveau maint’nant ! Ma sœur et moi, on va les chasser d’ici, y oseront plus jamais v’nir !

EPSILON