Dégage, gamine.

Maze descendait de l'avion privé, ajustant son sac à main en cuir de marque Gucci sur son épaule. Arrivée sur le tarmac, on pouvait déjà entendre ses haut-talon claquer alors qu’elle marchait avec la grâce d’une princesse, les épaules et la tête haute comme si le monde entier lui appartenait. Elle dominait d’une demi tête sa compagne dans la vie comme dans le spectacle, Kali, qui marchait à ses coté, habillée plus décontractée mais dont le visage exprimait une forte arrogance.

Autant dire que, une fois chez Artémis, on les remarquait de loin. Dans la lumière du jour, les griffes de Maze brillaient avec intensité. Cela ne faisait que quelques heures qu’elle les portait mais, déjà, elle sentait cette arme mortelle comme un simple prolongement de ses doigts. On leur prévint alors de se rendre dans l’immédiat au terrain d'entrainement. Un long soupire s’'échappa de la bouche de Maze.

« On vient de faire quatorze heures de vol... et nous n’avons même pas droit à un peu de repos ? »

Lâcha-t-elle, levant un sourcil, un air dédaigneux sur le visage. Néanmoins, elle n’avait pas trop envie de se mettre à dos la Déesse dès leur premier mois, avant même d’avoir accomplis une seule mission. Alors elle se résigna à se rendre au terrain d'entrainement avec sa femme, sans même changer de tenue. Pour quoi faire de toute manière ? Elle avait une pleine confiance en ses capacités et s'était déjà battu avec des tenues beaucoup moins adaptées que celle-ci. En parlant de cela, elle était habillée d’une veste en cuir noir qui était ouverte sur son buste dont le seul vêtement semblait être une sorte de débardeur particulièrement court et moulant, cachant uniquement sa poitrine. En bas, un pantalon en cuir noir de motard et des escarpins en cuir cloutés. Oui, ce jour-là, elle avait décidé d’opter pour un look assez rock, mais qui restait en accord avec ce qu’elle portait habituellement. Juste avant d'arriver, elle entendit le cri d’un rapace avant de, finalement, voir à l’autre bout du terrain d'entrainement une jeune femme... Une très jeune femme.

« C’est une plaisanterie. »

Lâcha-t-elle en détaillant de haut en bas la rouquine. Elle était habillée telle une guerrière. Pourtant, elle semblait, surtout, terriblement jeune. Pourquoi Artémis avait-elle désigné cette morveuse pour les entrainer ?... Quitte à apprendre des choses, Maze aurait préféré tomber sur quelqu'un de son âge et non sur une gamine qui devait encore avoir l'esprit embrumé par des hormones un peu trop anarchique. À ses yeux, cette belle rouquine ne ressemblait qu’à une adolescente en pleine crise.

Sans même lui dire bonjour, alors qu’elles arrivaient à sa hauteur, elle lui lança.

« Alors c’est toi qu’Artémis nous envoie. ~»

Son air était pleinement dédaigneux. Maze n'avait clairement pas envie de s’entrainer et encore moins avec une morveuse tout juste sortie de l’adolescence... Si cela avait été un homme, elle aurait surement tourné les talons sans hésiter. Mais, étant donné qu'il s’agissait d’une femme, elle voulait bien, tout de même, lui accorder le bénéfice du doute.

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Cours, petite... Tant qu'il te reste encore des jambes

Maze possède bien des vices, et elle ne s’en cache pas elle-même. Mais le pire est peut-être celui de de ne pas considérer les « autres » comme des personnes à part entière. Kali restait une personne exceptionnelle à ses yeux. La seule qui lui était supérieur sur bien des critères. Non, Maze n'avait certainement pas oublié qui l’avait sortie de là et que la jeune femme est bien moins âgée qu’elle. Néanmoins, il lui était inacceptable de comparer Kali avec cette gamine. A ses yeux, cela aurait été une offense au talent et à l'intelligence de sa compagne.

D’ailleurs, Kali semblait tout aussi septique qu’elle. Si Maze s'était montrée subtile en montrant que la belle aux cheveux roux ne correspondait pas vraiment à leurs attentes, Kali rentra littéralement dans le tas, mettant le doigt sur sa carrure et sa probable inexpérience. De plus, elle appuya sur son passé douteux, ses fréquentations passées et sa croisade en solitaire contre les monstres, à la mort de ses parents. Mais il ne fallait pas s’y tromper. Si la danseuse était, de loin, la plus expérimenté et la plus motivée, Maze n’était jamais que son ombre, suivant ses pas, ses actions et, même, ses émotions, ce qui la rendait d’autant plus redoutable. La chanteuse était une ombre mortelle dans sillage de sa femme.

C’est alors que le serpent et l’aigle se mirent à menacer les deux femmes. Eve, la vieille tarentule de Maze sortit de sa poche intérieure et lâcha un curieux cri, levant ses longues pattes de devant, menaçante. Bien qu’âgée et une véritable proie face à ces deux créatures, elle ne comptait pas se laisser démonter face à ces bêtes-là, prouvant bien qu'elle ne laisserait personne menacer sa grande sœur. Alors que Karen calmait ses animaux de compagnie, Maze prit doucement sa tarentule dans sa main gauche et la caressa avec le plat des griffes de sa main droite.

« Tout va bien, Eve... Je ne le les laisserai pas nous faire de mal... »

Elle avait beau avoir conservé une voix calme, les menaces profanées par les bêtes ne lui avaient pas plu du tout. D’habitude, elle apprécie les animaux (plus que les humains je veux dire), mais ceux-là ne lui plaisaient pas. Ils étaient domestiqués, dressés. C'était le propre des chasseurs me direz-vous, mais elle n’aimait pas du tout ce qui en ressortait. Cela n’avait rien à voir avec la fraternité entre elle et Eve. C'était une ébauche d'amitié... Un esclavage embelli.

En tout cas, leurs remarques semblèrent avoir touché la jeune femme qui, bien que d'apparence calme, semblait déjà bouillir de l’intérieur. Une sensation exacerbée d'humidité se fit sentir dans l'air. Maze ne put s'empêcher de soupirer. Probablement une magie sur la maitrise de l’eau ? Peu importe... C'était bien une gamine. Incapable de maitriser ses sentiments et sa magie. Décidément, alors qu’elle semblait observer (ou plutôt juger) leur choix d'armes, la femme araignée eut plus envie encore de tourner les talons. Mais un sourire mauvais s’étirait sur ses lèvres. Plutôt que de tourner les talons, elle avait hâte de montrer à cette gamine qu’elles n’avaient pas besoin d'elle. Que miss ginger devait retourner pleurer dans les bras de sa maman qu'elle n’aurait pas dû quitter aussi tôt.

« Plait-il ? »

Elle leva un sourcil à sa remarque. Au moins, on ne pouvait pas lui retirer que cette petite avait du cran... Ou alors elle ne savait vraiment pas à qui elle parlait. Hum, à la réflexion, c'était surement la deuxième option. La rouquine ne les connaissait pas et les prenaient simplement pour des stars arrogantes… Sauf qu’il n’y a arrogance que lorsque l’on surestime ses capacités. Or, pour Maze, il n’y avait rien de surestimé. Elles étaient ainsi et elle allait bientôt comprendre que, même sans entrainement au combat, rien ni personne ne pouvait les surpasser.

C’est alors que la rouquine fit apparaitre une lame de glace dans chacune de ses mains avant de planter l'épée noire qu’elle avait dans son dos devant son serpent. Ses paroles firent rire doucement Maze… Un rire moqueur, effrayant... Le rire qu’elle avait tendance à laisser s'exprimer juste avant de fondre sur sa proie. Rire que, même Kali, n'avait dû entendre qu'une seule fois : Le jour de leur demande en mariage. Ce rire froid était signe qu'elle n'allait pas faire dans la dentelle. Cette fille avait froissé leur image et leur honneur et, là, elle les sous-estime. Pauvre folle... Tu vas mourir devant tes bêtes.

Elle se tourna doucement vers son araignée et lui siffla d'aller se mettre à couvert. La tarentule ne se fit pas prier, comprenant que sa sœur était en colère bien au-delà de l’acceptable, et grimpa dans un arbre voisin où elle aurait tout le loisir d'observer la scène à l’abris.

« Et après ce sont nous les arrogantes... Gamine, tu es née dix ans trop tard pour nous faire la leçon. Et tu sous estimes les mauvaises personnes...»

Maze déploya ses pattes, son sourire vibrant à peine sur son visage. Cette petite l’avait sacrément énervée et elle allait avoir beaucoup de mal à ne pas la tuer. Elle passa une de ses griffes sur ses lèvres, ce qui lui donnait l’air d’une allumeuse particulièrement tordue... La mère des araignées avait soif de sang et le carnage en vue l’excitait déjà…

« Tu devrais rentrer chez toi et pleurer dans les bras de ta maman... Tant que tu as encore des jambes pour courir... »

Elle l’avait bien respectée au départ parce qu'elle était une femme. Pourtant, à présent, elle n’aura aucun remord à la mettre en pièce.

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Qui est prédateur... Qui est la proie ?

Maze avait gardé un œil, malgré toute sa fureur, sur sa femme. Kali était imprévisible dans ce genre de situation, même pour la femme araignée qui vivait avec elle depuis bien longtemps. Mais ce genre de calme apparent ne lui plaisait guère. La dernière fois qu’elle avait vu la danseuse ainsi, elle avait fini par sauter sur sa moto pour disparaitre durant plusieurs jours. Si l’absence de peur rendait Kali plus dangereuse, encore, qu’elle, cela la mettait irrémédiablement en danger dans ce genre de situation. Bien que jeune et arrogante, la rousse restait un héros, comme elles, et elle semblait parfaitement maitriser son feu.

Je pense pouvoir dire que c’est cette prise de conscience soudaine qui l’a stoppée dans son élan. Ça, mais pas seulement. Le regard de la rouquine avait changé. Ce regard, Maze le voyait chaque jour devant son miroir : elle avait le même regard, continuellement. Celui d’une personne qui a tué et qui est prête à tuer dans l’instant. La femme araignée se rendit compte qu’elle avait peur que Kali soit blessée. Cette peur la tétanisa pendant une seconde. Une seule… petite… seconde. Cela avait suffit pour Kali et la rouquine à échanger une salve. Mais Maze se reprit bien vite et se faufila dans le peu d’ombre qu’elle trouvait : en bordure de la clairière… Kali avait été repoussée, mais elle n’était pas blessée. Cependant, la vitesse d’exécution de la jeune rouquine avait été impressionnante, surtout face à la vélocité de Kali.

C’est alors que cette étrange jeune femme la provoqua. Agacée ultimement, Maze se tapit dans le bois, tel un chat monté sur huit pattes… Avant de bondir avec toute la force de ses membres arachnides. Elle se projeta dans le dos de la chasseresse… Mais, à présent, elle avait des doutes concernant sa capacité à faire mouche du premier coup. Ce n’était pas là une proie comme les autres. La femme araignée, alors, roula de coté pour éviter un éventuel coup d’épée et enchaina avec ses huit membres la rouquine de coups, visant des endroits vitaux ou des rotules, cherchant à lui arracher un bras ou une jambe… La tête, seules ses jambes aux talons pointus s’y risquaient.

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J'aimerais te connaitre.

Maze ne comprenait rien à ce qu’il ne se passait. Certains de ses coups auraient dû toucher. Après tout, elle avait l’avantage du nombre de pattes et, sans être une guerrière dans l’âme, elle restait une danseuse et, autant dire que, dans ses mouvements, il y avait quelque chose de rapide et précis comme une chorégraphie. Or, les coups qui étaient là, plus pour appeler le suivant qu’autre chose, parfois, touchaient leur cible. Il n’y avait absolument rien de logique dans ce qu’il se passait là. Si encore la rouquine combattait avec tout ses pouvoirs et son épée en prime, elle pourrait comprendre que ses coups ne l’atteignent pas… Mais là, cette gamine était en train de les ridiculiser sans même vraiment attaquer.

Alors que Kali revenait à l’attaque, la femme araignée sentit une vague de fraicheur et ses pattes d’araignées se retrouvèrent soudainement prisent dans la glace. Déséquilibrée par la soudaine raideur de ses membres, elle tomba, face contre la terre humide. Elle vit sa femme se prendre un nouveau coup… Sans doute celui de trop pour faire craquer l’humeur de Maze. Un cri strident s’échappa de ses lèvres : Elle appelait une armée d’araignée… L’avantage en Amérique du Sud était la présence d’espèces relativement dangereuses. Bon, face à un héros, elles n’avaient aucune chance, surtout à la vue de la magie de la rouquine… En temps normal, elle n’aurait jamais appelé ses sœurs, détestant les mener à la mort. Mais la rage qu’elle éprouvait actuellement dépassait tous son amour pour ces créatures à huit pattes. D’ailleurs, le nouvel assaut de glace la déstabilisa. Elle ne put s’enfuir comme elle l’aura voulu et se prit la moitié des piques.

« Argh ! »

Bien qu’arrondit, la douleur restait réelle et sa fierté s’en trouvait terriblement blessée. Elle sentit soudainement ses pattes être libérée et de l’eau couler sur son dos. Il ne lui fut pas trop difficile de comprendre que, en réalité, la jeune femme venait de relâcher sa prise sur l’humidité environnante. En la regardant, elle comprit que le combat était terminé. Du moins… c’était ce qu’elle semblait avoir décidé. Une telle fierté ne calma pas les ardeurs de Maze mais elle décida, tout de même, de stopper l’armée des araignées qui avait fait cercle autour de la jeune femme qui, après les avoir détaillées toutes les deux, s’était assise, en tailleur, par terre… Les deux popstar, en plus de s’être faites tout bonnement ridiculisées, avaient bien perdu de leur superbe dans ce combat. Concernant Maze, elle était couverte de terre et son visage saignait juste au niveau de la pommette gauche.

Il semblait si facile de la tuer, là, maintenant, alors que la rouquine ne bougeait pas, sa garde totalement baissée… Mais elle n’en fit rien. Sans savoir pourquoi, elle la laissa parler et, comme faisant partit de son armée, elle cessa de bouger, posée sur ses pattes s’araignée, se tenant l’épaule qui avait prit le plus gros des piques de glaces. Cette soif de sang disparu doucement à mesure que la jeune femme parlait. Cette scène lui rappelait, à peu de détail prêt, à sa première rencontre avec Kali. Après tout, à l’époque, elle ne savait rien faire mise à part tuer pour le plaisir et la satisfaction que cela lui apportait et Kali avait débarquée une alternative intéressante… Cependant, ici, la jeune femme proposait de leur apprendre à se battre. Il ne faisait aucun doute qu’elles l’avaient sous estimées terriblement. Cette fillette, bien que très jeune, était extrêmement douée dans son domaine ce qui, encore une fois, lui rappelait Kali à sa rencontre. Cela devait faire très longtemps qu’elle se battait et contre des proies bien plus dangereuses que celles auxquels Maze était habituée. De plus, les explications qu’elle avait à leur fournir étaient pleines de sens. En quelques minutes de combat, elle avait appris à les connaitre dans leur style de combat et avait jugé leurs qualités et les défauts qu’il leur fallait corriger… Par une minute elle ne les ridiculisa. Non, elle semblait partie sur l’idée qu’il y avait du potentiel et que ce potentiel était perfectible. Il n’en fallait pas plus pour Maze qui rappela son armée qui retourna gentiment vivre sa vie dans la forêt.

« Comment t’appelles-tu ? »

Car il fallait bien commencer quelques part… Elle laissa le temps à la jeune femme de répondre avant de s’avancer d’un pas pour la regarder de plus prêt.

« Je t’ai sous-estimée… NOUS t’avons sous estimées. Je dois bien avouer que tu maitrises ton art à un niveau semblable à la perfection de mon point de vue. Je n’ai pas compris ta façon de combattre… Je n’ai même pas compris comment tu as pu éviter certains de mes coups… »

Maze incline légèrement la tête dans un signe de politesse… Mais elle ne s’inclinait pas non plus, il ne fallait pas pousser. Néanmoins, sa colère était passée.

« Tu as tout mon respect… Personnellement, mon choix est fait. Je veux que ce soit toi qui m’entraines et je te promets d’être à ton écoute. De plus… j’aimerais te connaitre… un peu plus. »

Cette fille était une tueuse hors de pair… Maze ne le reconnaitrait jamais de vivre voix mais, si Karen l’avait vraiment voulu, elle aurait pu les tuer toutes les deux, ici, dans cette clairière, sans même fatiguer. Tuer est un art pour la femme araignée, je vous laisse donc imaginer la curiosité qu’elle pourrait avoir envers une personne comme Karen.

Elle se tourna, finalement, vers sa femme. Elle se doutait qu’il ne serait, sans doute, pas aussi simple pour elle de la suivre dans une aventure aussi folle avec une femme qui venait de la mettre au sol… Mais Maze espérait, tout de même, que Kali la suivrait… Qu’elle lui fasse confiance comme la femme araignée lui avait fait confiance ce jour-là sur le toit… Néanmoins, jamais elle ne l’y obligerait. Ce choix lui appartenait.

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Leçon d'humilité

La rouquine se présenta alors sous le nom de Karen… Un nom simple et qui ne donnait pas beaucoup d’indication quant à qui elle était vraiment. Elle parlait avec un de ces accents qu’elle entendait parfois en coulisse… Mais de quel pays ? Aucune idée. Cela sentait la langue germanique, le reste, comment le savoir ?

Le regard désapprobateur de Kali était attendu. Il est difficile pour elle d’admettre que l’on puisse la surpasser et, pour cause, personne jusque maintenant ne l’avait mise à terre. La danseuse savait se battre, c’était indéniable, et personne ne pouvait la vaincre en battle de danse. Mais, ici, elles étaient contre une véritable guerrière. Cela n’étonnerait pas Maze si elle apprenait que la rouquine avait été entrainée dès sa naissance tant elle était douée. Justement, du coté de Maze, il était plus facile pour elle d’accepter que quelqu’un était plus fort qu’elle car elle l’avait déjà accepté pour Kali. Or, elle n’avait accepté cela QUE pour sa femme jusque maintenant. Car, oui, c’est en ployant le genou, en se laissant dompter par la belle asiatique qu’elle était devenue ce qu’elle était. Mais pour la faire ployer, il fallait vraiment qu’elle tombe sur une personne exceptionnelle. Ainsi, elle voyait en Karen une nouvelle raison de s’élever et comptait bien l’écouter comme elle avait écouter Kali. En partant de là, elle comprenait encore plus que sa femme n’aime pas la jolie rouquine…

Mais Maze offrit un sourire entendu à sa femme une fois qu’elle eut accepté. Sourire entendu, mais aussi doté d’une certaine tendresse. Kali ne devait pas oublier qu’elle n’aimait qu’elle. Peu lui importait que cette gamine soit plus forte qu’elles deux réunies. Rien ni personne ne pourra jamais remplacer sa belle épouse… Jamais. Elle s’approcha d’elle et vint lui prendre la main. Nul doute qu’il allait falloir mettre les choses au clair en privé, mais la femme araignée ne craignait pas ce moment… Car elles se comprenaient trop pour se disputer.

En tous cas, la rouquine avait du cran. Elle parlait avec honnêteté et sans détour, leur faisant comprendre qu’elle était là pour les entrainer, point. Lorsqu’elle retira sa veste, la femme araignée porta un doigt à sa lèvre… non pas parce que la jeune femme avait de jolies formes, mais parce qu’elle était blessée et saignait, la couleur de son sang luisant presque dans sa vision arachnide. Mais les blessures étaient peu profondes et à des endroits qui ne risquaient rien.

« Impressionnant… Très impressionnant. ~ »

Commenta la femme araignée en écoutant son explication et en contemplant les blessures sur son corps avec un regard ardant et fou… Celui de la tueuse, excitée à la vue du sang… Néanmoins, elle était sincèrement impressionnée car Karen arrivait à calculer quel coup n’allait pas la blesser et arrivait jusqu’à maitriser ses réflexes. Cela demandait un self control exceptionnel. Cependant, ses animaux vinrent doucement à ses côtés. L’aigle lui avait apporté des bandages… L’intelligence et la fidélité de l’oiseau la frappa en plein visage. Idem pour le serpent qui s’enroula et la fit tomber. Ce genre de relation… Elle ne la connaissait que trop bien. Eve lui apportait des mouchoirs quand elle pleurait dans son lit, enfant… Et il arrive, parfois à Shadow, de faire tomber Kali lorsqu’il est content de la revoir. Ils ne sont pas apprivoisés, ils sont juste… aimant.

« Hum… »

Pour le coup, elle s’en voulait un peu d’avoir été aussi présomptueuse concernant ces bêtes. Décidément, Karen était bien trop intéressante… Le lien qu’elle avait avec les animaux lui rappelait le lien qu’elle entretenait avec Eve. Elle rappela ladite araignée dans la langue de l’animal qui grimpa le long de sa jambe, dans son dos, et vint se poser sur son épaule en grognant légèrement en direction de Karen.

« Tout va bien, Eve… ne t’en fait pas… »

Mais la vieille araignée semblait menaçante… Karen ne pouvait l’entendre, mais la tarentule était devenue injurieuse et menaçante.

« Hum… Bien, Karen… Nous serons prêtes à l’aube… Cependant… je te déconseille d’entrer dans notre cabane sans prévenir… Eve ne semble pas encore décidée à te laisser approcher de nous pour le moment. »

Dit-elle avec un léger sourire en désignant la concerné qui menaçait Karen de ses pattes avant.

« Ça lui passera. »

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Elle est comme nous

En effet, Karen était monté en flèche dans l’estime de Maze. C’était une chose rare, mais il y avait de quoi. Le regard de la femme araignée allait de la chasseresse à ses compagnons animaux, l’un après l’autre. Elle observait leur comportement à son égard, leur regard, essayant d’analyser leurs pensées, leurs sentiments. Shadow était, comme sa maitresse, quelque peu agacée par cette femme qui avait agressé ses mères. Lorsqu’elle se leva, elle leur donna des conseils qui pouvaient paraitre anodin, mais qui étaient assez importants pour les deux jeunes femmes qui étaient habituées au grand luxe mais aussi, et surtout, à la solitude (en dehors de leurs concerts, bien entendu).

« Merci pour ces conseils. A demain, Karen… »

Dit-elle, une griffe sur la lèvre, visiblement pensive. Lorsque Karen décolla, elle ne put s’empêché d’être à la fois surprise et impressionnée. Après tout, elle retournait au cœur de la forêt alors qu’elle était encore blessée… Cette fille était une guerrière. Une vraie. Elle lui inspirait une bête sauvage, habituée à chasser en solo, ne se plaignant jamais de la douleur, du froid ou de la faim. Il ne faisait, désormais, plus aucun doute concernant le fait qu’elle avait dû vivre ou être élevée dans un environnement rude… Cela confortait Maze dans sa décision… Lorsque Kali lui souffla que le test s’était glissé entre deux activités de la chasseresse, Maze se tourna légèrement vers sa femme, un sourire en coin.

« J’en ai bien l’impression aussi… Cette fille est… très intéressante… »

Elle détaille également sa compagne, posant doucement ses mains aux endroits où Karen l’avait frappé… Rien de grave, mais elle ne serait pas surprise de découvrir de nombreux bleus sur son corps parfait le soir venu. Elle la suivit finalement, en souriant, faisant un bref hochement de tête. Elle se doutait que sa compagne n’approuvait pas son comportement et à raison, car Maze n’avait jamais prêté autant d’attention à qui que ce soit avant. Mais, finalement, Kali glissa sa main dans la sienne et Maze referma doucement ses griffes dans un claquement métallique autour de ses doigts.

La question qu’elle posa ne surprit pas le moins du monde la chanteuse qui mit un certain temps pour répondre… Non pas pour agacer Kali comme on pourrait le penser, mais pour choisir les mots justes, comme elle le ferait pour une chanson… et puis, la femme araignée est quelque peu lente... Dans tous les cas, elle, appréciait beaucoup de voir sa femme ainsi possessive… Elle leva enfin les yeux vers la cime des arbres.

« Parce qu’elle est un peu comme nous… C’est une artiste et, dans son domaine, elle fait partie des meilleures. Elle a la passion de ce qu’elle fait, et elle semble née dans la violence et le combat. De plus, les animaux l’adorent et c’est réciproque. »

Eve contesta ardemment ses propos et Maze se tourna vers l’araignée.

« Sauf toi, oui… Mais, laisses lui un peu de temps, Eve… »

Elle se tourna vers Kali et lui offrit un tendre sourire quelque peu malicieux.

« Nous allons toutes avoir besoin de temps pour digérer cette nouvelle vie… Mais je suis sûr qu’aucune de vous deux ne regrettera cette décision… »

Maze pose sa seconde main sur le bras de Kali avant de déposer un doux baiser sur sa joue.

« … Merci de me suivre, Kali… »

Lui susurra-t-elle d’une voix chaude. Après tout, elle ne lui avait pas demandé de le faire, mais elle l’avait fait aveuglément et ce malgré le fait qu’elle n’aimait pas la jeune rouquine.

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Devenons les meilleures, à nouveau, ensemble

Maze marchait doucement à ses coté, l’air pensive, écoutant sa femme en réfléchissant à ses paroles. En effet, Karen ne prenait, surement, aucun plaisir à tuer. D’ailleurs, si elle l’avait voulu, avec sa magie et son style de combat, elle aurait pu très facilement les tuer. Mazikeen ne put s’empêcher de repenser aux éclats de glaces qu’elle lui avait envoyé. S’ils avaient été taillés en pointe, la moitié de son corps aurait été lacéré.

Kali ne semblait pas pressée de rentrer au clan et, à vrai dire, Maze non plus. Après tout, même à l’époque où elle s’appelait encore Magdalena, la petite fille des bas-quartiers appréciait sa solitude et évitait les foules (surtout parce que, souvent, elles étaient synonymes de danger potentiel). Mais, si la meurtrière semblait parfaitement calme, la danseuse, elle, semblait légèrement frustrée. Mais cette frustration trouva rapidement une explication : Leur situation, cette histoire avec Karen l’irritait. Mais c’était une voie qu’elles avaient suivie ensemble. L’idée des chasseurs avait été proposé par Maze. De toute manière, chez qui auraient-elles été bien accueillies mise à part chez les Mercenaires ? Et les animaux étaient une des rares choses pour lesquels Mazikeen acceptait de se battre. De toute manière, les problèmes (si l’on peut appeler cela ainsi) auxquels elles sont confrontées au sein des chasseurs, elles les auraient rencontrés aussi chez les autres dieux. Mais cela restait le meilleur moyen pour que Kali puisse venger ses parents et sa détermination restait forte…

Maze eut un léger sourire et caressa doucement sa main du plat du pouce à ses paroles.

« Je suis assez d’accord. Cette Karen m’intrigue. Je veux savoir où et comment elle a appris tout cela. »

Le camp arrive en vue et, déjà, beaucoup de personnes se rendait vers les salles communes où ils pouvaient manger et échanger entre eux ce qui exaspéra Mazikeen. Tout semblait régler comme une horloge…  

« Tu sais, Kali… Je ne supporte pas de voir quelqu’un de plus fort que moi… Je ne pensais pas que cela soit possible avant de te rencontrer… Nous ne nous sommes pas battus parce que tu m’intriguais et que je voulais te garder en vie le temps de peser le pour et le contre. Le résultat y est… »

Elle prend doucement le menton de Kali entre ses griffes, semblant étudier ou admirer les lignes de son visage.

« … Devenons à nouveau les meilleures… Je suis certaine que, ensemble, avec l’aide de cette Karen, nous pourrons, un jour, devenir les plus fortes… Ensembles… Comme nous l’avons toujours fait et comme nous devrions toujours être. »

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Un petit coin de paradis

La femme araignée observa un instant la vie dans le camp aux cotés de son épouse… Cette nouvelle vie ne lui plaisait pas plus que cela non plus, mais elles devront s’y faire. C’était le meilleur moyen pour étancher la soif de sang de Kali tout en donnant une meilleure image d’elles à la société. Mais elle était persuadée qu’elles allaient y arriver même si… avec tout ce petit monde, la vie ici risquait d’être assez mouvementé.

Elle suivit finalement Kali vers leur logement, s’esquivant dans les ombres pour éviter d’être abordé par leurs nouvelles… sœurs qui risquaient de les inviter à manger avec elles ou à boire un verre à leur coté… Mais trop peu pour elle et pour sa compagne.

Le principal atout de ce lieu, ce sont ses logements. Celui des chanteuses était perché dans un arbre et, étrangement, les instincts d’araignée de Maze étaient plus que satisfait. Elle se sentait comme chez elle ici, presque plus encore que dans leur grande maison luxueuse… En tout cas, Eve ne s’en cachait pas. Elle ne s’installa même pas dans la maison et fit son nid non loin de la fenêtre de leur chambre où elle arriva à capturer un insecte presque aussi gros qu'elle !

"Hum… J’en connais une qui a déjà trouvé sa place… Sois prudente, Eve… Tu es également une proie dans ce lieu. »

La prévint elle avait d’observer la plateforme en souriant.

« En effet… Lui aussi sera comme chez lui ici… En vérité… S’il n’y avait pas tout ce monde autour… Ce serait la maison idéale à mes yeux… Pour notre petite famille. »

Avoua-t-elle. La hauteur, la vue et cette sensation, à la fois de sécurité et de liberté, c’était plaisant. Déjà, Maze se sentait comme chez elle. Elle observa sa femme un instant. Hum, vu leur état commun, étais ce une bonne idée de s’étaler ainsi sur le lit ?... Mais elle finit par s’allonger à ses côtés en soupirant doucement d’aise, retirant ses lunettes. La femme araignée eut la même réflexion : Cet endroit lui rappelait leur premier studio, en plus propre et plus agréable. C’était comme un délicieux retour aux sources. Il n’est pas impossible, qu’ici, une inspiration nouvelle vienne à elles.

Aux paroles de son épouse, elle se tourna vers elle et lui sourit.

« Ce serait bien en effet… »

Mais Maze avait mal partout également… Elle avait plus envie de se laver tout de suite et d’aller se coucher plutôt que de courir dans les cuisines, puis les bains… Finalement, après un petit baiser sur les lèvres de Kali, elle se leva et alla voir s’il y avait de quoi manger… Mais il n’y avait rien. Elle soupira et proposa à Kali.

« Je vais chercher à manger en bas… Je vais prendre un raccourci. Prends ton temps pour te lever, Kali. »

Elle déploya ses pattes dans un grognement de douleur et se laissa tomber dans le vide… A l’aide de ses griffes en acier et de ses pattes, elle descendit de l’arbre rapidement et, avec son agilité de danseuse, elle parvient même à sauter d’arbre en arbre jusqu’aux cuisines… Se faufilant dans les ombres, elle emprunta un peu de nourriture avant de prendre le chemin du retour. De la même manière, elle grimpa le long du tronc à une vitesse affolante. Vu de l’extérieur, elle était tout simplement monstrueuse, semblable à une énorme araignée à la carapace blanche terni par la terre et la boue séché. Une fois de retour dans la cabane, elle soupira doucement, les bras chargés de plats.

« Ouf… Je suis de retour ! »

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