Joan aimerait prétendre que rejoindre les Mercenaire avait été un nouveau départ, une reprise à zéro, qu’elle avait, comme tant de ses nouveau camarades, abandonné son passé derrière elle et n’embrassait l’avenir qu’avec positivité. Mais ce serait mentir. Elle n’était pas prête à faire la paix avec l’idée d’avoir laissé son arrogance mener à la mort de quelqu’un. Quelqu’un qui lui faisait confiance pour lui sauver la vie. Sans son intervention, il serait peut-être en vie, et en bonne santé aujourd’hui, soigné par ses collègues.

La jeune femme frissonna. Il ne faisait pas froid pourtant. Loin de là. Il faisait même trop chaud à son goût, elle n’était pas encore habituée aux températures de son nouveau foyer. Mais ses émotions étaient si dures à contenir. Et elle n’avait personne à qui se confier ici. Non pas que les Mercenaires étaient tous une bande d’idiot comme Arès, mais elle était encore nouvelle, et n’avait jamais été douée socialement. Elle n’était pas encore à l’aise avec eux. Elle avait bien essayé de se rapprocher de Haru Kadowaki, l’autre héros responsable de la santé des Mercenaire, mais ses techniques peu conventionnelles l’avaient poussé à s’en éloigner. Joan se sentait extrêmement mal à l’aise à côté d’elle. Est-ce que c’est ce que j’étais en train de devenir ?

La Mercenaire étouffait dans le camp, d’autant qu’elle ne pouvait pas encore travailler. Elle n’avait pas encore le matérielle nécessaire. Juste ce qu’elle avait pu transporter dans un sac. Elle avait commandé ce qui lui manquait, mais il fallait bien attendre que sa commande arrive. C’est ainsi qu’elle avait voyagé jusqu’en Egypte. A la fois pour s’éloigner du camp, et voir si elle pouvait se trouver un peu de matérielle médical et médicament en attendant.

Elle avait choisi de se rendre au Caire. Pourquoi le Caire ? He bien, quitte à aller en ville pour faire les magasins, elle pouvait AUSSI investir dans de nouveau vêtements. Alors elle n’allait pas aller dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, mais dans une grande ville où elle pouvait trouver des vêtements de qualité. Sa garde-robe actuelle n’était pas vraiment adaptée à la vie dans le désert, y ajouter de nouvelles tenues ne ferait donc aucun mal.

Au milieu des rues, alors que les touristes allaient et venaient autour d’elle, Joan réajusta ses lunettes de soleil en pinçant ses lèvres. C’était si… Différent de l’Angleterre. Elle n’avait aucune idée d’où elle devait commencer à chercher, ou comment s’orienter.

Joan considérait les choix qui s’offraient à elle. Demander sa route ? Chercher une carte ? Utiliser son téléphone ? Elle n’eut pas le temps de prendre une décision. Quelqu’un manqua de lui rentrer dedans. L’homme s’excusa avant de lui dire qu’il n’était pas prudent de se promener seul dans ces rues-là, et qu’elle risquait d’être la cible des pickpockets. Joan fronça les sourcils en le détaillant. Des bijoux en or pendaient autour de son cou, indiquant qu’il devait disposer des moyens pour se les payer. A n’en pas douter, si quelqu’un devait être une cible privilégiée ici, ce serait lui. D’autant qu’il était aussi seul qu’elle. Et elle ne se prierait pas de le lui faire remarquer.

« Je pourrais en dire autant de vous. Vous ne me semblez pas être accompagné. Et si quelqu’un devait se faire voler ici, je pense que vous courrez le plus de risque, avec l’or que vous portez autour du cou. D’autant que votre tenue n’est pas sans attirer l’attention dans le coin.

Elle soupira. Elle était déjà perdue, elle n’avait aucune intention de perdre son temps à se disputer avec un étranger.

- Ne vous en faites pas pour moi. Je sais me défendre. Et j’espère pour vous que c’est aussi votre cas. J’ai d’autres problèmes que de vulgaires voleurs. Je suis un médecin sans matériel ni médicaments, et j’ignore totalement où je peux m’en fournir. Et j’ai intérêt à mettre vite la main dessus si je veux que la bande de brutes sur laquelle je dois veiller puisse être en bonne santé plutôt que de servir de cobayes. Et j’ai besoin de vêtements aussi. Ma garde-robe n’est pas adaptée au Sahara.

Elle ne parlait pas vraiment à cet inconnu. Elle réfléchissait surtout à voix haute. Ce n’était pas comme si elle supposait que toute personne à la peau bronzée connaissait nécessairement son chemin dans les rues du Caire.

Un autre Egyptien ? Joan le détailla des pieds à la tête avant de regarder les autres égyptiens autour d’eux. Il ne leur ressemblait pas vraiment. Pas du tout même. D’accord, il avait le même teint de peau. Mais une couleur de peau ne faisait pas une nationalité. Ses atours, par contre, détonnaient beaucoup trop avec ceux des gens du pays. Non pas qu’il était impensable de ne pas suivre la mode de son pays, mais il montrait tant de chair. Et de ce que Joan avait compris, ce n’était pas du tout apprécié ici.

Elle s’abstint cependant de commentaire. Cet individu était… Etrange. Et elle avait déjà du mal à comprendre les comportements sociaux classiques, elle n’allait pas chercher à donner sens à l’excentricité. Elle soignait le corps, pas l’esprit. Quand il nota qu’à sa tenue, elle devait aimer attirer l’attention, Joan baissa les yeux sur ses vêtement, pinçant les lèvres d’un air songeuse. Pas vraiment. Elle s’habillait ainsi parce que ce style lui plaisait. Et elle prenait soin de son apparence parce que cela lui plaisait. L’action de prendre soin d’elle était quelque chose qui lui procurait énormément de plaisir. Elle n’avait jamais songé qu’elle attirait particulièrement l’attention. Etait-ce le cas ? Bien sûr, elle attirait plus les regards habillée ainsi qu’avec sa blouse d’hôpital, mais c’était le cas de tout le monde. Ces blouses d’hôpital ne sont pas faites pour mettre en valeur.
Et puis, elle préférait attirer l’attention par son génie.

Quand elle eut finit son long monologue, l’égyptien se racla la gorge, comme pour lui rappeler sa présence. Joan cligna des yeux, surprise qu’il soit encore là. Qu’il ne soit pas partit au milieu de sa tirade. Quand il lui annonça qu’il connaissait bien la ville, un sourire illumina son visage déjà rayonnant. Elle ouvrit la bouche pour lui demander de l’y conduire, mais, avant qu’elle n’ait put prononcer mot, l’homme saisit sa main et la traina à travers les rues du Caire. Joan écarquilla les yeux. Elle ignorait tout des normes sociales. Mais elle s’était un peu renseignée avant de débarquer en Egypte et elle savait que, si deux hommes pouvaient se tenir la main en public, on ne pouvait pas en dire autant d’un homme et une femme. Elle essaya de ne pas croiser les regards choqués sur leur passage jusqu’à ce que l’homme lâche sa main et cesse brusquement de sourire pour se fondre en excuses.

Joan observa sa propre main un instant. Huh. Elle se rappelait vaguement ses parents la tenant par la main de la sorte dans des rues bondées, il y a longtemps, avant qu’on ne découvre son potentiel. Elle avait pu observer beaucoup de gens se tenir la main, mais elle ignorait tout de cette étrange coutume de mélange de bactéries. Eventuellement, elle leva les yeux vers le jeune homme et secoua la tête.

« Non, ne vous excusez pas. Dans ces rues bondées, il est probablement plus prudent de se tenir ainsi pour éviter de se perdre. Surtout entre inconnu. On ne se retrouverait pas forcément facilement dans la foule. On ne connaît même pas nos nom respectif, nous n’aurions pas pu nous appeler.

Répondit-elle avant de se tourner vers l’échoppe où il l’avait amené pour faire le tour, farfouiller les produits, chercher ce dont elle pourrait avoir besoin.

- Joan. C’est mon prénom. Merci beaucoup pour m’avoir amené ici. La santé de beaucoup de personnes en dépend.

Ses achats fait, elle se tourna vers le jeune homme et lui sourit.

- Vous avez parlé de boutique de vêtements ? »