Câlin = Danger

L'euphorie du moment avait totalement détourné l'attention de la jeune femme et elle n'avait même pas remarqué qu’elle venait (une fois de plus) d'échapper à la mort de justesse. À quel point ? Vous aurez tout le loisir de l'apprendre d'ici quelques instants. En tous cas, vous l'aurez compris, sur le coup, elle n'aura rien vu venir. Cette nouvelle avait fait tomber toutes ses barrières et, elle qui était habituellement prudente, s'était juste jetée dans les bras du jeune homme, ayant appris, pourtant, un instant plus tôt qu'il ne supportait pas trop les contacts physiques. Mais elle ne pensait pas que c'était à ce point-là non plus.

Cependant, C'est sa réponse qui la mit mal à l'aise. Il avait parlé avec férocité, presque avec hargne. Décidément, il n'était pas bien dans sa tête ce garçon ! Le masque de nonchalance qu’il portait juste avant était tombé, laissant place à un visage plein de défiance. Aleksandra se redressa, se mettant à son tour sur ses gardes mais, c’est alors qu’une bretelle de son soutien-gorge lâcha, laissant pendre ce dernier mollement sur sa bretelle restante. Nullement pudique, c’est uniquement la surprise qui étreignit Aleks. Un petit picotement sur le haut de sa poitrine lui signala qu’elle était légèrement coupée... Son regard tomba sur le couteau que tenait Jae et elle leva un sourcil. Il n’avait pas juste voulu lui couper la bretelle… A la vue de son regard et du point visé, il allait tout bonnement la tuer.

« Eh là ! Tu as essayé de me tuer ? » Elle cligne des yeux, véritablement surprise. « Tu as essayé de me tuer pour un câlin ?!... »

Aleks soupire et retire définitivement ce qu'il restait de son soutif, dévoilant pleinement sa minuscule poitrine.

« Ecoutes, ce n’était qu’un geste affectueux. Il va falloir que tu comprennes que tu ne peux pas tuer quelqu'un qui te fait un câlin ou, alors, il faudra que tu tues énormément de jeunes enfants en manque d'affection. »

Elle rit doucement. Non, elle n'en voulait pas à Jae même-si, désormais, elle allait sacrément plus faire attention. Aleksandra ne pensait pas tomber fasse à quelqu'un de plus désaxé qu’elle-même.

« Jae, je ne te veux pas le moindre mal... je t'assure. Regarde. »

Allez savoir pourquoi, mais elle ne voulait pas se mettre à dos le garçon et, même si elle voulait une réponse concernant Loki, cela pouvait attendre. Doucement, elle retira son couteau de chasse de sa ceinture et le déposa aux pieds du Roi des Voleurs.

« Tu peux le toucher, il est vrai. Je suis désarmée... Tu vois ?... Je ne te veux pas de mal. »

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l'amitié mène à la souffrance

Un soupire, presque las s’échappa des lèvres de la jeune femme lorsque le jeune homme lui répondit enfin. Il avait manqué de la tuer à cause d’un câlin et, là, elle posait devant lui sa seule et unique arme en guise de bonne foi. Il lui fallait quoi de plus ? Se mettre à genoux et implorer son pardon ? Pendant un instant, Alex eut envie de tourner les talons et de le laisser à sa petite colère tout seul. De toute manière, depuis quand être perçu comme menaçante la dérangeait ? Cette question qu’elle se posa soudain lui donna presque le tournis tant elle était pertinente... Peut-être parce que, pour une fois, elle venait de tomber sur quelqu’un de plus tourmenté (et plus dérangé ?) qu’elle ne l’était elle-même et qu'ils pouvaient devenir amis ?... Amis. Aleks n’avait eu qu’une seule amie dans sa vie et, depuis, elle avait vécu seule et s’en était bien passé. Alors pourquoi maintenant ?... Et pourquoi ce type qui venait d'essayer de la tuer ?... Un second soupire s’échappa de ses lèvres.

« Grêce, Salmoni… Que faisait Loki dans un lieu aussi chaud et aussi loin des personnes qui le vénéraient habituellement ?... »

Elle se frottait le menton, pensive. En vérité, elle posait plus cette question à elle-même qu’à Jae qui, de toute évidence, n’en avait pas la moindre idée et, qui plus est, s’en fichait.

« Bien, je me renseignerais auprès d’Hermes. Merci pour l’information, Jae. Je t’en dois une supplémentaire. »

Aleksandra soupira. Elle aurait bien posé ses deux mains sur les épaules du dieu des voleurs, mais elle se doutait que ce serait le contact de trop entre eux.

« Saches que tu te méprends sur moi, Jae-Sun. C’est vrai, j’ai tué et manipulé et je suis carrément douée à cela. Mais quel intérêt j’aurais à te tuer ? Tu n’es pas riche et je n’ai jamais vu le moindre contrat sur ta tête. De plus, nous sommes dans le même camp. Tant que je vivrais sous la bannière des Mercenaires, je ne trahirais jamais mes camarades, aussi insupportables soient-ils. Après fais ce que tu veux de cette information… Crois moi ou pas… Mais… ça me fait vraiment chier d’être vu comme un monstre… J’ai l’impression d’être de retour chez moi. »

Aleks se rendit compte qu’elle n’avait pas connu ce sentiment depuis qu’elle avait quitté son village… Celui d’être vu comme une créature des enfers, un monstre en devenir, telle la réincarnation d’Ivar Boneless. Elle ramassa son couteau et son soutiens gorge en douceur, ne souhaitant pas provoquer Jae une fois de plus, une moue à la fois las et attristé sur le visage…

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Tu devrais te faire des amis

Le jeune asiatique semblait bien énervé par le comportement de la petite norvégienne. Il fallait dire que le ton avait doucement monté depuis ce câlin incompris. Il répondit alors à cette question qu’elle venait de poser (qui avait plus l’aspect d’une question rhétorique) mais qui permit à la petite femme, malgré tout, de se souvenir de ses premières paroles.

« Pas faux… »

Répondit-elle, pensive. Mais alors, comment ce char était arrivé ici ?! Et qui avait osé le voler ? Si la situation n’avait pas été aussi complexe avec Jae, elle aurait presque pu rire face à cette situation surprenante dans laquelle le Père Noël avait volé le char des dieux. Finalement, à son clin d’œil, Aleks se mit à rire doucement. Alors elle venait d’augmenter sa dette… Fichtre, ça commençait à faire beaucoup tout cela.

Mais Aleksandra restait, tout de même, agacée par le comportement, continuellement méfiant de Jae. Cela lui rappelait sincèrement sa vie au village. La petite chose la plus fragile était, également, la plus crainte. La malveillante, la femme née le jour du soleil noir et au moment même de la mort de son père. Quoi de pire comme présage ? Pourtant, Jae n’en savait rien, mais il y avait cette même méfiance… Celle de l’inconnu qui se profilait à l’horizon… Comme si cette fillette, d’apparence frêle, allait tout détruire sur son passage. Aleks en était las… Elle avait même commencé à tourner les talons pour aller vers sa tente lorsque le jeune homme lui parla enfin d’une manière qui la surprit au plus haut point. La petite femme se retourna, surprise : Son masque s’était fendu. Mais, surtout, elle comprenait pourquoi tant de méfiance. C’était même tout à fait logique : Ils se ressemblent. Chacun son masque pour cacher un passé plus ou moins douloureux… Et une certaine compréhension l’un de l’autre. D’un coup, elle comprit que, probablement, lui-même avait déjà dû subir cette insulte par le passé… Aleksandra lui offrit un léger sourire.

« Non, je ne le suis pas… Et c’est pourquoi je ne t’attaquerais pas, pas pour tout l’or du monde et tu as ma parole d’honneur. »

Elle posa une main sur sa poitrine avec un sourire triste au visage.

« Je ne t’obligerai pas à subir mes câlins et ma présence… Mais je te trouve sympathique, et c’est sincère. En vrai… Peu importe que ce soit moi ou une autre personne, mais tu devrais trouver une personne en qui avoir confiance, Jae-Sun… Après tu fais ce que tu veux mais… C’est toujours bon de savoir, qu’en se monde, on peut faire confiance à quelqu’un qui, on le sait, ne nous trahira jamais quelque soit le prix… »

Sans doute allait il la trouver naïve et penser qu’elle idéalisait l’espèce humaine… Mais s’il la connaissait, il saurait que ce n’est pas le cas. Malgré tout ce qu’il s’est passé, Aleks gardait espoir de revoir, un jour, sa sœur de cœur... Elle le sentait après l’histoire de Jae en Grèce : Elle se rapprochait d’elle.

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