Une Fleur (de Lys) pour deux

Parfois, le passé nous rattrape au moment où l’on s’y attend le moins et… bien souvent, d’une façon particulièrement spectaculaire. Tout a commencé le jour où Aleksandra, tranquillement au frais dans sa baignoire personnelle en plein désert, avait reçu le coup de fil d’un de ses plus anciens et plus fidèles clients, à l’époque (pas si lointaine) où elle tuait pour de l’argent en freelance. Il était bien rare qu’elle fidélise une clientèle mais cet homme était différent, autant au niveau de la personnalité que de la profession. En effet, si la plupart de ses clients étaient des hommes qui trempaient dans des affaires plus ou moins louches, celui-ci était un avocat particulièrement expérimenté, mais blasé par une juridiction corrompue. C’est un Norvégien d’origine mais Aleks avait perdu tout contact avec lui depuis sa mutation à Los Angeles, deux ans plus tôt. Finalement, son plus vieux client l’avait rappelé pour la plus grosse prime de sa vie, mais aussi sa mission la plus périlleuse : Elle devait tuer un gros bras de la mafia américaine surnommé Fleur de Lys. La Norvégienne, bien à l’aise dans son bain hésita… mais, lorsqu’elle apprit que l’homme avait été disculpé malgré des preuves accablantes dans diverses affaires de viol et de meurtre sur mineur, elle accepta sans plus de cérémonie. Niveaux abus sexuels et meurtres, elle n’avait pas grand-chose de différent avec cet homme, me direz-vous… à ceci près qu’elle refusera toujours de faire le moindre mal à un enfant innocent.

Ainsi, la voici dans une des villes les plus réputées pour sa criminalité, Los Angeles, et la première étape de son plan d’assassina se mit en place : Filatures, reconnaissance et j’en passe… L’homme avait ses habitudes et semblait particulièrement prudent. Sa maison était aussi sécurisée qu’un château fort. Si elle voulait l’avoir, ce serait à l’extérieur… Et elle comprit bien vite que sa meilleure chance sera au club Six’s heart. Un lieu charmant où les abus sont nombreux et rarement punis. Un lieu qu’Aleks s’imaginait déjà faire exploser dans un tonnerre de feu d’artifices. Son plan se mit en route bien vite et elle allait jouer de son atout le plus important : Son physique de jeune adolescente.

Un matin, elle arriva devant le club qui devait recruter une nouvelle serveuse. La petite femme sortit du taxi, vêtue comme une étudiante. Ses cheveux bleus avaient été teint en noir pour la mission et elle s’était maquillée plus simplement, ce qui lui donnait des airs d’adolescente à peine majeur. L’illusion était parfaite. Durant son entretien, elle avait feint le malheur de la pauvrette qui n’avait pas assez d’argent pour payer ses études… L’homme qui lui faisait passer l’entretiens la rassura… posant une main sur la cuisse de la jeune femme en lui disant la fameuse phrase « tout va s’arranger ».

Le soir venu, Aleksandra joua son rôle de serveuse à la perfection. Une jupe lui tombait jusqu’aux genoux, son haut noir semblait la rendre plus plate encore qu’elle ne l’était et elle arborait un air timide sur le visage… Epinglé sur sa poitrine, son nom d’emprunt : Christine (celui qu’elle prenait quand elle voulait jouer les saintes). Elle ressemblait à une jeune femme sortit du couvant… Enfin, ça aurait surement été le cas si elle n’avait pas caché son six-coups, sagement attaché à son porte-jarretelle… Elle regrettait son couteau, trop grand pour être dissimulé efficacement. Inutile de préciser qu’elle prenait son pied dans son rôle. Vous me demanderez, pourquoi elle n’utilise pas son feu pour dissimuler ses affaires ?... Eh bien, parce que, tout simplement, elle voulait économiser ses forces un maximum si cela tournait mal. Finalement, elle repéra sa cible et lui proposa une coupe de champagne en se penchant devant lui… L’homme accepta en lui lançant un regard charmeur et… pervers. Aleks feint la timidité en baissant les yeux, les pommettes rosissant, avant de s’éloigner. Le poisson a repéré l’appât… Maintenant, il faut le faire mordre… Elle sentit son regard sur elle alors qu’elle s’éloignait. Alors, elle fit mine d’ajuster sa jupe, lui révélant furtivement son porte jarretelles qui lui donnait, bien entendu, un coté sexy sous une apparence de jeune femme pur. Mais, alors qu’il pensait qu’il allait mordre, la nouvelle chanteuse au nom asiatique fût désignée et le regard de Fleur de Lys se riva sur la scène. Non non non non ! Pas ça ! Le regard d’Aleks suivit celui de sa cible… Une très belle jeune femme aux cheveux roux avait fait son entrée… Et la petite Norvégienne sut qu’elle était mal. Cette femme était beaucoup mieux habillée, ses formes plus prononcées et son visage plus parfaitement dessiné… Bref, elle ne pouvait rivaliser. Malgré tout, Aleksandra se sentit légèrement prise d’un malaise… Ce visage lui disait quelque chose… Mais elle secoua la tête pour se concentrer sur sa mission. Elle perdait le poisson qui avait flairé un plus gros appât. Comment faire ?... Elle continuait à servir, cherchant un moyen de l’attirer à nouveau mais… c’est alors que le poisson se mit à mordre malgré tout au moment où la rouquine avait commencé son chant. Alors que la Norvégienne aux cheveux noirs passait à nouveau devant lui, il lui fit signe de venir… Aleks, surprise, s’avança.

« Vous désirez, monsieur ?... »

L’homme eut un sourire pervers et désigna ses genoux… Le cœur d’Aleksandra fit un bon. Il avait mordu… La petite femme posa son plateau et obéit alors, se posant timidement sur le bout de son genou, tirant sur sa robe comme-si elle avait peur que Fleur de Lys ne voit sa culotte… Mais l’homme la tira contre lui, ce qui la fit sursauter. Elle fit celle qui n’osait rien dire… *Bien… parfait… maintenant il va me proposer d’aller dans une pièce et… ?... Qu’est-ce qu’il attends ?* L’homme ne la regardait pas, se contentant de la tenir. Il était comme hypnotisé par la jeune femme sur scène avec son élégante robe fendue. Attendait-il simplement qu’elle descende de scène ?... Bon sang… ça ce n’était pas prévu. Ce gros porc serait bien capable de leur demander de l’accompagner dans un de petit salon, toutes les deux !... Cela n’arrangeait en rien les affaires d’Aleks qui avait prévu de le tuer en toute intimité… Cette rouquine allait tout faire foirer !

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Casses toi !

Alors que la jolie rouquine entamait sa seconde chanson, Aleks réfléchit à toute vitesse. Rien de tout cela n'était prévu. Tout son plan tombait à l’eau à cause d’une allumeuse d’origine asiatique ?! Heureusement, elle se trouvait être douée pour l'improvisation même si, pour cette mission, elle s’en serait bien abstenue. Après tout, c'était déjà bien assez périlleux comme cela. Mais il y avait quelque chose d’étrange là-dedans. En effet, la jeune femme était descendue de scène et s'était rapprochée avant de passer deux fois prêt de ce gros pervers. Qui ferait ça ?... A moins qu’elle aussi ne désire se rapprocher de ce type ? Or, pour tout l’or du monde, JAMAIS elle n’aurait osé approcher un type pareil afin de passer une nuit avec lui... Enfin, tout l’or du monde... Tout se paie, mais Fleur de Lys avait sa réputation. Il violait des femmes (mais aussi des jeunes filles), c'était connu. Non, cette fille cherchait aussi quelque chose.

Finalement, il l’attira sur son autre genou à la fin de la chanson et les deux jeunes femmes se retrouvèrent face à face. Il n’y avait pas à dire, un univers semblait les séparer. D'un côté Aleks qui ressemblait à une petite vierge effarouchée et, de l’autre, cette chanteuse habillée à la manière d’une allumeuse. Allumeuse qui ne se priva pas pour caresser le visage de Fleur de Lys en terminant sa chanson. Pas de doute, cette fille était dans le même bateau. Bateau qu’Aleksandra voulait faire sombrer mais elle aurait aimé éviter les victimes collatérales. C’est alors que ce gros dégueulasse leur demanda de faire « connaissance ». La norvégienne savait ce que cela sous entendait mais elle n’en avait guère envie dans la situation actuelle...

« Euuuh... Bon... ?! »

Mais avant qu’elle n'ait pu en dire plus, la rouquine vint déposer une main sur sa joue et l’embrassa avec sensualité... Les joues d’Aleks s'empourprèrent. Elle n'avait pas l'habitude de se faire embrasser de la sorte. D’habitude, c’est elle qui embrasse la première !... C’était comme se soumettre à cette femme qu’elle ne connaissait ni d’Adam, ni d’Eve. Elle répondit néanmoins au baiser en ayant l'air timide. Désormais, elle n’avait plus le choix et il lui fallait jouer le jeu des deux autres... Même si ce baiser ne fut pas désagréable, il faut l’avouer. D’ailleurs, il eut le mérite de détendre un peu les nerfs de la jeune femme qui, lorsque le baiser se rompit, regarda la chanteuse en face d'elle d’un air mi timide, mi excité, comme une lycéenne découvrant l’amour pour la première fois.

Fleur de Lys les libéra finalement et les prit par les hanches pour les entrainer dans un couloir pas très rassurant avant de les faire rentrer dans une chambre qui, contrairement au couloir précédent, semblait d’une propreté parfaite. Mais jamais Aleks n'avait vu un endroit aussi cliché et de mauvais gout. Il y aurait pu y avoir marqué à l'entrée « bèzodrome d'un cliché de pervers » que ça n'aurait pas été moins flagrant. Surtout concernant le lit à eau. Franchement, il est possible de faire l'amour là-dessus ? Il fut très difficile pour Aleks de garder ses airs innocents tant la scène la répugnait… Si seulement il n'y avait que cela. L'insonorisation était immonde. On entendait tout ce qu’il se passait dans les pièces voisines… Où visiblement s’opéraient déjà des viols. Heureusement, la petite femme s'y attendait. Mais elle s'attendait surtout moins à ce que cette petite asiatique se mêle de leurs affaires. Tous seraient tellement plus facile… Le silencieux se trouvait sous ses jupons… Elle resta alors, les mains liées devant elle dans un signe de timidité et de soumission. Que faire ?... C’est alors que cette asiatique expliqua la signification de son prénom… *Mais qu’est-ce que j’en ai à battre moi ?! Je suis venu tuer ce type !*

Aleks s’installa alors de l’autre coté et c’est alors qu’il vint les prendre par les hanches, s’amusant à descendre doucement sa main sur leurs fesses. Il se tourna alors vers la norvégienne qui détourna timidement le regard, faisant sa craintive alors qu’elle était juste dégoutée.

« Et vous, jeune fille… Je ne connais pas votre nom… »

Aleksandra usa alors de son pseudo qu’elle utilisait en Norvège pour ses meurtres.

« Je m’appelle Lagertha… C’était une guerrière et une reine Viking. Mais on m’appelle Gerthy. »

Elle avait l’impression de souiller une figure qu’elle admirait en usant de ce nom dans cette situation. La célèbre guerrière au bouclier du nom de Lagertha était la personnalité Norvégienne qu’Aleksandra avait toujours admirée, même dans sa plus tendre enfance. Plus qu’une experte au combat, c’était aussi une tacticienne, une femme de talent et de caractère. C’était pourquoi elle empruntait son nom pour ses méfaits. Cela lui donnait du courage. Fleur de Lys éclata de rire.

« Une guerrière hein ?... Une guerrière ne devrait pas être aussi timide voyons… »

Il avait glissé une main sur son visage et sentait que son autre main tirait sur sa jupe pour la remonter… Merde le flingue ! S’il tire trop, on va le voir ! La petite femme saisit alors sa jupe par réflexe, feignant la timidité et la pudeur, et se tourna vers l’homme.

« Monsieur… je… je n’ai encore jamais… fait ça… »

Si elle avait été seule… encore une fois… ça n’aurait pas été un problème… Mais là, elle ne pouvait pas le tuer maintenant. Il fallait trouver un moyen d’occuper Hatsuyuki ou, du moins, la faire partir. Mais comment ? Même la si maligne Aleksandra ne trouvait pas d’échappatoire.

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Dis ! Et si on lui coupait toute envie de se reproduire ?

Aleks était dans une telle situation qu’elle espérait vraiment que la rouquine lui vienne en aide. Si cet homme continuait d’insister, il allait dévoiler son pétard et toute l'opération se trouvera être un échec... Et, c’est alors que, comme par miracle, la rousse s'exécuta, proposant à Fleur de Lys de jouer avec elle... *Ah mais non, mauvaise idée ! Toi occupes toi de lui, pas de moi ! Comme ça je lui met une balle dans la tête pendant que tu l’occupes et tout est réglé !* C’est alors qu’il se tourna à demi vers Hatsayuki, le pelotonnant comme le gros pervers qu'il était. Zut, elle ne captait pas assez son attention. Pire, c'est que cette fille vient à côté d’Aleks et commence à lui embrasser son cou avec délicatesse.

« Aaaah... »

Bon... il fallait reconnaitre que, malgré la situation, cette fille était, quand même, plutôt mignonne et aguichante, ce qui ne manquait pas de faire de l’effet à la jeune Norvégienne qui se laissa faire. Sa main glissa sur la sienne, puis sur son bracelet ce qui la fit, quelque peu, tressaillir. Aleksandra n’aime pas que l’on touche à son bracelet car elle a toujours peur qu’on le subtilise. Il n’avait pas une grande valeur marchande, mais pour elle il valait bien plus cher que tous les bijoux du monde. Pourtant, les baisers de cette femme, qu’elle ne connaissait pourtant ni d’Adam ni d’Eve, avaient quelque chose de rassurant… Quelque chose même de familier. Elle se sentait bien et, durant une seconde, elle cru sentir la fraicheur du vent du nord sur sa peau et la douceur de l’odeur des pins dans ses narines. Mais cela ne dura pas car une main forte la tira de ce rêve éveillé et recommença à la tripoter sans la moindre douceur.

« Mais ?!... »

Aleksandra allait dire quelque chose, mais Hatsayuki, dans un mouvement d’une précision et d’une vitesse parfaite, se retrouva dans le dos du gros pervers et le menaçait au niveau de la gorge, lui ordonnant de retirer ses sales pattes de mon corps. Cette vitesse, cette fluidité de mouvement… Un frisson secoua la petite norvégienne qui eut la sensation d’avoir déjà vu cela quelque part… C’est l’ondulation des cheveux, ces reflets typiques… Non, cette femme aux proportions parfaites ne pouvait pas être… Elle était tellement absorbée  dans sa contemplation et sa réflexion qu’elle ne se rendit pas compte que l’homme promettait monts et merveilles à la rouquine qui tenait sa lame sous sa gorge, jusqu’à ce qu’elle ne la glisse dans sa bouche et ne lui coupe la langue dans un geste vif. La précision du geste et le résultat parfait laissa Aleksandra sous le choc. Cette femme en fasse d’elle était bien meilleure assassin qu’elle ne le sera sans doute jamais. Fleur de Lys ne pouvait hurler… Ou alors si, mais il risquait surtout de s’étouffer avec son propre sang mêlé à sa salive plus que de se faire entendre. Mais, bien que son regard se fût assombrit, Aleks reconnu enfin la femme en face d’elle et ses yeux s’illuminèrent alors que cette dernière parlait dans leur langue natale et là, elle reconnu sa voix. La voix de l’adolescente qui l’avait toujours aidée et protégée… La guerrière au bouclier en devenir et sa sœur de coeur :

« Karen… »

Elle allait lui sauter dessus quand elle vit l’homme se diriger vers la porte. Elle leva un doigt.

« Attends, pause… »

A son tour, elle sort son jouet. Le Smith&Wesson équipé du silencieux qu’elle sortit de sous ses jupons. Il n’y eut qu’un seul coup qui ne fit pas plus de bruit qu’un cri d’oiseau… Mais qui fut assez puissant pour éclater la rotule du genou droit de Fleur de Lys qui s’effondra mollement au sol, sa jambe dans une position pas très naturelle. Aleksandra, satisfaite, leva les bras et reprit là où elle s’était arrêtée.

« KAREN ! Je suis si heureuse ! »

Elle lui saute littéralement dessus et l’embrasse vivement et langoureusement. Les larmes coulaient sur ses joues.

« J’ai comme l’impression que nous sommes là pour la même chose, non ?... Bon sang waow !... Tu es devenu sacrément belle… et la façon dont tu as arraché la langue à Fleur de Lys ! Il faudra que tu m’apprennes… »

Mais elle se souvint d’un coup de l’endroit où ils se trouvent et elle se força à se calmer.

« Ce n’est peut-être pas le lieu rêvé pour parler de cela… ça ne te dérange pas si on lui fait subir ce que Lagertha a fait subir à Einar le jour où il a essayé de la détrôner hein ?... Dis dis ! Après je te paie un verre ! Ooooh je suis si heureuse de te voir ! »

En plus, Karen avait des couteaux, donc elle pouvait le faire sans souci… Et quand je dis le faire, Aleksandra parler de confisquer les attributs masculins de Fleur De Lys si vous voyez ce que je veux dire…

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Bye bye Fleur de Lys !

Karen avait tellement changé, autant moralement que physiquement. Elle était une superbe adulte maintenant, aux formes parfaites et au visage fermé mais pas moins séduisant. La sœur d’Aleks avait toujours été la plus sérieuse des deux, mais ici, il semblait vraiment que les deux avaient pris des chemins opposés : La rouquine est devenue beaucoup plus professionnelle, sérieuse et miticuleuse quand la blonde est partie sur une voix moins sensée, vivant pour l’amusement, au jour le jour, comme si le lendemain n’avait que peu d’importance. Et pourtant, elles étaient là. L’une en face de l’autre et Aleks avait retrouvé le regard qu’elle portait sur son ainée, celui de l’enfant admirative qu’elle était. Oh elle aurait pourtant eu de quoi être envieuse de Karen qui se trouvait être plus grande, plus forte et plus belle… Mais non.

La belle rouquine avait soupiré à sa demande et lui répondit un triste non qui fit faire la moue à la petite norvégienne. Mais Karen avait fini par déposer un doux baiser sur son front et lui avait offert un tendre sourire. Mais elle réfuta également l’idée de le faire encore plus souffrir ce qui fit grondouiller Aleksandra. Elle l’observa tuer Fleur de Lys en faisant mine de bouder.

« Moooooh… Tu es toujours beaucoup trop sérieuse, Karen. Mais bon, nous sommes dans la même merde et tu es la plus âgée alors… C’est toi le boss. »

Elle la laisse le tuer même si cela reste une mort bien trop douce à son goût. Aleks s’approche doucement de sa sœur de cœur et observe l’homme agoniser, se mettant en face de lui pour lui envoyer un baiser et lui faire un petit coucou d’adieu alors que son regard se vidait de toute vie... Karen lui fit alors un compliment qui la fit rougir légèrement. Elle replaça une mèche derrière son oreille en souriant.

« C’est toi qui dis ça ?... Tu es une vraie géante à côté de moi ! Et bordel… Que tu es belle ! »

Elle rit. De base, tout le monde parait trop grand à coté de la petite blonde. Elles restèrent là à se regarder un instant… Toutes deux avaient tant de questions à poser et si peu de temps. Aleksandra lève un sourcil alors que Karen la prévient et lui offre un large sourire à nouveau, impatiente de lui montrer ses nouveaux talents.

« Je sais… Tu me prends pour une débutante ?... J’ai déjà mon plan de sortie et, tu as de la chance, il fonctionne même avec une personne en trop. Laisse-moi faire, et ne pose pas de question. »

Elle range son pistolet dans le fourreau entre ses cuisses et inspire un coup. Ses yeux virèrent un instant au rose et reprirent leur couleur initiale une seconde après. Cela allait être une illusion complexe qui lui demandait une intense concentration. Entre Karen et Aleksandra apparu alors un avatar de Fleur de Lys qui les tenait par les hanches… Bien entendu, Karen ne peut sentir sa main. Mais la création de l’avatar, le maintient de ses mains sur les hanches des deux jeunes filles sans qu’il ne passe au travers et l’illusion qui cachait même la lueur rose des yeux d’Aleks consommaient énormément d’énergie à la petite norvégienne.

« Allons-y… Je ne sais pas combien de temps je pourrais maintenir cette illusion. Surtout ne dit rien ! »

Elle les conduit alors vers la porte. Peut-être avait elle été un peu téméraire car toute cette énergie et cette concentration lui donnaient mal à la tête. Finalement ils arrivèrent à la porte et Aleks fit parler Fleur de Lys, comme s’il continuait à les draguer.

« Mesdemoiselles… Permettez que nous terminions cette discussion dans ma voiture personnelle… Je suis certain qu’elle peut devenir… intéressante. »

Sans rien dire, les gardes les laissèrent passer et refermèrent derrière eux alors que l’illusion du gros pervers s’amusait à leur mettre la main aux fesses en riant. Aleks relâcha l’illusion et tituba, manquant de tomber. Jamais elle n’avait invoqué d’illusion aussi complexe.

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Tu n'as pas changé

La petite femme s’était épuisée. Oh elle aurait surement pu y aller plus modérément avec sa magie, juste pour pouvoir sortir, mais il suffisait que l’un des deux gardes se trouve particulièrement observateur et remarque la supercherie et tout était fichu. Surtout que là, il ne s’agissait pas que d’elle, mais aussi de Karen. Oh elle ne doutait pas que sa sœur sache se défendre, mais elle ne voulait pas non plus qu’elle ait plus de sang sur les mains par sa faute. De plus, je suis obligé d’ajouter que la petite femme souhaitait faire bonne figure devant sa plus vieille amie. Elle tomba rapidement dans les bras de la rouquine en soupirant doucement de fatigue et regarda son visage de plus prêt. Maintenant, elle se sentait bête de ne pas avoir remarqué plus tôt que cette jeune femme était sa chère sœur… Après tout, elle avait toujours les mêmes traits du visage. Elle n’avait pas changé d’un poil si ce n’était qu’elle n’était plus la jeune adolescente de son enfance, mais une très belle jeune femme athlétique, charismatique et séduisante.

« Humph… Tu n’as vraiment pas changé, ma sœur… »

Et ce dans tous les sens du terme car cette femme qui a toujours su protéger la petite tête blonde qu’elle était autrefois, continuait, encore aujourd’hui à la soutenir, dans tous les sens du terme. Mais, finalement, elle se laissa conduire. Aleks voulu protester, dire qu’elle pouvait marcher seule mais Karen l’en défendit alors qu’elles arrivaient à un hôtel plutôt luxueux en apparence. Devant l’accueil, et aux paroles de son amie du nord, elle prit un air un peu stupide, espérant faire croire qu’elle était juste alcoolisée mais elle ne dit rien et se laisse trainer en silence, observant Karen comme si elle la redécouvrait… ce qui n’était pas tout à fait faux.

Une fois dans la chambre, Aleks regarda autour d’elle. Tout était extrêmement grand et luxueux par rapport à ce à quoi la petite femme avait l’habitude, elle ne put s’empêcher de rire.

« Tu as des goûts de luxe, dis-moi… »

Elle était pâle et faible, mais il semblait qu’elle ne pouvait s’empêcher de plaisanter, même ainsi. Il fallait dire qu’elle était heureuse et son bonheur ne cessait de croitre. C’est alors qu’elle entendit un cri familier. Aleksandra se tourna et vit le rapace posé sur la fenêtre.

« Oh Nazel ! Salut ! Tu colles toujours aux basques de ma chère sœur ? »

Elle rit à nouveau… Les larmes lui montaient aux yeux. Tournée vers Karen, elle voulu lui dire quelque chose… Ou plutôt, elle voulu lui dire tant de choses d’un coup que le seul son qui sortit de sa bouche fût une syllabe contenant beaucoup trop de consonnes… Trop d’émotion, trop de magie d’un seul coup… Elle se rallongea et se passa une main sur le visage avant de regarder Karen : elle faisait bouillir de l’eau avec ses mains et, comme une enfant, la petite norvégienne fut impressionnée… Pour revenir à l‘époque où tout le monde rejetait la belle rousse pour son feu, Aleksandra la vénérait presque. Pour elle, Karen avait été bénie des dieux. D’ailleurs, elle le pense toujours. Délicatement, elle prit le verre que sa sœur lui avait préparé et le renifla.

« Humph… Une infusion de rhodiole… Tu sais bien que je déteste cela ! »

Elle fit la moue. Karen n’avait pas beaucoup à creuser pour retrouver l’enfant qu’elle avait toujours connue. Néanmoins, la rouquine avait toujours autant d’autorité sur elle et elle bu doucement quelques gorgées avant de tirer la langue, dégoutée. Son amie avait rajouté d’autres plantes qu’elle ne connaissait pas. Cela changeait le goût mais, visiblement, pas assez.

« Pouah… toujours aussi dégueu… »

Mais bon ces boissons avaient toujours eu l’effet de lui faire du bien lorsqu’elle était malade. D’ailleurs, bien qu’elle n’aimait pas cette infusion, ce goût ne fit qu’aider à la ramener en arrière, à l’époque où sa mère essayait de la faire boire mais qu’elle ne voulait pas et que, parfois, Karen venait à sa rescousse pour faire marcher son autorité et faire boire la petite blonde faiblarde qu’elle était autrefois, et qu’elle est toujours malgré son feu. Aleksandra se redressa doucement et caressa le visage de son amie, la contemplant une fois de plus.

« C’est pas croyable… Après prêt de dix ans, tu sais toujours autant prendre soin de moi… Et je ne crois pas te l’avoir dit une seule fois mais… merci. »

Elle lui offre un sourire radieux, les larmes au bord des yeux. Elle était si heureuse.

« J’ai tant de questions à te poser… Tant de choses à te dire… Je ne sais pas par où commencer ! »

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Flashback

Aleksandra ne s’était pas sentit ainsi heureuse depuis… depuis combien de temps ? Elle-même ne pouvait répondre à une telle question. Cela avait atteint un point qu’elle se demandait même si, une seule fois dans sa vie, elle avait connu pareil sentiment de bonheur et de détente… Après tout, Karen était une vraie grande sœur. A ses côtés, elle se sentait protégée. Plus tard, elle se rendra compte qu’elle a déjà été heureuse ainsi, une seule fois dans sa vie. A une époque où elle n’était qu’une enfant malade qui jouait dans la boue, le jour où une petite aventurière aux cheveux de feu était venue jouer avec elle… Sa seule amie… Sa sœur d’âme. En vérité, la petite femme avait les larmes au bord des yeux. Karen était là, et c’était bien réel. Ce n’était pas sa magie qui déraillait, ni elle qui devenait vraiment folle. Sa main sur la sienne, la chaleur qui s’en dégageait… Rien de tout cela ne pouvait être le fruit de son imagination.

Elle retira doucement sa main et la regardait, toujours avec cette fascination de petite fille. Mais l’éclat de regret qu’elle avait lu une fois dans les yeux de la jolie rousse, le jour où elle était partie, était bien plus flamboyant en ce moment. Aleks voulu en dire quelque chose mais Karen siffla et Nazel alla se poser gentiment sur son bras. La petite norvégienne observa l’oiseau en lui souriant. Elle avança doucement, comme pour attendre l’accord de l’aigle, par respect, et le caressa doucement avec le dos de ses doigts. La sensation de ses plumes sur sa peau lui rappelait que tout cela était parfaitement réel.

Aleksandra l’écouta attentivement et ne pu s’empêcher de sourire en retournant s’appuyer contre le dossier du canapé, épuisée par sa magie, sa journée et les émotions… Mais si son corps réclamait du sommeil, l’esprit, lui, était beaucoup trop éveillé pour pouvoir s’endormir de toute manière.

« Je te reconnais bien là… Mais bon, cette suite est magnifique… Au moins, ça prouve que tu as bien gagné ta vie ! »

Elle retira sa chemise de serveuse, se retrouvant en soutient gorge devant Karen sans aucune pudeur et sortit le Smith&Wesson de sous ses jupons pour retirer les cartouches, le démonter, et le nettoyer avec sa chemise… Elle regardait au passage les couteaux de lancé de son amie… Des armes dignes d’un assassin professionnel. Karen avait changé… mais elle aussi avait changé et la rouquine voulait connaitre toute l’histoire, ce qui était normal. Aleks rit légèrement.

« Tu m’en demandes beaucoup… Attends juste un instant… »

Elle prit son téléphone et envoya un message à son client pour lui dire que le travail était fait avant de s’appuyer contre le siège et de commencer son histoire.

« Je ne me souviens pas trop de ce qui a suivi durant l’année qui a suivi ton départ à vrai dire… surement une routine des plus ennuyeuses. »

Elle ne lui dit rien de ses moments des crises où elle voyait Karen devant elle, où elle lui parlait… Aujourd’hui, elle savait juste que le départ de son amie n’avait pas aidé à son état mental, mais elle ne lui en tenait pas rigueur. En réalité… Karen était sa dernière famille et elle fera toujours tout pour ne jamais la blesser. Aleksandra joignit ses mains et continua.

« Maman est tombée gravement malade un an après ton départ… Malgré tous mes efforts… Je n’ai pas réussi à la soigné. »

Elle fit une nouvelle pause, ravalant ses larmes, caressant son bracelet.

« Le village m’a accusé… Alors que ma mère… était mon univers… Et ils le savaient bien ! Enfin bref… Ils sont venus à la maison pour me tuer et c’est ce jour... ce jour-là… »

La colère remontait et, durant une seconde, l’armure de Lady Loki aux reflets pourpres apparu sur le corps de la jeune femme alors que ses yeux lancèrent des éclairs roses. Mais elle soupira et l’illusion disparu aussi vite qu’elle était apparue.

« Mon feu s’est activé pour la première fois. Ils ont paniqué et brulé ma maison. Je n’ai pu sauver que le bracelet de maman et le couteau de mon père. Ma maison n’existe plus. »

Elle ferma les yeux doucement.

« J’ai été bannis… Alors j’ai remonté le fjord et je me suis rendu à la petite ville au nord. Là-bas, on m’a soigné et j’ai continué ma route jusqu’à Bergen où j’ai commencé à voler pour survivre. Avec mon feu, c’était facile. J’ai été repérée et on m’a proposé de me servir de mes talents à d’autres fins. Alors j’ai commencé à tuer pour de l’argent… Mais bon, je n’ai pas toujours été très sympathique avec certains de mes employeurs, je ne te le cache pas ahah… Bref, un jour, ce gros CON de Ares m’a repéré et m’a demandé de le rejoindre. Je l’ai envoyé se faire mettre et… bah Hermes a apprécié mon caractère et m’a pris sous son aile. Je ne suis venu ici que pour aider un vieil ami… »

Elle avait volontairement caché certaines parties de son histoire car elle ne voulait pas que Karen s’en veuille de trop… ni qu’elle la juge. En effet, Aleksandra avait toujours aimé dire qu’elle était la fille de Loki étant jeune, mais ces paroles n’avaient plus le même poids maintenant qu’elle était adulte. Il ne fallait pas non plus que la rouquine sache à quel point elle lui avait manqué… A quel point son départ avait joué sur son destin.

« Voilà toute l’histoire… Rien de bien marquant… »

Aleksandra s’avance sur le canapé.

« Ton tour ! Que s’est il passé avec ce Berserker avec qui tu es partit ? Et après ? »

Après tout, elle aussi avait grand hâte d’entendre son histoire.

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Je suis si fière de toi, ma soeur

Elle rit et la remercie pour le tissu. Alors, la jeune femme l’utilise pour nettoyer son arme, restant tout de même, en petite tenue. Aleksandra semblait parfaitement à l’aise ainsi. Bien que la température de l’appartement fût parfaite, elle se sentait toujours mieux avec une couche en moins sur le dos et puis… Cette chemise n’était pas vraiment adaptée à son style vestimentaire habituel.

Elle lui avait, donc, raconté son histoire. Karen avait été, visiblement, touchée par la mort de sa mère. Aleks savait que les deux femmes étaient proches. La rouquine était toujours la bienvenue à la maison et, étant donné leur relation fraternelle, il était logique qu’elle la considère un peu comme sa fille. La guerrière avait vu l’illusion mais n’avait pas interrompu le récit de la petite femme aux cheveux bleus, ce qu’elle apprécia. La réaction du village sembla la mettre en colère… à un point qu’un cerceau d’eau avait été invoqué depuis les robinets et s’était mis à entourer Karen. C’était vraiment de la belle magie…

La petite femme regarda son amie à sa remarque et hocha doucement la tête. Elle ne lui avait pas encore fait par de sa décision d’aller vivre chez les Chevaliers, du moins, pas pour le moment. Elle gardait la bonne nouvelle pour plus tard car elle voulait, déjà, en savoir plus sur Karen. Car, si Aleks commençait à lui parler d’Alexis, cela amènerait sur d’autres questions et la petite femme à tresse n’aurait jamais eu ses réponses ! Finalement, son amie se leva et alla jeter l’eau dehors. Aleksandra aurait aimée lui dire que cette magie était vraiment belle, mais son amie vint lui offrir une étreinte qui lui cloua le bec. Elle sourit et la sert faiblement dans ses bras.

« Ne t’en fait pas… J’ai eu le temps de faire mon deuil. Elle dine avec les dieux à présent. »

Bien entendu, sa mère lui manquait. Mais elle s’était faite à l’idée qu’elle la reverra le jour où sa mort à elle sonnera. C’est alors que l’on sonna à la porte et un plateau roulant avec de la nourriture apparu. La petite femme s’empressa de remonter son arme en vitesse. La vérité était qu’elle avait une faim de loup. Le stresse combiner à l’utilisation abusive de sa magie lui avait creusé l’estomac. Elle s’approcha du chariot et contempla les différents mets, tous de la plus haute qualité. Mais à la question de Karen concernant sa façon de s’alimenter, elle fit la moue.

« Maiiiiis ! Vous avez quoi tous à me poser cette question ? »

Elle gonfle doucement les joues. A ses yeux, sa corpulence était normale bien qu’un peu sèche… Elle ne se rendait pas compte elle-même qu’elle était dans un stade de maigreur à la limite du danger. Finalement, à la demande de Karen, elle sourit.

« Bien grande sœur ! »

Mais, sale gosse comme elle est, elle prit le premier verre de whisky et lui tira la langue avant de boire une gorgée… Il était excellent et elle fut d’autant plus surprise par cette qualité. Néanmoins, elle se servis de différents mets et commença à manger en écoutant le récit de sa grande sœur. Il faut comprendre que, pour Aleksandra, Uncle est un véritable Berserker. Après tout, dans ses souvenirs, il avait la carrure et les manières des hommes-ours à la force surhumaine des légendes nordiques. C’est pourquoi le début du récit de Karen ne la surprit guère. Avec lui, elle avait subi un véritable entrainement de guerrier viking pur… Mais Aleks manqua de s’étouffer lorsque Karen lui parla de son combat avec l’ours brun. Cependant, elle ne fit aucun commentaire, buvant ses paroles aussi vite qu’elle vidait son whisky.

Une sœur ordinaire en aurait, surement, voulu à Uncle pour le traitement qu’il avait fait subir à Karen… Mais pas Aleksandra. Au contraire, elle était presque… envieuse ? Oui, c’est le mot. Elle aurait aimé vivre ce que sa sœur a vécu mais elle savait bien qu’elle n’aurait jamais tenu. Avec sa fragilité physique, elle serait morte au bout de quelques semaines. Mais Karen… Karen était une guerrière dans l’âme. Parfois, la petite Aleks se demandait si sa sœur n’était pas descendante de Ragnar et, par extension, d’Odin lui-même. Elle avait la bravoure, l’intelligence et la force des enfants du grand Roi viking. Le fait qu’elle ait visité tant de pays revenait presque à la conquête et la soif d’aventure de ce même roi. Plus le récit avançait, plus des étoiles brillaient dans le regard de la petite femme tant elle trouvait les aventures de son amie palpitante… jusqu’au moment où, inévitablement, Uncle l’avait abandonné. Karen semblait, toujours, quelque peu contrariée par ce moment de sa vie, mais Aleksandra comprenait le vieux Berserker : C’était un moyen pour lui de montrer à sa protégée qu’elle n’avait plus besoin de lui et que c’était, désormais, à elle de tracer sa propre route toute seule. Il avait passé des années à la forger pour qu’elle devienne une lame à la fois effilée et solide… Elle avait acquis des capacités auprès de lui qu’elle pouvait utiliser, désormais, quand elle le souhaitait. Personne, à présent, ne pouvait lui faire de mal. Elle était devenue véritablement dangereuse, bien plus qu’Aleks ne le sera jamais. Artemis avait été le meilleur choix pour elle… Après tout, Karen a toujours été proche de la nature et des animaux.

Lorsque Karen se resservit en alcool, la petite femme tendit son verre avec son sourire de sale gosse, la laissant continuer son récit. Elle reprit un peu son sérieux avec ce qui suivi… D’ailleurs, à nouveau, elle en eut les larmes aux bords des yeux. Doucement, elle posa son verre et alla se mettre sur les genoux de sa sœur pour la prendre dans ses bras.

« Maintenant que je connais toute l’histoire… Je ne peux t’en vouloir. En vérité… si j’avais la possibilité de revenir en arrière, je te laisserais partir sans remord. Bien sûr, Uncle n’a pas été doux avec toi mais… regardes toi aujourd’hui ! Si tu étais restée au village, je doute que ça aurait changé grand-chose… J’aurais quand même été chassée et on aurait fuit ensemble ou alors… on aurait tué tout le monde ensemble. Est-ce que ça aurait été mieux, vraiment ? »

Elle soupira. L’idée de réduire en cendre cet endroit était toujours dans ses objectifs même si Alexis lui avait suggéré que ce n’était pas la meilleure idée au monde…

« Uncle a fait de toi une femme exceptionnelle aux capacités exceptionnelles. A présent, tu es libre d’en faire ce que tu veux. Tu as vu d’autres chose, et tu es devenu une nouvelle femme, plus forte, plus intelligente… et plus juste. De toute manière, ni toi ni moi n’avions d’avenir dans le fjord… »

Elle caresse le visage de sa sœur et soupire en se blottissant contre elle.

« Moi aussi… notre village me manque. Et tu m’as beaucoup manqué, je ne te le cache pas. Mais les dieux nous ont finalement réuni ici. C’est le plus important aujourd’hui et c’est peut-être un signe... Ne regrette pas le passé car… c’est ce passé qui nous a forgé et qui a fait que nous nous sommes retrouvées ici, loin de chez nous. Tu n’as absolument pas à regretter celle que tu es… Moi… je suis fière de toi, ma soeur. »

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Alexis

Aleksandra était si heureuse de retrouver sa grande sœur… Elle qui, d’habitude, ne manque pas une occasion de profiter de la proximité d’une personne, ici, elle avait juste envie de profiter de sa présence, de sa chaleur. De sentir son cœur battre ainsi que le souffle chaud de sa respiration. La petite norvégienne sourit doucement à ses paroles. Il ne fallait pas avoir de regret… Surtout qu’Aleksandra en était arrivée à la même conclusion. Seule, la petite femme avait dû lutter pour survivre, poussant son corps à se dépasser. Malgré les apparences, elle était devenue plus forte physiquement et mentalement. Elle ne doutait, justement, pas que sa grande sœur aurait tout fait pour la protéger si elles étaient parties ensemble, or, cela n’aurait fait que les détruire toutes les deux… Dans l’hypothèse où elles auraient survécu à cette épreuve, aucune des deux ne serait aussi forte qu’elles ne le sont aujourd’hui.

C’est alors que Karen glisse sa tête dans le cou de sa petite sœur qui cru sentir quelques goutes tomber sur sa peau nue et chaude… Avant d’entendre la voix légèrement brisée de sa sœur. Elle se tourne vers elle, un peu surprise puis la serre doucement contre elle, lui caressant les cheveux pour essayer de l’aider à se détendre… Aleksandra n’a pas le souvenir d’avoir déjà vu la jolie rousse pleurer, même enfant. Elle avait toujours été particulièrement forte et déterminée. Une force de la nature. Alors l’entendre pleurer ne put que lui tirer les larmes en retour. Elle se contente de dire, sa propre voix se brisant à son tour…

« Oh si… j’imagine… »

Car elle ressentait la même chose. Alors elle laissa les larmes couler… Cela faisait du bien. Comme si toute la pression, toute l’appréhension et la peur de ne pas revoir sa plus précieuse amie, sa dernière famille, s’écoulait sous forme d’eau salé par ses yeux. Finalement, elle relâche doucement Karen qui avait les yeux rouges mais qui semblait s’être calmée. La jolie rousse lui fit alors une proposition qu’elle ne pouvait refuser.

« Bien sûr que je viendrais… Il faudra juste me retenir pour pas que je mette le feu à cet endroit… Mais oui, je tiens moi aussi à rendre hommage à ma mère. »

Cela n’allait pas être facile cependant, ni pour Aleks, ni pour Karen. La petite Norvégienne, elle, allait devoir remettre les pieds dans un endroit qu’elle méprisait parce qu’il l’avait tant fait souffrir… Toute son enfance. Un endroit où sa mère et sa maison n’existait plus. Mais, cela allait être encore plus dur pour Karen car sa famille, elle, vivait toujours là-bas ! Sa famille qui l’avait presque chassé de chez elle parce qu’elle avait sauvé son frère à l’aide de son feu ?!... Cette pensée fit remonter une vieille colère au fond du cœur de la petite femme. Elle voulu prévenir son amie, mais elle changea de sujet pour le mieux. En effet, elles avaient assez parlé de choses tristes et auront tout le temps de reparler de cela un peu plus tard.

« Moi ?... Oh oui beaucoup ! Bon, je ne te parle pas de mes employeurs. Mais depuis que j’ai rejoins les Mercenaires, j’ai fait pas mal de rencontres sympathiques ! Un jeune homme particulièrement doué pour le vol, un égyptien particulièrement doué pour… euh… » Elle se pince la lèvre. « … beaucoup de choses disons… Mais surtout… Comment te dire… »

Elle appréhendait un peu ce moment. L’homosexualité n’était pas tellement taboue dans leur village, mais cela restait assez mal vu tout de même. Aleksandra savait que sa sœur était ouverte d’esprit, sans doute même bien plus qu’elle, mais si elle redoutait bien la réaction de quelqu’un, c’était bien Karen. Un peu timidement, en détournant le regard, elle lui avoue.

« … je vois quelqu’un en ce moment… En vrai, avant de venir ici, j’ai passé deux jours parfaits avec elle, aux forges… Elle s’appelle Alexis. C’est une personne admirable… Elle m’a sauvé la vie telle une valkyrie… Et je l’aime beaucoup tu sais. »

Elle se sentait comme une enfant qui révélait un amour interdit à ses parents.

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Adulte Irresponsable

Bien entendu qu’Aleks était prête à la raccompagner chez elles. Car, en effet, il n’y avait pas eu de cérémonie pour la pauvre mère de la petite Norvégienne à son grand regret. Cette femme méritait cet honneur et Aleksandra voulait le faire, surtout si Karen était à ses cotés pour la soutenir. De plus, cette dernière aura surement envie de revoir ses parents et, surtout, son frère. Elle se souvenait que ce petit garçon était tout l’univers de sa sœur, autant qu’elle l’était voir plus encore. Sans doute s’inquiétait elle pour lui mais qu’elle avait peur qu’il la haïsse pour ce qu’elle était… Dans ces conditions, le retour de la fille de Loki n’allait peut-être pas l’aider… Mais elles en parleraient, surement, plus tard.

En tous cas, ce changement de sujet fut le bienvenu. La réaction de Karen, alors qu’Aleks parlait d’Azir, la fit quelque peu rire et à juste titre. Car oui, sa petite sœur n’était plus une enfant, même si les apparences, autant physiques que mentale, pouvaient donner l’illusion du contraire. Mais c’était bien une adulte irresponsable avec tous les désirs qui vont avec. Néanmoins, la réaction qu’eut sa sœur lorsqu’elle lui parla d’Alexis la combla de joie car elle ne laissa paraitre pas la moindre once de doute ou même de surprise… Au contraire, elle semblait heureuse pour elle, et, même, curieuse. Karen était une personne vraiment géniale et, plus que jamais, Aleks était fière et comblée de l’avoir comme sœur d’âme.

« Oui… Maintenant que tu le dis… je n’avais pas percuté ahahah ! »

Lâcha-t-elle en riant positivement. Finalement, elle descend de ses genoux pour se poser à ses côtés, prenant une gorgée d’alcool pour lui répondre.

« Déjà, je suis sûr que tu t’entendrais bien avec elle… C’est une Chevalière d’une gentillesse comme je n’en ai jamais vu… Déjà, elle me supporte c’est déjà bien ahah ! Mais… Disons qu’à notre rencontre, j’ai essayé de la voler. On a failli se battre, mais une armée de gnome nous a forcé à nous serrer les coudes. Alors, on s’est protégé mutuellement. Oh je doute qu’elle eut vraiment eu besoin de moi… cette fille… Est si… forte… »

Elle se mordille la lèvre en repensant à la facilité avec laquelle, après un combat acharné, elle l’avait levé du sol et avait couru jusqu’au médecin dans le village voisin. Repenser à sa force surhumaine provoquait toujours ce petit frisson dans son cœur.

« Bref, elle m’a sauvé et… lorsque nous nous sommes séparées… je ne sais pas… quelque chose a changé en moi. Je ne pensais qu’à elle, alors… je suis aller la revoir aux forges et… j’ai appris qu’elle ressentait la même chose… Alors… voilà… Je l’ai quitté juste pour cette missions… Mais nous sommes sensés nous retrouver chez Hermes. »

Ayant parlé vite, elle bu sa dernière gorgée avant d’enchainer pour arriver à l’essentiel.

« Nous avons de nombreux projets, mais j’ai une question à te poser avant de t’en parler… Toi… tu as trouvé quelqu’un ?... Dis dis dis ! »

Elle avait quelque peu oublié Niels et sa Karen lors de la mission en France.

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L'amoureux de Karen

Aleks était heureuse de parler d’Alexis. Après tout, cette fille l’avait rendu heureuse, plus qu’elle ne pensait jamais l’être et le fait de parler d’elle, de se confier à Karen rendait sa relation plus réelle encore. Car cela ressemblait déjà à un rêve… Cela faisait prêt d’une semaine qu’elles s’étaient dit « au revoir » à l’aéroport d’Athènes. Bien entendu, il était hors de question de lui parler de sa force, bien plus forte que ce qu’elle voulait sous-entendre. Alexis pouvait la tuer aussi facilement que l’on brise une allumette. Karen n’avait pas besoin de savoir à quel point cette relation était dangereuse… Du moins pas tout de suite. Elle n’avait absolument pas envie de cacher des choses à sa sœur, mais là c’était primordiale. Il lui fallait, d’abords, rencontrer Alexis, qu’elle apprenne à la connaitre et qu’elle reconnaisse leur relation. Après, elle sera prête à tout lui dire… Mais elle refusait de lui mentir… Pas à elle. Du coup, il fallait éviter le sujet à présent… Ne plus parler de sa force.

La petite Norvégienne ne répondit pas de suite à ses questions, bien trop enthousiaste à l’idée de lui demander si elle avait quelqu’un. Cependant, elle avait bien vu que Karen avait un côté « méfiant » vis-à-vis d’Alexis. C’était ce qu’elle aimait chez Karen… Cet aspect de « grande sœur », protectrice qu’elle avait toujours montrée et, ça, uniquement avec elle. Elles n’avaient beau pas avoir le même sang, ne pas avoir eu de contacte pendant prêt de dix ans, et pourtant, les habitudes revenaient vite et Aleks en eut les yeux pleins d’étoile.

En réponse, Karen paru se replier sur elle-même… A la réflexion, cela ne la surpris qu’à moitié. Sa grande sœur n’a jamais été très ouverte avec les autres, du moins pas avec les humains. Alors un petit copain aurait pu sembler presque surprenant et pourtant… Elle avait bel et bien trouvé quelqu’un. Un garçon qui s’était perdu ? Aleksandra leva un sourcil. Elle espérait que Karen ne s’était pas amourachée avec un bon à rien ! Elle valait mieux que ça ! Mais, en écoutant le reste de l’histoire, un sourire s’étira doucement sur ses lèvres, puis elle bondit du siège.

« OUAAAAIS ! MA GRANDE SŒUR A UN COPAIN !!! »

Elle était vraiment heureuse pour elle. Elle fit un petit pas de danse en improvisant une chanson enfantine avant de revenir s’asseoir en souriant.

« J’espère que c’est un mec bien… Je dois t’avouer que je suis un peu septique quand tu dis qu’il s’était perdu mais… Si c’est un Norvégien, ce ne peut être qu’un mec bien héhé… Enfin, j’espère que tu me le présenteras. »

Aleks lui offrit son magnifique sourire de sale gosse, typique de lorsqu’elle était fière de sa bêtise. Mais, elle se retint néanmoins de l’embêter avec cette histoire même si elle avait envie d’appuyer sur la fameuse « bonne soirée » qu’elle avait passé avec le jeune homme, bien désireuse d’avoir tous les détails… Mais sa grande sœur était du genre pudique et elle ne voulait pas trop l’embêter le jour de leurs retrouvailles.

« Pour répondre à ta question… Alexis n’est pas seulement forte, non… Elle a une griffe qui lui sert à aspirer l’énergie vitale des monstres, ce qui lui permet de se régénérer. Sinon, en ce qui concerne les projets… »

Elle se laisse glisser dans le canapé après avoir terminé son verre.

« Je pense que je vais rejoindre Héphaïstos et ses Chevaliers afin de pouvoir m’installer avec elle. Déjà, j’aurais de meilleurs fréquentations et l’ambiance y est tellement meilleure que chez les Mercenaires. Je sais que nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps mais… »

Aleks soupire et s’explique avec un air sérieux sur le visage, ce qui était particulièrement rare. Elle voulait juste que Karen la comprenne.

« Tu l’as compris, je pense… Mais j’adore le sexe. J’ai collectionné les conquêtes hommes et femmes depuis mon adolescence et je ne me serais arrêté pour rien au monde mais cette fille… Je n’ai même pas pensé à lui faire l’amour, du moins au début. Je voulais juste passer du temps avec elle, rien de plus… Je l’ai senti là. »

Elle tapota sa poitrine.

« … et je le sens encore quand je pense à elle… C’est une fille avec qui je me sens heureuse. Tout simplement heureuse.»

Elle sourit et se redressa, sortant son téléphone de sa poche intérieur, montrant à sa sœur la photo qu’elle avait prit avec Alexis le jour de son départ de Grèce. Aleks avec son sourire de sale gosse et Alexis arborait un sourire joyeux… Les deux jeunes femmes semblaient avoir les yeux pétillants de bonheur. Le regard d’Aleks s’adoucit et cette dernière se rendit d’autant plus compte à quel point la jolie brune lui manquait.

« Elle n’est pas magnifique ?... »

Puis, en voyant son téléphone, elle se souvint de quelque chose. Elle regarda à sa sœur, un sourire en coin… Et si…

« Dis donc… Soeurette… Ton petit copain… Ce serait pas un punk au style goth particulièrement timide qui répondrait au nom de Niels ? »

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Qui pourrait t'oublier ?

« Perdre la mémoire ?! Carrément ?! »

La petite femme était surprise. Elle n’avait jamais eu connaissance d’un tel effet secondaire pour un feu. Elle se doutait que les pouvoirs ne réagissaient pas de la même manière sur le corps de leurs hôtes mais elle pensait que cela touchait, toujours, plus ou moins à l’énergie vital… Ou alors, ce cher Niels était bien plus puissant qu’il n’y paraissait. D’un coup, elle se souvint de quelque chose.

« Cela explique pourquoi il était, tout le temps, en train de prendre des notes… En vrai, le pauvre… Son feu ne doit pas être tout le temps facile à vivre. »

La remarque que fit Karen fut particulièrement pertinente car, en effet, elles en avaient parlé brièvement avec Alexis, mais elles n’étaient jamais rentrées dans le détail : Comment elle pourrait contribuer aux forges ? Et l’idée qu’eut, alors, Karen, la fit sourire.

« Oui je pense que j’y serais bien mieux. Chez les Mercenaires, c’est un peu chacun pour sa poire. Je m’entends bien avec Jae et encore, je ne pourrai jamais lui faire confiance et c’est pas faute d’essayer… Mais les personnes « bien », si je puis dire, ne se mêlent que rarement aux autres. »

Elle pensait à Magnus qui lui semblait être quelqu’un de sympathique mais qui était, bien souvent, renfermé sur lui-même. D’ailleurs, elle pensait qu’Alexis devait, déjà, être chez les Mercenaires de Ares à l’heure qu’il est.

« Mais c’est une super idée que tu as là ! Il est vrai que je ne suis pas trop taillée pour travailler dans les forges et cette chaleur… bouah ! Si j’y retourne, ce sera à poil et pas autrement. De toute manière, je ne serais pas la seule à ne rien porter ahahah ! Mais bref, oui, tu as raison, je pense que je me concentrerai sur les quêtes pour les matières premières… et rien ne m’empêche de continuer à voler un petit peu pour le travail. »

Dit-elle innocemment, comme si voler était une chose des plus naturelles, autant que d’aller chercher son pain le matin. Mais, aux paroles de Karen concernant Alexis, la petite femme aux cheveux bleus (qui étaient ici teint en noir) ne put s’empêcher de pencher la tête. En y réfléchissant bien, elle comprit ce qui inquiétait sa sœur et lui offrit un tendre sourire.

« Ne t’en fais pas pour cela… Depuis que j’ai… bon, je peux te le dire… depuis que j’ai couché avec elle la première fois, je n’ai plus du tout envie de coucher avec d’autres. Je ne te le cacherai pas, au début, j’étais tenté mais… c’est tellement… Magique entre nous. Je sais que je ne connaitrai jamais cela avec qui que ce soit d’autre. »

Rien que d’y repenser, elle sentait son petit cœur s’emballer et elle se resservit en alcool… Aleksandra avait un peu perdu le compte des verres, mais elle se sentait encore très bien, donc, elle continuait à boire. Elle mangea rapidement une bouchée pour ne pas se faire réprimander par sa sœur et l’écouta attentivement… Mais à sa question, elle rit bêtement.

« Désolé, je ne savais pas que c’était ton copain… Promis, je ne l’embêterai plus. »

Même si ça allait lui être difficile. Niels était exactement le genre de garçon qu’elle aimait taquiner. Le genre timide, pas trop sûr de lui, et qui réagit au quart de tour à ses provocations. Heureusement qu’ils étaient en mission (et qu’Alexis était présente) car elle aurait bien pu aller encore plus loin et, pour le coup, le pauvre ne s’en serait, surement, jamais remis (si vous voyez ce que je veux dire). Non, Aleksandra n’est pas vraiment quelqu’un de bien, je vous l’avais dit. En tout cas, elle est bien soulagée de ne pas être aller trop loin avec le garçon, surtout avec ce que Karen dit par la suite… Des larmes brillaient aux coins des yeux de la petite norvégienne. Sa sœur parlait avec son cœur et ça, c’était vraiment quelque chose de touchant. Aleks prit la main de la jolie rouquine et lui offrit un tendre sourire.

« C’est si bon de t’entendre dire ça… Bon, je suis un peu jalouse car je vais devoir laisser un peu de place dans ton cœur pour ce garçon ahahah ! Mais, en vrai, tu le mérites… Et, j’ai pu travailler avec Niels et, le peu que j’ai pu voir… C’est vraiment un garçon bien. Il a l’air juste hyper fragile moralement. Mais, le peu que j’ai pu voir, il fera tout pour te protéger… C’est un chic type. »

Bon, Aleksandra ne disait pas tout. Elle aurait aimé voir sa sœur avec un mec (ou une fille) assez fort moralement et physiquement, mais, dans un sens, Niels avait l’avantage d’être quelqu’un de fiable et, en qui, on pouvait avoir pleinement confiance. Pour Karen, c’était vraiment le compagnon idéal.

« Prends soin de lui… Et… Je pense qu’il fera tout pour ne pas t’oublier. Comment t’oublier, Karen ?... S’il y a bien une personne dans toute ma chienne de vie que je n’aurais jamais pu oublier, c’est bien toi… Tu es… unique. »

Elle vient déposer un long baiser sur ses lèvres, comme une amoureuse… C’était bien de l’amour, mais de la fraternité avec ce soupçon de folie tordue qui faisait la conscience d’Aleksandra désormais. Une drôle de manière pour elle de montrer son attachement et ses sentiments aux personnes qu’elle appréciait vraiment et qui se comptaient sur les doigts d’une main. A savoir, Karen, Azir et Alexis.

« On ne se perds plus de vue maintenant… Et c’est un ordre ! La prochaine fois, quand on aura un peu de temps libre, je veux qu’on se fasse une bouffe. Toi, moi, Niels et Alexis. Histoire que l’on fasse tous connaissance. Promis, je me tiendrais. »

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Quel couple adorable

Les paroles de Karen étaient magnifiques, surtout concernant Niels. Elle ne savait pas sa sœur aussi émotive et la voir amoureuse était quelque chose de surprenant. C’était subtile, presque pudique, mais terriblement adorable à voir. La jolie rousse avait confiance en son avenir avec le garçon gothique. C'était courageux de sa part même si elle allait, surement, vivre des moments difficiles avec lui.

Mais elle fit une grimace quand son amie parla des dieux des Chevaliers. En effet, cela n'allait certainement pas être facile pour elle. Aleksandra allait devoir se vendre proprement, et sans faire d’histoire. Cela allait être le plus dur car elle n’avait pas trop de respect envers les dieux Grecques. Rien que l’idée de ployer le genou devant eux la rendait malade et elle aurait, en plus, le sentiment de trahir Loki, son protecteur et père adoptif.

« Je saurais me montrer convaincante... ne t'inquiète pas pour cela, grande sœur. Je ferai tout pour y rentrer et ils ne regretteront pas leur décision. »

Elle savait qu’elle pourrait compter sur l’appui d’Alexis une fois là-bas. Mais elle ne voulait pas causer des problèmes à sa compagne à cause de cela. Néanmoins, sa liaison la motivera justement à ne pas faire trop de bêtise une fois officiellement Chevalière, histoire de ne pas salir la réputation d’une des personnes les plus méritante des forges. Aleks ne voulait absolument pas se montrer toxique à l'égard d’Alexis... Ce serait pire que tout. De plus, la belle brunette ne sera pas seule à la soutenir. Il y aura aussi Tane, le nudiste. Elle ne pouvait pas trahir ou même décevoir des personnes qui se sont montrées aussi gentilles avec elle.

A la remarque de Karen, Aleksandra ne put s'empêcher de rire doucement.

« Oh bah je peux te donner des détails !... Je commence par quoi... Hum... »

Puis elle éclate de rire. Non, elle n’allait pas vraiment lui donner des détails, du moins pas tant qu’elle et Alexis s'entendent à merveille. Cela ne dérangeait pas Aleksandra de parler de ses expériences sexuelles en détaille avec Karen car, après tout, c’est sa grande sœur. Mais elle ne voulait rien faire qui puisse déranger sa compagne d’une manière ou d’une autre. Et puis, elle ne pouvait expliquer cette magie qui opérait entre elle et la chevalière. C'était bien trop abstrait pour poser des mots dessus. C’était bien au-delà du fait de faire l’amour… Et puis, si Karen avait couché avec Niels, sans doute avait-elle ressentit la même chose.

Dans tous les cas, même si Aleksandra pensait vraiment, à ce moment-là, qu’elle arrêterait d’embêter Niels, il était presque sûr qu’elle serait tentée à nouveau, plus tard, de le taquiner sur sa timidité. Mais, ce ne sera pas méchant, juste taquin. Ce garçon était adorable, il fallait bien le dire, mais il ne sera surement pas gâté d’avoir la petite nordique comme belle-sœur. Néanmoins, bagarreur n'était vraiment pas le mot qu’elle aurait donné pour ce garçon timide et adorable. Mais, s’il pouvait se montrer violent pour protéger Karen, c'était là le signe de quelqu'un qui ferait tout pour la protéger, ce qui combla Aleksandra et la rassura d'autant plus. Et puis... le rire de Karen, son regard. Elle semblait réellement sous le charme du timide norvégien. C’était vraiment adorable à voir…

Aleks ne pouvait s'empêcher d’embrasser ceux qu'elle aime, dans tous les sens du mot « aimer ». Je pense pouvoir expliquer sa réaction ainsi : lorsque l'on embrasse, on ne peut être plus proche encore de ceux que l’on aime et c'était une chose dont Aleksandra avait grand besoin. Elle devait se sentir au plus proches possible de celles et ceux qu’elle aime tant ces années de solitudes l'avaient rempli de vide, un vide comblé par une folie destructrice. Bref, ce geste était un véritable geste d'amour fraternel et la petite femme reste sur elle, au plus proche avant de reprendre son verre à nouveau plein. Les paroles de Karen la firent rire doucement.

« SKOLL ! »

Et elle avale son verre cul sec dans une grimace sous l'effet du feu de l’alcool qui lui brulait la gorge. Non, plus jamais elle ne voulait se sentir loin de sa sœur. Toutes deux avaient vécu trop longtemps trop loin de tout ce qui se rapproche de prêt ou de loin à une famille. Même si elles ne servaient pas le même camp, elles trouveront toujours le moyen de se retrouver et de passer de bons moments... En tout cas, Aleksandra comptait bien là-dessus !

Elle fut heureuse de constater que Karen était tout aussi intéressée par cette histoire de restaurant et sautillait nerveusement sur ses genoux. Mais le scepticisme de sa sœur la fit doucement gonfler des joues.

« Maiïeuh !... Je sais être sage !... Parfois. »

Bon, c'était assez rare, il fallait le reconnaitre. Mais bon, elle se sentit quelque peu vexée d’être ainsi sous-estimée et croisa les bras avec un air boudeur sur le visage. Surtout lorsque Karen lui dit qu’elle allait la sermonner.

« Ne sois pas trop dur avec moi quand même... La vie est tellement ennuyante lorsque l’on reste dans le droit chemin. »

Mais elle retrouva le sourire et se permit même de rire un peu, prenant un morceau de pain qu’elle grignote en posant sa tête contre la poitrine de sa sœur.

« Mais je suis heureuse que tu acceptes de diner avec moi et ma compagne. Je suis certaine que le courant va passer entre vous deux. Après tout... Vous deux ne souhaitez que mon bonheur. C’est déjà un sacré point commun, tu ne trouves pas ? »

Aleksandra rit légèrement. Ce qui était entièrement vrai en somme et, rien que là-dessus, elles ne pouvaient que bien s'entendre. Niels, elle le connaissait déjà et aimait déjà bien le garçon. Le plus dur allait être de rester sage et de ne pas trop vanner ce couple qu’Aleks imaginait déjà que trop bien... Deux jeunes gens, bien trop timide pour se parler sans que l’un ou l’autre ne se mette à rougir sans pouvoir se contrôler.

Soudainement, la petite femme eut un sourire de sale gosse et, une seconde plus tard, elle posait sa tête sur l'épaule de sa sœur, sortit son téléphone et, d’un geste vif, prépara un selfie en levant ses doigts, formant le « V » de la victoire.

« Souris Karen ! Pour nos retrouvailles ! »

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