P... Pourquoi une rose ?

Aleksandra la regardait curieusement à ses paroles. Bon, Karen n’avait jamais été un ange. Bien souvent, c’était elle qui les entrainait dans des aventures insensées et, bien souvent, elles revenaient blessées l’une et l’autre à cause de ses excentricités… Mais Aleks était tellement heureuse de sortir, de s’amuser avec quelqu’un et que, même si elle rentrait blessée ou malade, elle était toujours heureuse que Karen partage avec elle ces petits moments d’aventure dans la neige. Même sa mère, pourtant toujours morte d’inquiétude, avait compris que sa fille avait besoin de ces moments. Karen avait presque été adopté par cette mère solitaire, voyant bien que la fille aux cheveux roux était bien plus efficace que toutes les plantes médicinales de monde pour la santé de sa fille.

« Mais de quoi tu parles ?... Tu n’es pas quelqu’un de mauvais, Karen… D’accord, tu tues, mais… regardes moi, j’étais prête à lui couper le spaghetti à vif quand toi tu as juste voulu le tuer proprement et sans le faire souffrir, comme tu chassais le gibier autrefois. Ce que tu as fait aujourd’hui rendra service à l’humanité… Tu le sais. »

Elle lui avait tenue doucement le bras en lui disant cela, la regardant avec ses grands yeux verts, un léger sourire sur les lèvres. Karen avait toujours été un modèle d’idéale. La grande sœur serviable, gentille et invincible. Cela semblait être encore plus le cas aujourd’hui. Elle sera toujours son modèle, ce jour-là comme toujours.

« Impossible que je sois un jour plus gentille que toi. Chevalière ou non. »

Lui dit-elle en souriant sincèrement avant de venir prendre la photo. Elle leva un sourcil lorsque Karen lui avoua détester les photos.

« Tu plaisantes ?!... Tu es magnifique ! Regarde comme on est canon sur cette photo !... Bon, ça me fait un peu chier car avec mes cheveux bleus plutôt que noir, ça rendrait mieux, mais c’est déjà pas mal, non ? »

Aleks avait beau être, elle aussi, une tueuse à gage, elle adorait se prendre en photo en sachant bien que c’était là un risque. Mais elle n’y pouvait rien. Son crédo la poussait à vivre pleinement. Après tout, jusque maintenant, elle avait toujours survécu. Finalement, Karen se leva et retira sa robe sous les yeux ébahis d’Aleksandra qui n’en manqua pas une miette, ne se cachant même pas pour se rincer l’œil… Karen avait toujours tout eu pour devenir une très belle femme : Un visage beau, mais caractériel (typique des nordiques), une grande taille, des épaules larges et une chevelure de feu. Mais, avec les années, elle avait gagné un corps parfait, parfaitement mis en valeur dans cette lingerie sexy… Karen était devenue une femme parfaite. La seule qui la concurrençait était Alexis mais la belle forgeronne avait, toujours, quelque chose de plus que sa sœur… Elle secoua la tête, chassant de vilaines images malsaines. Surtout après les paroles de la chasseresse, la voleuse se sentit un peu honteuse d’avoir eu tant de pensées impures et lui offrit un tendre sourire, repensant à cette époque.

« Oui… »

Répondit-elle simplement. Oh oui ça lui manquait cette époque. Bien qu’elle considérait déjà sa vie comme un enfer, la chaleur du corps de Karen la rassurait toujours. Sa présence, sa chaleur, son odeur… Elle l’avait oublié, mais elle ne faisait pas de cauchemar à cette époque. Elle rêvait juste du printemps, de la douceur de l’air sur sa peau et de l’herbe fraiche sous ses pieds nus.

« Ahah ! Ne compte pas sur moi ! »

Elle lui tira la langue et la regarda partir avec son épée… Karen était devenue une viking, pur et dur. Lagertha était son idéal… Et elle avait l’impression que la jolie rousse était sa digne héritière. C’était elle qui était la plus digne d’utiliser le nom de la célèbre reine guerrière. Aleks prit la bouteille et but une gorgée au goulot. Elle se permit, ensuite, de fouiller dans la réserve de feuille de sa sœur et en récupéra quelques-unes particulièrement odorantes dont, principalement, de la menthe et de l’armoise. Elle écrasa ces plantes dans un bol et, avec un font d’alcool, les flamba, rajoutant un arome plus sucré. Au bout de cinq secondes, elle souffla pour éteindre la flamme et une douce fumée s’échappa du récipient. D’ici une dizaine de minutes, l’odeur allait envahir la chambre. Cette odeur était une des plus présentes dans la yourte de sa mère. Il fallait bien cela pour aider Aleksandra à respirer lorsqu’elle était malade. Ainsi, l’ambiance était au passé. Elle jeta un coup d’œil à l’aigle et lui sourit.

« J’espère que l’odeur ne te dérangera pas, mon vieil ami… Normalement, le dosage est parfait… Mais je peux avoir perdu la main. Tu auras le droit de me pincer si je me suis plantée ahah ! »

Elle vient lui donner un petit morceau de viande et dépose une douce caresse sur sa tête avant de se reculer et de le laisser tranquille… Leur relation avait toujours été étrange. Mélange de jalousie et de possessivité pour Karen. Mais, à ce moment, Aleks était juste contente de le revoir et elle sentait que c’était réciproque.

Le temps que l’odeur se répande, elle poussa doucement la porte de la salle de bain, en silence et retira les quelques vêtements qu’il lui restait avant d’entrer dans la douche pour venir se blottir contre Karen. Sa sœur avait de monstrueuses cicatrices ainsi qu’un magnifique tatouage au-dessus de ses fesses. Une rose épineuse… De son côté, le grand serpent tatoué sur son bras vint entourer le torse de la jolie rousse, juste en dessous de la poitrine, alors qu’Aleks posait sa tête sur son dos. Toutes deux avaient des tatouages et des cicatrices. La plus grosse, du côté de la petite femme, se trouvait sur sa hanche et semblait récente. Elle ne dit rien et laissa l’eau couler sur son corps, profitant simplement de la chaleur de son corps, de la sensation de sa peau contre la sienne et de l’eau qui coulait sur leurs corps enlacés. Pour une fois, elle était corps nu contre un autre corps nu sans avoir de penser perverses. Juste à profiter du moment présent. A nouveau, les larmes coulaient. Mais c’était là des larmes de bonheur, à nouveau. Les émotions étaient particulièrement fortes chez Aleksandra et elle ne semblait pas arriver à se remettre de ces retrouvailles.

« … p… pourquoi… une rose ?... »

Demanda-t-elle bêtement.

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Le Serpent au service de la Rose

Lorsque Karen se retourna, Aleks leva les yeux vers elle. Elle se rendit compte, alors, que sa soeur était vraiment très très belle. Plus encore qu'avec ses vêtements. Malgré ses nombreuses cicatrices, elle conservait un corps de rêve qui lui aurait énormément plus si elle n'avait pas été sa sœur... Même si ça ne l’aurait pas dérangé (si elle n’avait pas été en couple avec Alexis) et qu’elle pouvait la désirer, le lien qui les liait était trop précieux à ses yeux pour risquer de le briser juste pour... ça. Dans un monde parallèle, si elles étaient restées au camp ou si elles étaient parties ensemble, pourquoi pas ?... Mais ce temps de séparation avait fait comprendre à la petite punk à quel point sa relation avec Karen était précieuse... Un amour fraternel pur et vrai... Assez fort pour calmer l'instinct charnel de la petite femme.

Finalement, Karen lui répondit concernant la rose et Aleksandra lui offrit un large sourire, mais un sourire triste. La jolie rousse n'avait jamais été destinée à devenir une simple chasseresse. Elle avait toujours été plus forte pour son âge, plus agile et plus douée que tous les autres jeunes du village. Mais si la rose était bien son symbole, cela la rendait presque plus redoutable encore que la petite femme l’eût pensé. Elle sentit alors la main forte de son amie prendre avec délicatesse la sienne qui paressait si frêle en comparaison, la faisant glisser sur le tatouage. Elle sentit, alors, la cicatrice et cligna des yeux.

« Tu as toujours été forte, Karen... Plus forte que tous les autres. Même jeune... tu étais déjà une rose particulièrement dangereuse… avec qui je me faisais un plaisir de jouer... »

Dit-elle, un peu amusée. Parfois, elle s'était piquée à cette rose et s'en était retrouvé blessée à cause de cela, mais jamais à regret. Aujourd’hui encore, Karen était la plus forte à ses yeux, plus forte qu’elle et pourtant elle n’avait pas pu voir son feu réellement en action, pas encore. Mais ce n'était pas une comparaison qu’elle voulait faire. Même pour s’entrainer, elle ne voulait pas affronter sa sœur dans un combat singulier. Contre elle, peu lui importait d’être la plus faible. On pouvait dire, en un sens, qu’Aleksandra vénérait sa sœur telle une déesse et elle était prête, désormais, à tous pour elle… Peut-être même à mourir pour elle.

A sa question, elle hocha simplement les épaules et leva son bras.

« Pour Loki, bien entendu. »

Elle activa son feu et le serpent sembla glisser sur son bras et sortir de son dos, levant sa tête à la hauteur de celle de Karen, feulant et dévoilant ses crocs, menaçant.

« C’est Jôrmungand. Il est le symbole de l’héritage de Loki... Avec ce serpent, j’affirme être la fille du Dieu de la Malice… Je ne suis pas forte. Mais j’ai toujours été assez maline pour survivre et dépasser mes adversaires. Fasse au Serpent, même la puissance de l’Ours Berserker peut être contrecarrée.»

Elle laissa finalement le serpent retourner dans sa peau et relâcha l’utilisation de son feu. Aleksandra n'avait pas eu d’autre choix que d’user des coups bas pour survivre et ne s’en cachait pas. Dans la rue, il n’y a pas d’honneur qui tienne. C’est tuer ou être tuer. À nouveau, elle glissa doucement sa main sur la rose.

« Comment... as-tu eu cette cicatrice ? »

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Loki

Pour Aleks, il était clair que Karen était la plus forte et, en refusant de l’admettre, elle semblait aussi faire d’elle l’une des personnes les plus modestes du village. Un modèle de perfection qu’elle ne pourrait jamais atteindre et que, dans un sens, elle ne souhaitait pas atteindre. Si la petite punk se faisait appeler « Lokidottir », elle a souvent été tenté d’appeler sa sœur « Thordottir ». Sauf qu’elle était encore meilleure que le dieu du tonnerre : Non seulement elle était forte, mais aussi, elle était particulièrement sage et respectueuse. Au final, elle avait beaucoup d’Odin… Mais ce surnom, elle l’avait déjà donné à une autre personne. Elle n’admire pas grand monde, du moins, pas beaucoup d’humain mais Karen… C’était un idéal. A sa réponse, Aleks ne put s’empêcher de rire légèrement.

« Huhu… Qui te dit que je suis humaine ? »

Et elle lui tire la langue sur ces paroles, amusée. Après tout, n’avait elle pas fait tant de choses que beaucoup qualifieraient d’inhumain ? Mais cela lui importait bien peu. Pourquoi Loki n’aurait pas le droit d’avoir un enfant humain ? Mais, fille ou pas, elle se sentait vraiment très proche du dieu de la malice et espérait, sincèrement un jour le rencontrer. La petite femme sourit tristement à l’explication de cette cicatrice. Puis, finalement, son regard se perdit sur le corps de sa sœur qui semblait en avoir de nombreuses, certaines d’origines humaines, d’autres d’origines animales et d’autres, encore, difficile à analyser.

« Hum… Tu es toujours une vraie tête brulée à ce que je vois. »

Aleks rit légèrement en la regardant, toujours avec une profonde admiration dans le regard. Ce regard de la petite sœur qui admire son aînée en sachant que jamais elle ne pourra être aussi grande, aussi forte et aussi rapide. A ce moment-là, la petite femme tirait une vraie bouille d’enfant, comme autrefois, lorsqu’elles se partageaient une bassine d’eau pour se laver. C’était un véritable retour en enfance et, pendant un instant, elle en oublia les problèmes bien trop complexes des adultes… Surtout lorsque Karen lui mit du savon dans les cheveux.

« Maieuh !... »

Elle ronchonne et commence à frotter, un peu obligée à présent… Aleks avait beau ronchonner, elle aimait lorsque sa sœur prenait soin d’elle et la forçait à se laver après une journée particulièrement salissante quand elle se montrait trop paresseuse pour prendre un bain. La teinture noire partait sous l’effet du savon et, petit à petit, la couleur bleue de la teinture de la jeune femme apparu peu à peu. Mais elle se stoppa aux paroles de Karen et redressa la tête.

« Alors c’était bien vrai ?... Tu l’as vu ?... Je suis allée en Grèce pour essayer de trouver des indices, mais il n’y avait plus rien ! Alors il t’a parlé ? C’est vrai ?... Il t’a dit quoi ? »

Dit-elle, trépignant d’impatience. Bon, je ne vous cache pas qu’elle était un peu jalouse que Loki se soit montré à Karen et non à elle… Mais, pour le moment, cela semblait bien accessoire surtout que sa grande sœur avait toujours été la plus utile au village et était une digne pratiquante de leurs rites et de leurs coutumes. La plus grande déception que pourrait ressentir Aleks serait d’apprendre que sa grande sœur, son guide, son phare, ait lâché leurs dieux pour se rallier corps et âme aux divins Grecques… Mais elle se doutait que ce n’était pas le cas. Karen n’avait pas parlé comme quelqu’un qui avait abandonné les traditions… Elle restait, elle aussi, une grande fidèle d’Odin, de Thor et même de Loki.

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Comme au bon vieux temps

« Ayayaye ! »

Déclara simplement Aleksandra en réponse. Car Karen lui tirant l’oreille, elle ne pouvait pas vraiment répondre autre-chose. Néanmoins, la jolie rousse ne croyait pas si bien dire. Sa petite sœur souhaitait, tout d’abords, détrôner Arès et prendre sa place sur le trône de dieu de la guerre. Mais, cet objectif n’était qu’un simple passage en attendant le Vallahla. D'ailleurs, elle eut un léger sourire en repensant à la scène rêvée, qu’elle avait déjà montré à Alexis. Elle se voyait assise à la table des dieux, racontant à Loki tous ses méfaits malicieux alors que, à côté d’elle, sa grande sœur soulevait Mjolnir sous le regard impressionné de Thor. Cette simple image montrait à quel point Aleks avait une très grande estime de Karen. Tueuse ou pas, elle était sage, protectrice et aimante... Digne de tous les honneurs des dieux et, même, de leurs pouvoirs.

Elle se frotta vivement l'oreille en grommelant… *Si on a plus le droit d’être ambitieux maintenant...* Elle continuait à l'écouter en se lavant et, visiblement, sa sœur avait eu la même idée qu’elle. Karen avait cherché d’autres traces après la venue de Loki sur terre mais n’avait rien trouvé, ce qui attristait, quelque peu, la petite femme. Mais la réaction que le dieu de la malice avait eu envers la jolie rousse la fit sourire et c’est, à nouveau, un regard plein d’admiration qu’elle leva vers sa sœur. Elle était toujours fidèle à leurs dieux, et c’était le plus important. Mais, à sa réponse, la petite femme grommela.

« Tu plaisantes j'espère. Je te l’ai dit, il n’y a pas plus digne que toi pour aller au Vallhala. Tu respectes nos traditions, tu es fidèle à nos dieux, tu es une guerrière exemplaire ! Je veux que les Valkyries vont t’emmener. Je suis même certaine qu’elles te proposeront carrément de les rejoindre ! »

Elle pensait ce qu’elle disait. Sa sœur avait tout d’une Valkyrie. ll ne lui manquait plus que les ailes pour voyager de royaume en royaume sous les ordres d’Odin. Alors que Karen sortait de la douche, la petite femme l’imaginait sans mal dans une armure d’argent étincelante, une superbe épée d’un métal clair et pur à la main, prête à se battre pour ses dieux...

Finalement, elle sortit elle-même de la douche et se rendit compte que l'odeur avait réussi à se répandre dans tout l’appartement, y compris dans la pièce où les deux jeunes femmes se trouvaient à l’heure actuelle. Aleks sourit, fière d’elle. C'était bel et bien l’odeur de son enfance. Elle ferma un instant les yeux et, avec l'humidité ambiante de la salle de bain et cette odeur de plantes, elle se sentait transportée en enfance, en automne, lorsque sa mère commençait à préparer les infusions hivernales dans leur petite maison en bois. La plupart du temps, elle était malade durant ces périodes et les deux fillettes passaient le plus clair de leur temps dans la maison, à jouer au Hnefatalf.

« Je te donnerai la recette pour le faire si tu le souhaites... »

Sa voix était devenue douce. Elle s’essuyait tranquillement, profitant de cette odeur qui lui donnait presque les larmes aux yeux tant elle pouvait presque imaginer que sa mère était dans l'autre pièce en train d’écraser des fleurs séchées en chantonnant des poèmes vikings.

« Cette époque me manque... Nous étions si innocentes… Si insouciantes… Ce que je vais te dire va peut-être te surprendre. Mais malgré les regards des gens, leur traitement et comment tout s’est finalement terminé... J'ai toujours l'impression que mon chez-moi se trouve là-bas, dans le fjord... »

Aleks n'avait jamais vraiment réussi à faire son deuil. Que ce soit celui de sa mère ou de son ancienne vie. Il fallait dire qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d'offrir à sa mère les funérailles qu'elle méritait et qu’elle aurait dû avoir. Dans un sens, elle espérait que, le jour où elle et Karen retourneront chez elles et qu’elles offriront à Nelli les funérailles qu’elle mérite, elle aurait fait son deuil et pourra, enfin, avancer sans plus jamais se retourner. De plus, maintenant qu'elle avait retrouvé sa sœur, elle n’aura, certainement, plus aucune raison de regarder en arrière. Car, derrière elle, il n’y aura plus rien à regretter.

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La plus belle des guerrières

Alex regarde Karen s’éloigner en sous-vêtements… Elle ne put s’empêcher d’admirer sa beauté, ses formes et sa grâce. Elle se rendit, alors, compte que les choses n’avaient pas tant changer car Karen faisait véritablement femme alors que Aleks, elle, restait très pubère dans son apparence. On pouvait aisément donner plus de 25ans à la guerrière alors que la voleuse ne semblait même pas en avoir plus de 18 alors qu’une symbolique année les séparent.

Elle la suivit après avoir enfilée, également, ses sous-vêtements du jour. Après tout, il faisait bien trop chaud pour porter plus. Ses longs cheveux (ayant retrouvé leur teinte bleue) ondulaient derrière elle. Il y eut un moment de silence. En effet, le fjord, c’était leur foyer. Mais, en regardant Karen, la petite folle comprit également que personne ne les reconnaitrait là-bas… Mise à part avec sa longue crinière rousse, Karen était presque méconnaissable et même Aleks, qui la considérait comme sa sœur et l’avait longuement fréquentée enfant, avait peinée pour la reconnaitre. C’est alors que l’évocation du frère tomba et un frisson (qui n’avait rien à voir avec sa tenue), secoua la petite femme. Elle savait à quel point leur relation avait été complexe au début et à quel point elle l’avait aimé, à la fin.

La petite femme reprit son verre qu’elle remplit également et alla s’asseoir à côté de son amie, ses petits pieds délicats ne touchant plus le sol alors que, de sa main libre, elle posa une main sur l’épaule de Karen.

« Ne dis pas cela, tu n’en sais rien… »

Mais son frère n’était pas aussi brave qu’elle… Et, en vérité, Aleks avait dit cela sans trop y croire elle-même. Cependant, elle savait ce que cela faisait que d’être harcelé, traité comme une malédiction par de simples voisins… Elle n’osait pas imaginer la douleur qu’elle ressentirait si Karen ou sa mère l’avait traité de la sorte. Dans tous les cas, elle espérait vraiment que son frère se souviendrait du jour où sa sœur a essayé de lui sauver la vie… ce même jour où tout a basculé. Cependant, une révélation fit sursauter la petite femme : L’énergie de son feu était liée à l’énergie vitale de la guerrière.

« Karen… Ta vie est menacée par ton feu ?... »

La mort avait beau être un honneur dans leur culture (et cela ne faisait pas peur à Aleksandra), perdre un être cher était la pire des douleurs. D’ailleurs, la petite voleuse, déjà pâle en temps normal, était à présent presque translucide.

« Je t’en prie Karen… Fais attention. »

Elle ne voulait pas perdre son amie… Ni maintenant ni jamais. La rechercher avait été un de ses objectifs de vie alors… Serait-elle capable de vivre en sachant qu’elle ne pourrait plus jamais la retrouver sur Terre ? Mais, visiblement, son amie ne voulait pas s’éterniser sur la question et, en vérité, Aleks non plus… La petite femme savait elle-même que son feu pouvait être dangereux, mais elle ne se rendait pas encore compte qu’elle ne l’utilisait pas complètement… et qu’il pouvait lui être fatal à elle aussi.

Elle fini par poser doucement sa tête sur son épaule après une gorgée de boisson puis ferma les yeux.

« Comment je pourrais ne pas être heureuse aujourd’hui ?... J’ai enfin retrouvé ma grande sœur… Et c’est la plus forte et la plus belle des guerrières. »

Aleksandra rit doucement et, à cette nouvelle question, ne put s’empêcher de reprendre des couleurs en repensant à sa petite amie.

« Elle s’appelle Svarog… Dans sa mythologie, Svarog correspond au dieu de la métallurgie et du feu. Ils l’appellent également le « Père du Soleil ». Ça m’amuse car il ressemble énormément à Odin… Du coup je m’amuse à l’appeler « Fille d’Odin ». Je sais bien que c’est un sacrilège, mais tu la connaitrais, tu comprendrais à quel point ce surnom lui convient… Cette femme m’accepte comme je suis et me parle avec une grande sagesse alors que… quoi… elle doit avoir mon âge ?... A coté d’elle… je ne suis qu’une enfant capricieuse. »

Elle rit doucement. Aleks n’était pas complexée par sa personnalité. Au contraire, elle était fière d’être une enfant capricieuse. Mais l’écart de caractère ne pouvait l’empêcher de penser qu’elle avait une chance immense de sortir avec une telle femme et elle espérait sincèrement que cette chance n’était pas passagère. Elles se sont retrouvée de caverne en caverne… La première était de pierres précieuses, la seconde de glace et la dernière de feu… Plus elle y pensait, plus elle se demandait si son bonheur ne se trouvait pas sous terres… aux cotés de cette belle chevalière qui avait si scrupuleusement volé le cœur de la voleuse.

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... et la Grande Soeur des Chevaliers

« Karen… »

Lâcha Aleksandra, presque dans un murmure en posant sa main sur sa cuisse, la regardant alors, non plus avec les yeux de la jeune adulte malicieuse, mais avec ceux d’une petite fille à qui on venait d’annoncer une terrible nouvelle. Oh bien entendu, dans leur religion, mourir en combat était un honneur vous me direz. Mais la petite femme préférait, et de loin, se sacrifier pour sa grande sœur… Cependant, cette dernière était atteinte d’un mal envers lequel elle ne pouvait absolument rien faire. Elle ne savait pas comment le lui dire, mais il ne fallait pas que cela arrive. La rouquine avait beau la rassurer, cela ne semblait pas agir sur la petite femme aux cheveux bleus. Les organes, c’est ce qui fait vivre un corps et si ses organes sont endommagés, alors il n’y a plus de vie… Aleksandra ne croyait pas si bien penser en réalité car… ce n’était peut-être pas la vie de Karen qui était la plus en danger en réalité...

Heureusement, la conversation avait bifurqué sur Alexis dont la petite nordique ne tarissait pas d’éloge sur elle… Et la réponse de sa grande sœur la fit éclater de rire.

« AHAHAH ! C’est clair ! Mais les adultes sont tellement peu amusants ! Je compte bien rester une enfant toute ma vie ! »

Et elle tire la langue… Ainsi coiffées, sans ses longues tresses, Aleksandra pouvait faire plus mature, presque son âge si elle le voulait. Mais elle avait les expressions du visage d’une salle gosse… Celle qui cherche toujours une bêtise à faire avant de lâcher un « c’est pas moi ! ». Cela lui rappela que, même en ayant grandit et, quand même, un peu mûri, les choses n’avaient pas changé. Karen restait la plus mature et la plus forte des deux… Et je ne parle pas de son coté protecteur. Elle voulait en savoir plus, toujours plus… Aleksandra pouffa de rire doucement.

« Tu es bien curieuse, grande sœur ! »

Mais elle s’allongea, laissant sa longue chevelure onduler sur les draps.

« Je ne pense pas qu’elle ait vécu longtemps en Russie… en vrai, elle a vécu son enfance comme esclave dans des mines… A côté d’elle, mon enfance était des plus joyeuses… »

Elle soupira et continua en regardant le plafond… Elle décidait de ne pas trop rentrer dans les détails pour, encore une fois, ne pas trop inquiéter sa grande sœur. Mais sa main effleura doucement la fraiche cicatrice qu’elle portait au niveau de la hanche.

« … mais, lorsque son feu s’est activé, elle a pu s’enfuir. Chez les Chevaliers, elle a trouvé une maison, un foyer et une famille… C’est presque la Grande Sœur de tout le monde là-bas ! Une vrai sœur poule qui veille sur tout le monde ahahah !... »

Elle se redresse à nouveau. Oui, Aleksandra n’est pas du genre à arriver à tenir en place.

« Sérieux, je suis certaine que tu vas l’adorer. Vous deux, vous êtes les personnes les plus gentilles que je n’ai jamais connu… »

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Family

Aleksandra rit doucement à cette réponse et hocha la tête.

« Je pense qu’il y a un peu de ça, oui… Mais elle est surtout très attachée à eux de façon purement instinctive. Je ne sais pas comment l’expliquer et, en vérité, je ne comprends même pas comment elle fait pour aimer tant de gens. »

En tant que personne longtemps martyrisée par les siens, Aleks avait beaucoup de mal à faire confiances aux autres. En vérité, c’était même l’inverse. A une époque, elle pensait même que tuer la première était le meilleur moyen pour elle de se protéger… Bon, même si elle a renoncé à de telles extrémités, la petite folle reste très méfiante vis-à-vis des autres et, au fond… elle pensait de plus en plus à accepter la proposition d’Alexis. L’ambiance chez les Mercenaires était proche de celle qu’elle avait connu chez elle à ceci prêt qu’elle était beaucoup plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était enfant. Elle avait appris à être respectée mais… est ce que cela faisait vraiment tout ?

Aleksandra cligne doucement des yeux à ses paroles et vient s’allonger, se blottissant doucement contre elle, encore une fois, sans arrière-pensée… En vérité, si prêt d’elle, elle retrouvait cette sensation de protection qui lui avait tant manquée. Comme si Karen générait un bouclier qui les entourait toutes les deux et les protégeait de tout le malheur du monde. Elle ferma les yeux doucement.

« Toi aussi… tu es ma dernière famille tu sais… tu as toujours été ma sœur… »

Elle l’écoute calmement et fini par sourire.

« Je comprends, tu aimes la discrétion… De toute manière cette ville est sale et inintéressante… »

Aleks considère sa proposition. Dans un sens, elle avait sincèrement hâte de retrouver Alexis mais, dans l’autre, elle venait de retrouver Karen et elle ne savait pas combien de temps elle pourra profiter d’elle avant de partir pour de nouvelles aventures. La guerrière avait toujours été une solitaire et cela ne semblait pas avoir changé avec le temps. Alors son hésitation ne fut que de courte durée.

« Bien sûr que je t’accompagne ! J’enverrai un message à Alexis demain pour la prévenir, ne t’inquiète pas… Je veux… passer du temps avec toi… ne plus te laisser partir. »

Dit-elle en serrant doucement son bras qu’elle tenait entre ses petites mains.

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