Ôde à Karen

Les pieds foulent l’herbe humide
Soudain le ruisseau s’affole
La glace fond en une déchéance timide
Sous les doigts agiles l’aigreur de la pluie s’étiole

Paganisme du froid au fond d’un cœur de glace
Les rus se meuvent à sa soif de justice
Cri de la guerrière des eaux à l’âme lasse
Dont l’inébranlable regard toisera votre supplice

S’éparpille au vent l’écarlate chevelure
Sillonne les pas de l’implacable poupée grâcile
Quand de la fureur de son œil vous sentirez la brûlure
Tremblez sous sa rage pauvres mortels imbéciles

Elle est belle la guerrière, toute de feu et de sang
Que s’acharnent donc les malheureux apôtres
Quand ses yeux brûlent à l’injustice des autres
Ses larmes et sa rage influent la puissance des torrents

Elles sont mortes les étoiles d’Ouranos
Elles fondent à la fureur des yeux carmin
Au souffle d’Eole qui se mêle à la rage d’Héphaïstos
A la bravoure du glaive qui se lève à la force de sa main,

Pour que les fjords se vêtissent de leur manteau de glace
Et que l’écume rageuse étincèle aux prunelles assassines
Fille des géants et des dieux du nord qui, hélas
Ne sauraient anéantir le reflet vengeur de la guerrière sanguine

Nazel ouvre ses ailes de sépulcre tout grand
Et les mortels impies prennent peur
De leurs bouches décharnées s’égrène la Terreur
Innommable écho de géhenne d’âme qui se repent,

Parce que la vengeresse est là, enfin,
Dans l’indifférente beauté de sa toison écarlate
L’arme au poing blanc qui se lève dans un éclair mat
Soutenant l’agonie d’une nature qui expire à sa fin.