Comme tous les matins, Niels s’était levé avant le soleil. Il aimait commencer sa journée par une petite course autour des champs, sa vitesse étant plus un avantage que sa force. Quand les rayons de l’astre commencèrent à pointer le bout de leur chaleur, l’américain venait de finir son tour, juste à temps pour commencer sa journée de travail aux champs. Même s’il n’était chez les faucheurs que depuis peu de temps, il s’était vite habitué au rythme de la vie ici. Comme à son habitude, il s’était mis un peu en retrait, pendant que Déméter donnait ses instructions sur le travail de la journée. Elle finissait toujours par donner un sachet de graines à chacun, après avoir indiqué à tous le secteur qui leur était attribué. Sauf que cette fois, le prénom du jeune homme n’avait pas été prononcé et beaucoup de choses étaient passés par sa tête, dont un possible rejet du camp. Il s’était donc avancé vers la déesse pour en savoir plus, mais elle l’accueillit comme tous les jours, un large sourire chaleureux aux lèvres. Elle lui donna un sachet de graines, avant de lui annoncer qu’il ne travaillerait pas aux champs aujourd’hui, mais qu’il partait pour sa première mission de ravitaillement. Un peu perplexe, il demanda plus de précision, n’ayant jamais entendu parler de ces ravitaillements. Elle lui expliqua alors, qu’il devrait se rendre chez les chasseresses, au milieu de la forêt amazonienne, pour leur fournir quelques fruits et légumes. Elle avait fini son explication avec une légère tape sur l’épaule du jeune homme, qui s’était mis à rougir, un peu gêné, avant de prendre les trois sacs qu’il devait apporter.

Les sacs étaient plutôt lourds, mais permettaient de faire un bon entraînement musculaire, même s’il ne les portait pas en permanence, puisqu’il devait bien prendre des transports pour se rendre jusqu’en Amazonie. Une fois sur place, le jeune homme regarda la carte que lui avait fournie la déesse, cherchant à s’y repérer. La dernière fois qu’il était venu dans cette forêt, Niels était passé par le Brésil, alors forcément, en commençant par l’opposé, il avait beaucoup plus de mal à s’y retrouver. De plus, il ne pouvait pas croiser du monde pour demander son chemin, et surtout… il n’aurait pas osé le demander à quelqu’un. Alors, faisant de son mieux, l’américain avait décidé d’avancer le plus possible dans ce qu’il pensait être la bonne direction, essayant de voir le soleil aux travers du feuillage, pour se diriger. Après plusieurs heures de marche, la chaleur et le poids eut presque raison de lui, l’obligeant à s’arrêter un instant, en déposant son paquetage.

   
 

- Si j’avais su… je serai venu mieux préparé…

Le faucheur regarda sa carte, ainsi que sa boussole, essayant de trouver une solution. Il finit par baisser les bras en regardant l’heure sur son téléphone, voyant qu’il ne captait absolument rien.

   
 

- Je sais que je dois me rendre là… mais où suis-je ?

Après une grande inspiration, il installa ses sacs correctement, et s’installa un peu mieux. S’il ne pouvait rien faire pour le moment, autant qu’il se repose un peu plus, au cas où.


By Halloween

Il venait à peine de fermer les yeux, quand un mouvement suspect le fit réagir. Il ne le voyait pas encore, mais il entendait bien un déplacement, plutôt rapide même, mais pas assez pour être celui d’un jaguar. Pendant quelques secondes, le jeune homme chercha ses gantelets, mais n’eut pas le temps de les attraper, qu’une forme venant de derrière fondit sur le sol. En réalité, et il le comprit assez vite, la forme avait trébuchet à cause de l’un des sacs et n’était autre qu’une femme. Naturellement, il voulut tendre sa main pour l’aider, mais s’arrêta dans son mouvement, quand ses yeux croisèrent ceux de la chasseresse. Rapidement, il détourna le regard, un peu gêné par la situation.

Mais son cerveau, continuant de fonctionner, partait déjà sur d’autres choses. La première était que la jeune femme avait trébuchée à cause d’un des sacs, alors il espérait qu’un fruit ou légume ne soit abimé, car si c’était le cas, que pourrait-il lui arriver ? Déméter le renverrait-elle des faucheurs pour avoir ainsi rater sa première mission de livraison. Deuxième chose, est-ce que la jeune femme s’était fait mal, est-ce qu’il ne risquait pas de mettre la déesse de la chasse en colère, pour avoir blessé quelqu’un proche de son camp ?

   
 

- Pardon… je…

Ne sachant pas vraiment quoi faire, l’américain se contenta de se lever, regardant parfois en l’air en entendant les bruits d’un animal qui ne devrait pas être ici. Il posait à peine ses yeux sur l’inconnue, de peur de paraître malpoli ou autre chose. Il distingua rapidement une tenue sombre, des cheveux flamboyants et peut-être une arme, il n’en était pas sûr.

   
 

- Vraiment désolé… je dois me rendre chez Artémis…

Très peu bavard avec les gens qu’il ne connaissait pas, il n’en dit pas plus à la norvégienne. Il n’allait pas en plus de l’avoir fait tomber, lui dire qu’il s’était complètement perdu, simplement parce qu’il avait essayé de marcher tout droit en suivant la course du soleil, plutôt qu’en utilisant une boussole dès le début ou encore en utilisant un GPS. D’ailleurs, maintenant qu’il y pensait, est-ce qu’il pourrait changer d’abonnement téléphone pour capter en forêt ou même en mer ? Comme, peut-être un abonnement divin, du style qu’aurait pu créer le dieu Heimdall.
By Halloween

Le regard fuyant, le jeune homme un point d’ancrage pour paraître plus à l’aise qu’il ne l’était réellement. Il décida donc de poser ses yeux sur la carte qu’il venait de sortir. Il savait qu’il était dans la forêt, mais l’Amazonie était une vaste étendue, tellement vaste qu’on ne la connaissait pas encore complètement et que même un « expert » pouvait parfois s’y perdre. Mais les chasseresses étaient forcément différentes que de simples « experts », puisqu’elles y vivaient.

 

- Eh bien… je… je sais que je dois me rendre… ici… mais…

Il ne pouvait pas soutenir le regard de la jeune femme, pas en lui avouant qu’il avait été complètement stupide pour sa première mission et qu’il s’était perdu comme un débutant, même s’il n’était qu’un débutant au final. La révélation de la chasseresse le mina un peu plus, découvrant qu’il était bien plus loin que prévu du camp.

 

- Euh… oui… pardon… Niels… faucheur…

Le regard fuyant toujours, le jeune homme était plus focalisé sur les bruits ambiants que sur la chasseresse. Il comprenait maintenant qu’il avait fait une grave erreur en voulant se reposer ici, il aurait dû continuer encore un peu, mais en étant perdu, il n’avait pas vraiment d’autre endroit pour se reposer. En revanche, la proposition de Karen était appréciable, il pourrait se rendre au camp sans problème si elle l’y conduisait.

Soudain, les yeux de Niels se posèrent rapidement sur la jeune femme, quand elle prononça des paroles qu’il trouvait troublante. Elle venait de parler de « drague », comme si elle avait l’habitude de tomber sur des personnes plutôt mal intentionnées.

 

- Drag… non, non… jamais…

Les joues de l’américain était rouge, à la fois de honte et de gêne. Il n’avait jamais dragué personne de sa vie, il ne savait même pas comment les gens pouvaient faire pour draguer. Même s’il était capable de montrer une certaine assurance, actuellement il n’en avait aucune, tant les paroles lui paraissaient étranges.

 

- Je… veux bien de l’aide…

En écoutant ce qu’elle lui disait, il ne pouvait qu’être d’accord. Il n’avait pas vraiment l’habitude de la nature. Il connaissait la loi de la rue, mais la nature sauvage n’était pas pareil, elle ne permettait pas d’être si peu préparé.

 

- Tu… tu as raison… mais… je te fais confiance…

Niels n’était pas vraiment du genre à demander de l’aide normalement, il était bien trop timide pour ça, mais il n’avait pas le choix.

 

- Tu as l’air… de bien connaître le coin…

Le faucheur récupéra les différents sacs qu’il avait, se chargeant presque comme une mule. Si seulement il pouvait invoquer Ehwaz autant de temps qu’il le voulait, il n’aurait pas besoin de tout porter. Au final, le poids ne le dérangeait pas tant que ça, il avait déjà l’habitude de porter des objets lourds et volumineux, même si sa carrure ne le montrait pas forcément.

 

- Ce sont… des fruits et des légumes… Déméter en fait envoyer régulièrement à tous les camps… et…

Il se racla un peu la gorge avant de continuer.

 

- J’ai été désigné pour remplacer l’ancien livreur d’Artémis…

Son fardeau bien en place, Niels attendit ensuite que la jeune femme les conduise en un lieu plus sûr.
By Halloween

L’américain comprenait ce qu’elle voulait dire, par temps d’adaptation. Lui-même avait mis du temps à s’adapter à son nouveau chez lui, dans les champs de Déméter. En revanche, en voyant les immenses arbres qui les entouraient, il avait un peu de mal à s’imaginer l’adaptation qu’il fallait pour vivre ici. Il fallait renoncer à beaucoup de choses, du moins le supposait-il, contrairement à la ferme, où il avait pu y trouver un certain confort.

 

- Non… c’est euh… normal… c’est nous qui avons les champs…

A peine avait-il parlé, que la jeune femme s’approcha de lui. Il fit un effort, qu’il considéra surhumain, pour ne pas reculer. Elle avait décidée d’elle-même de l’aider dans sa tâche, en prenant l’un des sacs et lui permettre de porter moins lourd.

 

- Merci. Enfin… j’aurai pu le porter encore un moment…

Il avait pris l’habitude des journées chargées et longues, travaillant du lever au coucher du soleil, s’entraînant avant même les premiers rayons, même si le travail était un entraînement en lui-même. Mais voir quelqu’un voulant l’aider, quelqu’un qui n’était pas du même camp que lui, lui faisait plaisir. En silence, le faucheur se met à suivre l’héroïne, posant ses pieds où elle les posait, afin d’être sûr de ne pas avoir un mauvais appui.

 

- C’est… ma première livraison… mais je crois que… c’est assez régulier.

Même si la marche est rapide, le jeune homme tient le coup. Il était suffisamment reposé pour continuer à avancer pendant un moment, le contraire voudrait dire qu’il devrait reprendre son entraînement plus sérieusement. Comme si elle possédait une boussole interne, ou simplement parce qu’elle connaissait le coin, la chasseresse les guida vers un cours d’eau, qu’elle décida de remonter, ou peut-être descendre, le jeune homme ne pouvait pas vraiment le dire.

 

- Ne… ne t’inquiète pas. J’ai… j’ai connu pire…

La question qu’elle lui pose alors le prend un peu de court, il ne s’attendait pas à être interrogé ainsi et ne savait pas vraiment quoi répondre. Devait-il parler de son pays de naissance, des champs de Déméter ou de la dernière ville qu’il avait traversée avant de se perdre dans la forêt ? Après un moment, se disant qu’elle connaissait déjà son camp et qu’elle ne devait pas s’intéresser à la ville la plus proche, il opta pour répondre à la première option.

 

- Je suis né à…

L’américain marqua une pause, cherchant une bribe de mémoire un peu floue.

 

- New-York… je crois… je… Enfin les Etats-Unis, voilà…

Quand il voit enfin une petite grotte se dessiner devant eux, le faucheur est partagé entre la joie d’avoir un abri pour la nuit et la peur de devoir répondre à plus de questions. Mais aucune autre question ne vint pour le moment, le rassurant un peu, juste une demande, celle de leur chercher du bois. Il déposa ses sacs au fond de la grotte, espérant qu’aucune bête ne viendrait les déchirer pendant son absence, avant de lever les yeux vers le sommet des arbres. Le bois ne manquait clairement pas ici, mais le souci serait plutôt d’en trouver du sec pour allumer le feu et du moins sec pour tenir la nuit.

 

- D’accord, je… vais faire de mon mieux…

Il se dépêcha ensuite de chercher le bois qui allait leur servir pour la nuit, se demandant s’il avait de quoi l’allumer dans ses affaires. En revenant à la grotte, il rangea correctement le bois et commença à placer le sec pour l’allumer. Il fouilla ensuite dans ses poches, puis dans les sacs.

 

- Forcément, j’ai rien pour l’allumer… T’es un piètre héros Niels…

By Halloween

Le jeune homme fut surpris d’entendre la voix derrière lui. Il se stoppa net, se demandant si elle l’avait entendu ; mais vu qu’elle lui lança un briquet, elle l’avait forcément entendu et même s’il n’avait pas réagi, il aurait voulu se cacher dans un coin.

 

- M… merci

Maintenant qu’il avait un briquet, Niels pu allumer le feu. Pendant qu’il s’occupait de ça, il entendait la jeune femme couper ou déchiqueter quelque chose derrière lui. Le faucheur se doutait qu’elle était en train de s’occuper d’un animal, même s’il ne s’avait pas encore quelle bête avait été la proie de la chasseresse. Mais bien vite, il put savoir de quoi il s’agissait, quand elle lui demanda si ça lui dérangeait.

 

- Je… jamais mangé… je n’sais pas

Une fois le feu bien allumé, le jeune homme s’installa, le dos contre la paroi. Il avait fait en sorte de garder l’entrée de la grotte dans son champ de vision, afin de réagir rapidement en cas de besoin. Il s’était ensuite mis à sourire, en voyant sa camarade donner à manger à son aigle, comme s’il s’agissait d’un animal de compagnie normal. Mais rapidement, il voulut de nouveau se cacher, Karen posant ses yeux sur lui. Il sentit le rouge lui monter aux joues et aurait voulu fuir loin de cette forêt, et la question qu’elle lui posa n’arrangea rien.

 

- Non… non…

Le jeune homme cherchait quoi faire de ses mains, pour trouver quelque chose à faire et occuper une partie de son cerveau, afin de ne pas avoir la fuite comme seule option. Il allait devoir se confier, et comme souvent ça serait compliquer. Il la trouvait jolie, mais ça ne devait pas être le seul critère pour faire confiance aux gens. En revanche, son comportement avec son rapace en disant long sur elle, du moins une partie qui suffisait au faucheur.

 

- Je… fuis tout le monde. C’est… compliqué.

Après avoir mis un morceau de bois dans le feu, il laissa son regard se perdre dans les flammes, peut-être pour lui donner plus de courage.

 

- Mon pouvoir est une… malédiction. Alors pour le bien de tout le monde, celui des autres, comme le mien, je préfère rester loin des gens…

La voix de l’américain ne pouvait pas cacher la peine qu’il avait. Il aurait tellement voulu être normal, ne pas perdre la mémoire quand il utilisait son pouvoir, mais les dieux en avaient décidé autrement.

 

- Et… toi ? Tu as l’air… d’être tout aussi solitaire que moi.

By Halloween

Le jeune homme n’allait pas remettre les dires de Karen en cause, surtout qu’il ne connaissait absolument rien à la viande de reptile. A la limite, il avait bien entendu une fois que le serpent avait un goût de poulet, mais il n’avait aucune preuve actuelle pour valider cette information. En revanche, il pouvait valider la suite des paroles de la jeune femme. Lui aussi trouvait la vie plus simple en étant seul. Il ne connaissait réellement la vie en groupe que depuis peu de temps, et même s’il aimait le travail qu’il faisait dans les champs, il préférait largement sa solitude, parlant parfois seul, ou plutôt à des créatures qui ne lui répondraient jamais.

 

- J’ai… souvent été en groupe… mais j’étais toujours seul quand même…

Niels ne savait pas comment il pouvait expliquer sa solitude, surtout quand on est entouré de monde. Ses pensées n’eurent pas le temps de s’éparpiller trop longtemps, puisque la proximité de la jeune femme le fit rapidement revenir au présent. Devenant encore plus rouge, bougeant un peu d’inconfort, le faucheur n’avait toujours pas pris la fuite. La situation devenait gênante pour lui, même si la gentillesse de la chasseresse lui donnait vraiment envie de la connaître.

 

- D’accord, je… je vais t’aider.

Avant de commencer, le jeune homme vérifia que la branche qui servirait de broche n’était pas trop sale. Il n’avait pas peur d’attraper une maladie ou autre chose, mais ça permettait à son cerveau de penser à autre chose que celle qui se trouvait à côté de lui. Il put ensuite mettre le premier morceau de viande sur la pique, tout en écoutant sa camarade. Tout en travaillant, elle lui demanda pourquoi il parlait de malédiction. Il s’arrêta alors un instant, scrutant les flammes, comme pour y chercher du courage.

 

- Quand… quand j’utilise mon pouvoir, je… je perds une partie de ma mémoire. Seulement des petits fragments, mais morceau par morceau, elle s’envole…

Niels repris son travail, cherchant un exemple.

 

- Même si je sais que j’ai des parents… enfin, comme tout le monde… je n’ai plus de souvenir d’eux. Juste qu’ils ne s’occupaient pas de moi et… qu’ils possèdent une grande entreprise qui pollue la planète…

Même si ses paroles en auraient déprimés plus d’un, le jeune homme était en train de sourire.

 

- D’un côté, je me dis qu’Odin a bien sacrifié un œil pour la connaissance. Alors… je peux bien sacrifier un peu de mémoire.

Sa brochette terminée, il la plaça au-dessus des flammes, se demandant combien de temps le serpent devait cuir.

 

- Je… je n’ai pas envie de faire souffrir des gens. Alors… comme j’ai des chances de les oublier, je préfère ne pas m’attacher et… rester loin.

Le faucheur ne racontait pas souvent son histoire aux gens, mais il n’avait pas non plus envie de cacher des informations, surtout quand on lui demandait directement. Et puis, il se doutait qu’il y avait pire comme malédiction ou comme raison de s’isoler des autres.

 

- Et toi ? Tu préfères rester seule parce que… tu braques des banques ? Tu es une agent secret divine ?

Niels n’avait pu s’empêcher de sourire en disant ça, sachant lui-même que la raison était forcément différente.
By Halloween

Le jeune homme avait laissé un léger rire s’échapper. En effet, par rapport à d’autres, le prix à payer était énorme. Etait-il puni pour ceux qui n’avait pas suffisamment de contrainte ou son pouvoir n’était-il encore qu’à un stade embryonnaire ? Niels n’avait aucune réponse à ces questions et n’en n’aurait surement jamais, puisqu’il les oublierait surement rapidement. Ce qui était sûr pour le moment, était que le jeune homme était heureux de trouver quelqu’un qui connaissait sa référence Odin. Il n’était donc pas le seul du coin à connaître des dieux qui n’étaient pas grecques.

Le faucheur continua de l’écouter, lui jetant parfois des regards en coin. Lui qui avait tendance à observer, la proximité de la jeune femme ne l’aidait pas vraiment. Si elle avait été de l’autre côté du feu, il aurait pu la détailler un peu plus, mais en étant à côté d’elle, il avait vraiment du mal. De plus, une étrange curiosité le poussait à vouloir la regarder, encore plus depuis qu’elle avait prononcé le nom du père de toute chose.

 

- Je comprends, je suis plutôt dans l’ombre aussi…

Le sourire du jeune homme se fit doux d’un coup, quand elle lui demanda une précision sur ce qu’il avait dit sur Odin. Si elle faisait attention, elle verrait surement une petite étincelle dans les yeux de l’américain, malgré le fait que ses yeux étaient tatoués.

 

- Je… je suis né aux Etats-Unis, oui, mais mes parents viennent de Norvège. Et j’y ai encore de la famille, puisque seuls mes parents y sont partis.

S’il connaissait cette dernière information, c’était seulement parce que le jeune homme avait recherché sa famille en Norvège, avant de rejoindre les champs de Déméter. Une recherche qu’il avait pensée indispensable, pour son propre bien et aussi pour retrouver ses racines.

 

- Heureusement que je suis plus attaché à mes racines qu’à mes parents…

Le jeune homme se demandait s’il pouvait en révéler plus à la chasseresse, avant de se dire qu’il ne craignait rien, tant qu’il ne lui disait pas tout pour le moment.

 

- En fait, les aesir et les vanir m’ont sauvé la vie… en quelque sorte. Sans eux, je n’aurai surement aucun pouvoir et… je serai juste un type normal, avec une force un peu supérieure, qui traine dans les rues de New-York.

Le faucheur était resté vraiment très vague dans ses propos et tout en retournant une brochette, il redirigea la discussion vers la rouquine.

 

- Et toi ? Pourquoi tu connais les dieux nordiques ?

By Halloween

Le rouge gagna encore plus les joues du jeune homme, qui allait tout de même répondre à la question de la chasseresse. Pourtant, encore une fois, il devait ne pas trop en dire, du moins pour l’instant.

 

- Ils… ne m’ont pas littéralement sauvé. Disons plutôt, que si je ne m’intéressais pas à la mythologie nordique et aux runes, je n’aurai aucun pouvoir. Et sans pouvoir, je serai surement encore dans la rue…

Quand elle lui révéla qu’elle était elle-même nordique, Niels releva la tête, en la dévisageant. Il cliqua plusieurs fois des yeux, avant de laisser un léger sourire gêné sur ses lèvres. Il était heureux de rencontrer quelqu’un d’autre qui aimait la mythologie nordique. Et pendant un instant, il se demanda si c’était le hasard qui les avait fait se rencontrer ou bien les dieux eux-mêmes.

 

- Je suis d’accord. J’aime beaucoup dame Déméter, mais… si je pouvais servir Freyr à la place, je ne refuserais pas. Comme elle, il incarne la nature, mais je pense qu’il serait encore plus chaleureux, qu’importe la période de l’année. Alors qu’avec dame Déméter… j’ai peur de voir son comportement, quand viendra l’hiver…

Il n’avait jamais dit ça avant et n’avait pas l’intention de le dire aux autres faucheurs. Cette révélation devait rester secrète, comme une sorte de lien entre deux nordiques.

Voyant que Karen commençait à manger, le jeune homme décida d’en faire autant. Il souffla un peu sur la viande, pour la refroidir, avant de prendre une petite bouchée. Il garda le morceau pendant un moment, cherchant à analyser le goût, avant de l’avaler.

 

- C’est pas trop mauvais, même si… j’ai un peu perdu l’habitude de manger de la viande.

En entendant le valhalla sortir de la bouche de la jeune femme, Niels s’interrogea. Est-ce qu’il serait digne d’y aller ? Ou serait-il admit à folkvangr, avec Freyja ? Mais très vite, sa réflexion du s’estomper, quand la chasseresse enchaîna les questions, qu’il dû rapidement mémoriser, afin d’y répondre le plus précisément possible. Et en guise de première réponse, pour les excuses qu’elle lui fait, il lui fait un large sourire.

 

- J’y suis allé, une fois. J’ai pu trouver ma famille là-bas, du moins mes grands-parents et un oncle. Ils habitent Gjorvik, alors ce n’est pas vraiment la campagne. Mais c’était agréable d’y être, c’était… tellement plus propre et calme que New-York.

Niels reposa son regard dans les flammes, avant de reprendre.

 

- Je ne sais pas si je retournerai à Gjorvik, mais en Norvège… oui. Peut-être que… que je pourrais y vivre un jour. Ça serait tellement bien…

Les mots sonnaient comme s’il parlait d’un rêve sans espoir. Car pour lui, l’avenir était comme son passé, très flou. Soudainement, la timidité refait surface, alors que le faucheur se décida à poser une question à la jeune femme.

 

- Et… et toi ? D’où tu viens exactement ?

By Halloween

Niels chercha un peu ses mots, pour expliquer le plus clairement possible la situation dans laquelle il était avant de quitter New-York. Après un moment de réflexion, il se lança.

 

- Mes parents sont… riches, très riches même. Ils ont une entreprise qu’ils ont fait grandir très rapidement, en faisant des montres de luxes. Sauf qu’ils n’étaient jamais là pour s’occuper de moi, comme si j’étais seulement une petite case cachée pour valider une famille. Mais même comme ça, je les aimais beaucoup, jusqu’au jour où j’ai découvert ce qu’ils faisaient pour avoir leurs matériaux. De l’or, du platine, des diamants et tout ce qu’il y a de précieux… ils ont fait raser des forêts, des montagnes et des villages, juste pour devenir plus riche. Alors j’ai décidé de partir de chez eux… il me semble que j’avais quinze ans quand c’est arrivé. Je suis resté dans les rues de New-York pendant plusieurs années, sans même qu’ils cherchent réellement à me retrouver.

Le faucheur était le premier étonné, il venait de parler, beaucoup parler, à une jeune femme qu’il ne connaissait pas vraiment, qu’il venait juste de rencontrer. Mais, étrangement, ça lui avait fait du bien de se livrer ainsi, de se souvenir de quelque chose qu’il avait encore en mémoire. Par contre, ne lui demandait pas le om de l’entreprise, ni même les prénoms de ses parents, cela fait bien longtemps qu’il les avait oublié.

 

- Dame Déméter est comme une mère pour tout le monde, mais si ce que j’ai lu dans les livres est vrai, elle aurait toujours du mal à supporter l’absence de sa fille en hiver. Même si, par chance, l’hiver n’est plus aussi long maintenant.

Le nom de Skadi disait quelque chose au jeune homme. Il se souvenait d’une histoire de mariage et de beaux pieds, une histoire qui finissait plutôt mal.

Pendant que la jeune femme lui posait une nouvelle question, l’américain commença à mordre un nouveau morceau de viande. Il prit bien le temps de l’avaler, avant de lui répondre.

 

- Nous sommes avec des dieux de l’agriculture, il est plus simple pour nous d’avoir des légumes et des fruits. On a parfois de la viande, enfin d’après ce que les autres m’ont dit, mais c’est assez rare. Comme si… les dieux respectaient les principes des autres olympiens et leurs laissaient ça. La viande aux chasseurs, le poisson aux tsunamis. Enfin… je suppose…

Une fois terminée ses explications, le jeune homme pouvait de nouveau retourner dans son silence. Il ne comprenait pas, cherchant une réponse en regardant la jeune femme, comment arrivait-elle à le faire parler autant, lui qui gardait pourtant si facilement le silence. Mais puisqu’il n’avait aucune réponse, il préférait écouter les paroles de la chasseresse, désireux dans connaître plus sur la région de ses ancêtres. Il ne connaissait pas le fjord qu’elle lui décrivait, mais avait bien envie de s’y rendre et d’en découvrir ses paysages. Même la petite note de pluriel ne le fit pas réagir, tellement il avait envie d’en découvrir plus. S’il l’avait remarqué, on aurait pu être sûr qu’il serait de nouveau devenu rouge et qu’il aurait surement bafouillé un petit mot.

Sans savoir pourquoi, le rire de la jeune femme sonna comme une douce mélodie à ses oreilles. Elle était si proche de lui, magnifique créature qu’il n’aurait même pas imaginer en rêve, les cheveux ressemblant presque à des flammes, avec la lumière du feu qui venait s’y refléter. Mais très vite, sa rêverie s’envola, quand la conversation revint vers lui, vers ses tatouages, ses runes. Une nouvelle fois, il voulut se cacher, espérant qu’elle n’ait pas envie de tous les voir.

 

- Ceux qui sont visibles ne sont… presque rien. Mes vêtements cachent bien plus de tatouages, cachant les runes à l’intérieur. Un… un jour, un homme m’a dit que mon corps était une œuvre d’art. Mais pour moi, c’est juste un moyen de me cacher, d’éloigner les autres. Et en même temps, ça me permet de montrer qui je suis… à l’intérieur.

Sans dire un mot, Niels montra une rune sur son bras, ressemblant à un C, mais qui aurait un angle au lieu d’un arrondie. Aussitôt après, une forme étrange se mit à onduler sur son avant-bras, pour descendre sur le sol. Les contours de la créature étaient flous, comme si elle n’était pas réellement solide. Une fois qu’elle finit de quitter le bras de faucheur, elle disparut lentement, comme absorber par le sol. En faisant cette démonstration, il savait qu’il allait perdre quelques secondes de souvenirs, mais tant pis, il avait bien quelques fragments inutiles en réserve.

 

- Voilà comment ça fonctionne. Une rune pour un animal, toute gravé à jamais sur ma peau.

Le faucheur ne put retenir un léger sourire, heureux de pouvoir partager ça avec quelqu’un.
By Halloween

Le jeune homme avait acquiescé aux paroles de Karen. Son feu était lié aux dieux nordiques, pour lui il n’y avait aucun doute dessus. Bien sûr, il se sentait plus proche d’Odin, qui était le maître des runes et qui avait été le premier à en tirer de la magie, mais parmi les runes, il y avait aussi Thor, Hel et Freyr, alors il se sentait aussi proche d’eux. S’il avait eu le choix, le faucheur aurait aimé avoir un pouvoir différent, mais également lié aux runes, pouvoir en sortir de la magie, comme envoyer des éclairs avec la rune de Thor, mais les dieux en avaient décidés autrement.

 

- Merci…

Lui répondit-il en rougissant, quand elle venait de lui dire qu’il était unique.

 

- Mais… on est tous unique à notre façon… enfin je pense.

Les paroles de la chasseresse sonnèrent comme de la tristesse aux oreilles de Niels. Il ne savait pas vraiment comment l’expliquer, mais s’il avait eu beaucoup de mal au début, il s’était tellement habitué par la suite à être seul, qu’il n’avait plus ressentit le besoin de s’attacher aux autres. Du moins, jusqu’à ce qu’il s’installe à la ferme, avec les autres faucheurs.

 

- Je… j’apprends de nouveau à m’ouvrir aux autres. Les autres faucheurs, du moins ceux de dame Déméter, même à m’ouvrir au monde. Du moins, ils essaient de faire de leur mieux, mais j’ai tendance à vouloir rester à l’écart.

Niels avait soudainement sentit le regard de la jeune femme se poser sur lui. Encore une fois, il aurait voulu se cacher, fuir loin, mais une force le retenait, une force plus forte que son devoir de livraison. Il enregistra les interrogations qu’elle avait, même s’il les trouvait plutôt étranges, voir même personnelles. Avant de lui répondre, il la regarda de nouveau et… ses yeux croisèrent ceux de Karen, lui faisant ressentir un frisson étrange, qu’il n’arrivait pas à comprendre.

 

- Euh… je…

Il inspira grandement, avant de doucement expulser l’air de ses poumons, afin de se calmer un peu.

 

- Tous les jours, je prends des notes, sur ce que j’ai vu, ce que j’ai fait, afin d’avoir des traces qui ne partiront pas. J’ai ensuite un autre carnet, pour y marquer ça au propre, quand j’ai le temps. Je pense, quand faisant ça, je pourrais garder les choses importantes, même si je perdrais quand même les détails avec le temps. Et pour les personnes importantes, je fais pareil…

Le jeune homme sortie un vieux carnet usé et cornet d’une poche.

 

- Par exemple, je vais pouvoir marquer que j’ai goûté du serpent pour la première fois. Que j’ai rencontré une jeune femme…

Niels détourna alors le regard, préférant ne rien dire de plus. Il n’allait tout de même pas dire à haute voix, qu’il prévoyait de décrire un maximum la jeune femme, aussi bien sur son physique, que son comportement, ainsi que sur la sensation qu’elle lui laissait.

 

- Enfin… voilà, c’est ce que j’ai trouvé de mieux. Après, passer beaucoup de temps avec les autres me permet de me souvenir d’eux plus longtemps, enfin je suppose… parce que pour le moment, c’est surtout les vieux souvenirs qui disparaissent… du moins, si j’en crois le fait que je ne souviens de presque rien de mon enfance, seulement des sensations.

Il fit ensuite tourner la broche entre ses doigts, cherchant un autre sujet, afin de ne plus être aussi gêné. Même si, il s’en doutait, la conversation allait surement revenir vers lui à un moment.

 

- Ton… aigle… tu l’as depuis longtemps ? Parce que vous avez l’air de super bien vous entendre. Et… je me demandais… avoir un animal est une des conditions pour rejoindre le Artémis ?

By Halloween

Le faucheur écouta les quelques mots de la jeune femme. Il trouvait l’aigle magnifique, mais ne s’attendait pas à ce qu’il soit si vieux. Enfin, il n’avait pas vraiment d’idée sur la durée de vie des aigles, alors il ne pouvait pas vraiment juger, et puis peut-être que la proximité avec un héros permet à l’animal de vivre plus longtemps, ce qui expliquerait que certains les utilisent au combat.

En les voyants ainsi, Niels fut un peu jaloux de leur complicité. Même s’il n’avait pas vraiment de souvenir de son enfance, il était presque sûr de ne jamais avoir été aussi proche de quelqu’un. Un peu honteux de ressentir cette jalousie, le jeune homme baissa son regard, pour regarder les flammes.

 

- Ca doit être agréable, de toujours avoir un ami avec soi…

Il avait prononcé ces paroles à voix basse, espérant un peu qu’elle ne les ait pas entendues. Mais bien vite, sa jalousie laissa place à une certaine joie, presque comme un enfant, quand elle lui proposa de caresser l’animal. Alors, avec douceur, il approcha sa main du rapace, s’arrêtant à quelques centimètres.

 

- Puis-je te caresser Nazel ?

Ne recevant aucun coup de bec ou de serre, l’américain poursuivit son mouvement, laissant délicatement glisser ses doigts sur le plumage de l’oiseau.

 

- C’est… étrange. Les plumes paraissent si fragiles, mais je ressens en même temps la force de sa musculature.

En voulant baisser sa main, le jeune homme toucha accidentellement le bras de Karen, même si ce n’était qu’un effleurement. Le rouge revint alors sur ses joues, sans pour autant sortir un mot, cherchant ainsi à faire comme si rien ne s’était passé.

 

- Comme… comme la première manifestation de mon pouvoir était un corbeau, je me suis toujours demandé comment ils voyaient le monde.

Le regard du faucheur passait de l’aigle à la jeune femme, puis de la jeune femme à l’aigle. Que ce soit l’un ou l’autre, il avait une grande admiration pour les deux. Et pour la première fois de sa vie, il n’avait pas envie de fuir une personne, il voulait rester au près d’elle, pour la connaître mieux.

 

- Hum… j’ai vu que tu avais une épée. C’est… ta spécialité ?

By Halloween

 

- Eh bien, en fait… la rune d’Odin fait apparaître un loup. Comme les deux loups qui le servent. Même si, il est vrai qu’elle aurait pu prendre l’apparence d’un corbeau, pour ses messagers. Mais non, le corbeau est eiwaz, la rune de la mort.

Il garda le silence, gardant l’explication pour plus tard, si la jeune femme voulait en connaître plus. Et puis, il n’avait pas vraiment le temps de lui en dire plus, puisqu’il avait enchaîné sur un autre sujet, qui intéressait tout autant la chasseresse. Mais très vite, la conversation revint vers lui, bien trop vite à son goût d’ailleurs.

 

- Je n’aime pas non plus les armes à feu. Je suis plutôt du genre à dire que n’importe qui peut tuer quelqu’un avec, alors qu’il faut des années d’entraînements avec une arme blanche, par exemple.

La suite était un peu plus compliquée à répondre. Il savait, via ses notes, qu’il n’était pas un pur pacifiste. Il avait déjà utilisé des moyens… explosifs, pour faire ce qu’il pensait juste.

 

- Je… ne suis pas quelqu’un de bien… même si mon nom n’apparaît pas, je suis classé comme terroriste ou saboteur. J’ai détruit des sites de forages qui appartenaient à mes parents. En revanche, je ne sais pas s’il y a eu des morts, mais quelque chose me dit que mon pouvoir l’effacerait pour me protéger.

Niels avait baissé la tête, un peu honteux de ce qu’il avait fait avant de rejoindre Déméter. Il n’était pas fier de lui, même s’il le faisait pour une bonne cause. En revanche, il savait qu’il serait prêt à recommencer, s’il pouvait sauver la planète ainsi. Mais très vite, il releva la tête, la question suivante de Karen le faisant réagir.

 

- Non… mais j’aimerai beaucoup en avoir un. Je me dis que… je me sentirais surement moins seul avec un animal… un ami… j’aurai quelqu’un avec qui parler, sans avoir peur de gaffer ou autre. Mais…

Il se mit à rire doucement, trouvant que c’était une bonne blague.

 

- Tu imagines si j’oubliais de le nourrir ?

Il détacha ensuite ses gantelets de sa ceinture, pour les poser devant lui.

 

- Sinon, pour les armes, j’utilise ça. Je n’ai pas appris à me défendre avec des armes, seulement avec mes poings, alors j’ai pensé que ça serait une bonne chose. Même si… j’adore beaucoup les griffes au bout des doigts, ça me permet de frapper en cherchant plus à couper, que juste cogner. Enfin… c’est seulement le poteau d’entraînement qui y a droit pour le moment.

Le faucheur regarda un moment les gantelets, avant de les placer devant la jeune femme.

 

- Tu veux les essayer ? Je suis sûr qu’ils vont bien avec ta tenue.

By Halloween

Le jeune homme ne pouvait qu’admettre qu’elle avait raison, les snipers devaient apprendre à gérer leur souffle et les battements de leur cœur, prévoir les déplacements de la cible et la vitesse du vent. Alors oui, pour eux il y avait besoin d’entraînement, même si aux yeux de l’américain, leur arme était celle d’un lâche, qui peut se permettre de ne pas regarder la mort de ses victimes en face. Finalement, la jeune femme laisse un commentaire sur les actions du faucheur. Même s’il n’a pas de souvenir exact de ce qu’il a fait, entendre quelqu’un lui dire que ce n’était pas une mauvaise chose, le rassuré un peu.

 

- Merci

Quand elle parla de compagnons, Niels ne pouvait que se dire qu’elle aimait grandement les animaux. Sa façon d’en parler le montrait assez facilement, car comme lui, elle parlait un peu plus quand le sujet l’intéressait grandement. Elle parla également de ce qu’elle ferait si elle devenait amnésique, disant qu’elle aurait Nazel avec elle et qu’elle savait que le lien qui les unissait serait toujours présent.

 

- Si ça arrive, Nazel n’aura qu’à te conduire jusqu’à moi… enfin…

Il se sentit un peu gêné de dire ça.

 

- Parce que je connais cette sensation et que je pourrais t’aider…

Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour accepter les gantelets du faucheur. Comme une experte en armes, elle voyait déjà les différentes façons de les manier, les possibilités qu’elle aurait en combat. Karen avait bien plus d’expérience que lui dans ce domaine et ne pouvait que la regarder, admiratif. Il s’était même mis à sourire en la voyant faire, se demandant pourquoi il la trouvait si belle ainsi. Peut-être parce qu’elle était un peu la représentation de Skadi à ses yeux, en un peu moins géante des glaces.

 

- Je… je n’ai pas pensé à une lame… et puis ça doit être dur de prendre les monstres par surprise…

Fidèle à lui-même, le jeune homme n’avait pas pensé autrement qu’en tuant des monstres, seul chose qu’il se savait capable de faire sans culpabiliser.

Très vite après lui avoir rendu ses gantelets, la jeune femme se réinstalla et posa une nouvelle question à l’américain. Il se mit alors à réfléchir, car il n’avait pas vraiment eu de contrôle sur son pouvoir, se manifestant ainsi sans qu’il ne puisse choisir la forme qu’il prendrait. Mais, en cherchant bien, il trouva une réponse un peu logique.

 

- Si je ne me trompe pas, pour les nordiques, les corbeaux sont les animaux venant après la bataille. Ils viennent pour dévorer les corps laissés sur place, ceux qui ne rejoindront pas la halle des morts. Je suppose donc, qu’ils sont comme les envoyés de Hel, du moins pour les autres, par pour les deux corbeaux d’Odin.

Même après avoir répondu, le faucheur paraissait songeur. Il ne s’était jamais posé la question, surtout que certaines formes n’avaient rien avoir avec les nordiques. Se disant qu’il n’en savait pas encore assez, malgré les lectures qu’il avait enchaînées, il leva son regard sa camarade, les yeux un peu brillant.

 

- Tu penses que… tu pourrais m’en apprendre plus sur la mythologie nordique ? Je… je veux tout connaître.

By Halloween